Gestion du CUSM : Québec n'exclut pas une intervention « costaude »

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Corruption généralisée

Le gouvernement du Québec, qui craint des dérapages financiers susceptibles d'avoir un impact significatif sur l'ensemble du réseau de la santé, a un plan pour intervenir de façon musclée dans la gestion du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) si le rapport des vérificateurs d'élite qu'il y a récemment dépêchés, attendu la semaine prochaine, met au jour des lacunes administratives ou des fraudes majeures.
Selon nos sources, le ministère de la Santé ne veut pas présumer l'existence de tels problèmes, mais il souhaite être prêt à prendre les choses en main si cela est nécessaire.
«Des articles dans la loi permettent au Ministère d'intervenir quand une situation se dégrade. Si la situation qui est présentée n'est pas correcte, il y aura intervention costaude», confirme une source bien au courant du dossier.
Selon ce qu'a appris La Presse, des discussions ont eu lieu dès juin dernier entre certains intervenants du Ministère, de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal et du CUSM. À Québec, certains fonctionnaires craignaient que les déficits dans la gestion des activités du CUSM puissent mener à «un mur». On craignait même qu'ils puissent représenter un danger pour l'équilibre du budget de la Santé, qui accapare environ la moitié du budget du Québec.
Une équipe spéciale a donc été mandatée par le ministère pour passer au peigne fin les livres de l'institution. L'équipe est constituée de trois comptables spécialisés, sous la direction du Dr Michel Baron, ancien président-directeur général de l'Agence de la santé et des services sociaux de l'Estrie et ex-doyen de la Faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke. Ils doivent s'assurer que l'établissement n'a été victime ni de lacunes administratives ni de fraude délibérée.
Leur mandat est d'étudier la gestion financière et la gouvernance du CUSM, et non pas le contrat de construction et de gestion du nouvel immeuble, sur lequel enquête déjà l'escouade Marteau. Le budget de fonctionnement du centre hospitalier avoisine le milliard de dollars par année.
Les vérificateurs travaillent depuis septembre. Ils se sont notamment penchés sur les transactions immobilières du CUSM, incluant l'achat de l'édifice situé au 1750, avenue Cedar.
Selon une enquête de The Gazette, le CUSM, en 2010, sous la direction de l'ancien directeur général Arthur Porter, a acheté secrètement du promoteur immobilier Vincent Chiara ce bâtiment de quatre étages, adjacent à l'Hôpital général de Montréal. Toutefois, le CUSM n'a pas obtenu les autorisations nécessaires au changement de zonage, et le centre hospitalier s'est trouvé pris avec un immeuble inutilisable. L'établissement n'a pas voulu préciser au quotidien anglophone la somme déboursée pour la complexe transaction immobilière.
Nombreuses controverses
Arthur Porter a été éclaboussé par plusieurs controverses depuis. Il est ciblé par l'enquête de l'escouade Marteau à propos de paiements douteux liés à l'obtention du contrat de construction du nouveau CUSM par SNC-Lavalin.
Le CUSM est aussi poursuivi devant les tribunaux, car il refuse de payer les 425 000$ que Porter a fait miroiter à son ancien bras droit lorsque celui-ci est devenu consultant privé en santé. L'Université McGill poursuit aussi l'ancien directeur général du CUSM, qui aurait omis de lui rembourser plus de 300 000$ depuis qu'il a quitté son poste.
Dans un autre dossier, la Sûreté du Québec enquête sur des allégations de fraude visant l'ancienne directrice des ressources humaines, soupçonnée d'avoir falsifié ses allocations de dépenses pendant 10 ans.
Les vérificateurs du Minis-tère doivent normalement remettre leur rapport d'ici la fin de la semaine prochaine.
Au CUSM, la direction se fait rassurante.
«C'est le CUSM qui a demandé au Ministère de mettre sur pied un comité de travail qui regarderait en quelque sorte la problématique de la complexité des soins qu'un centre comme le CUSM livre à la population et l'impact budgétaire de ces soins», explique le porte-parole Richard Fahey.
Dans les officines gouvernementales, on réplique toutefois que l'administration du CUSM avait été prévenue que la vérification aurait lieu de toute façon, qu'elle le demande ou non.


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