​Gafam : les chiffres qui montrent leur domination implacable à Wall Street

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Les oligarques californiens s'enrichissent durant la crise économique

Dans l’histoire du capitalisme, la période actuelle pourra assurément être définie comme l’ère des géants du numérique. Les Microsoft, Apple, Amazon, Google, Facebook et autres Netflix prennent un poids financier jamais vu, détaille dans une note publiée ce mardi 5 mai John Plassard, spécialiste en investissement de la société de gestion Mirabaud.


Il cite un graphique (voir ci-dessous) publié par Bank of America le 18 avril qui montre que les cinq entreprises technologiques Microsoft, Apple, Amazon, Alphabet (Google) et Facebook pèsent désormais 22% du S&P 500, l'indice phare de la bourse américaine. Ce qui "dépasse largement le record atteint lors de la bulle internet" de l'an 2000 "de 18,5% avec Microsoft, General Electric, Cisco, Intel et Walmart".



Il faut dire qu’en 2019, Wall Street a atteint des sommets. Et les cinq géants du numérique ont été "les premiers à profiter de ce marché haussier record, les investisseurs misant sur une croissance supérieure à leurs pairs et une part de marché dominante dans leurs secteurs respectifs". Les Gafam ont ainsi "été les plus grands contributeurs aux gains historiques du marché l'année dernière et la tendance ne montre aucun signe d'arrêt en 2020".


Par exemple, "Apple et Microsoft, qui ont fait des bonds respectifs de 86% et 55% en 2019, ont représenté ensemble près de 15% de la progression de S&P 500 l'année dernière. Aucun autre titre ne peut s’en targuer". Enfin, et c’est la comparaison la plus marquante : depuis le début de l’année, nonobstant la crise du coronavirus, les cinq titres sont en hausse de 10%, alors que les 495 autres valeurs du S&P 500 baissent de 13% en moyenne.


Autre moyen de constater la domination absolue des géants du numérique : la création de valeur boursière. En ajoutant Netflix, "six entreprises américaines représentent 27,2 % de toute la création de valeur du S&P 500 au cours des six dernières années". Une folie ! Depuis le premier trimestre 2014, la capitalisation boursière d’Amazon a augmenté de 1.039 milliards de dollars, celle de Microsoft de 988 milliards, Apple 740 milliards, Google 493 milliards, Facebook 351 milliards, et Netflix 170 milliards d’euros. Au total, la capitalisation boursière cumulée de ses six géants atteint environ 5.300 milliards d’euros, soit près de quatre fois le CAC 40 français...


La hausse en bourse du jeune Netflix a été similaire à celle de la plus puissante des banques américaines.


Netflix paraît toutefois en retrait par rapport aux cinq autres géants, avec une progression de sa capitalisation boursière de "seulement" 170 milliards de dollars en six ans. Cependant en y regardant de plus près, on remarque que c’est exactement le gain de la banque JP Morgan au S&P 500 pendant la même période. Autrement dit, la hausse en bourse du jeune Netflix a été similaire à celle de la plus puissante des banques américaines. Pour John Plassard, cette constatation "est fondamentale, car elle montre qu’il ne faut pas sous-estimer la nouvelle économie qui peut prendre le pas sur l’économie mature de plus grande taille et pourtant bien gérée".


Reste une question : cette domination incontestable des géants du numérique sur l’économie américaine va-t-elle se poursuivre dans les prochaines années ? Il y a de forte chances, selon John Plassard, car la plupart de ses grandes sociétés du numérique "ne sont pas encore des sociétés matures (telles Facebook ou encore Netflix) comme peuvent l’être celles de l’ancienne économie". Elles ont donc encore un potentiel de hausse.


Au reste, si ce ne sont pas ces six géants qui alimenteront la création de valeur sur les marchés financiers, ce seront d'autres sociétés du même secteur. Il y a en effet une forte probabilité que la croissance à venir "provienne de nouvelles entreprises (comme le nombre important d'introductions en bourse actuellement en cours) ou de sociétés technologiques déjà existantes", estime le spécialiste en investissement. Alors que le pouvoir politique nous promet un retour à plus d'humain en ces temps de crise du coronavirus, l’économie mondiale, elle, mise sur le virtuel !