Franc-parler

Faire campagne pour le Québec même

Ouf!… Plus que l’accolade Charest-Accurso, j’ai « Le Jardin de Charlottetown » à travers la gorge depuis trois jours… Le « Jardin de Charlottetown à Québec »! Et ses aléas…
Quelle provocation que ces « célébrations » du 150e des « Conférences » ayant mené à la Confédération de 1867. L’art d’étirer le plaisir de Sephen Harper de 2014 à 2017. Avec le dévoilement de la statue de SIR Étienne-Pascal Tâché*, vendredi, et l’hommage, samedi, à SIR George-Étienne Cartier**, « Son of Québec, father of Canada », pouvait-on lire, – in english only – derrière Stephen Harper, à RDI. Quand on ajoute à ces mascarades et à cette « main tendue » de Philippe Couillard pour signer la Constitution canadienne – même s’il s’en défend ensuite – quand on y ajoute le fait qu’avec sa bande, il soit en train de déconstruire le Québec, de le ratatiner, de le nier à l’international et de l’offrir en pâture, cela nous confirme clairement que son pays à lui, et sa priorité, c’est le Canada. On y reviendra à cet obsessif « nation-building canadian » de Harper, aux dépens de l’Histoire et avec la complicité des Couillard et des Labeaume.
Mais pour l’instant, et pour cause, quitte à faire du « coq-à-l’âne », il semble plus urgent de reprendre là où nous avions laissé en juin, alors que nous dénoncions cet autre volet de notre dépendance, la montée du franglais au Québec. Il s’installe, ce langage ambivalent, entre autres grâce à la vogue qu’il connaît à Montréal. Caprice du Plateau, les « bobos », « bon chic, bon genre » s’en délectent. « You’re gonna rire » serine Sugar Sammy, et nous voilà « game » « to laugh avec lui » . C’est si « cool » de rire ainsi de soi, que ce soit avec Harper, Couillard ou Sugar Sammy!
Grave fléchissement pour nous que le retour de ce détestable franglais, symptôme de nos concessions et de nos aliénations. Il était là dans les années 50, résultat de notre statut de conquis. Dans mon patelin, on enfilait alors son « coat », on chaussait ses « overshoes », on mangeait des « french fries » ou l’on croquait des « candies ». Et on trouvait bien des affaires « cute ». L’effort de redressement des années soixante-dix fut ardent, sous la belle consigne scolaire : « Mon français, je le parle par cœur », plus élégante que « Mon français je le watch », et qui voulait dire : « Ma langue maternelle, je décide de l’aimer, je la soigne… ».
Mais nous revoilà au même point, résultat de notre reddition devant l’invasion, cette fois mondiale, du même conquérant. Avec la bénédiction des bien-pensant, qui ont décrété que le « français se die » et que le « franglais » est le signe d’une évolution; d’un heureux métissage linguistique et culturel…*** Sous le sourire béat… du Ministre de l’Éducation.
Au fond, ce titulaire actuel du « Ministère de notre avenir » s’il en est un, est bien choisi pour illustrer nos aberrations. Il est à la « mesure de »… disons-le à sa manière, histoire de tourner notre langue à l’anglaise. Et il a été « choisi pour »… La semaine dernière, Boucar Diouf affirmait qu’Yves Bolduc est ministre de l’Éducation par défaut, résultat d’un lâche – et innocent ? – geste de consolation de son chef. Un retour d’ascenseur ? Comme envers Harper, pour cette signature de la Constitution ? Qui sait ?
Heureusement, cet été a vu l’entrée en scène de Mario Beaulieu, l’indépendantiste, et la perspective d’un « possible », avec un Bloc libéré de ses fantômes. Et rajeuni. Récemment – le 26 août – le président du MNQ, Gilles Laporte, suggérait au PQ – avec audace – de différer le choix de son chef jusqu’après le résultat des élections fédérales d’octobre 2015.**** Si, de fait, nous nous rangions vaillamment derrière ce nouveau Bloc, au grand dam des oiseaux de malheur, cette période électorale fédérale déjà entamée pourrait s’avérer un « véritable test » pour une option indépendantiste sans timidité. Les résultats révéleraient, dans ce contexte constitutionnel maintenant inévitable, ce que les QuébécoisEs ont dans le ventre – ou dans les reins, siège du courage – quand on leur tient un franc-parler de rupture avec le Canada. Peut-être ce franc-parler est-il souhaité; peut-être ne l’est-il pas. Avec la position claire de Mario Beaulieu, nous le saurons. Et alors, les aspirant.es-chefs du PQ pourraient ensuite s’inspirer de ce signal pour se situer, et les partisan.es pour faire leur choix. La proposition n’est pas farfelue… Évidemment, elle n’a guère été relevée, les aspirant.es semblant si pressé.es, mais peut-être aussi parce qu’elle n’a pas été judicieusement considérée.
Quoi qu’il en soit, oui, c’est un « beau risque » – dans le sens de celui dont nous parle Colette Beauchamp dans Point de vue - que celui de ce Bloc à reconduire à Ottawa. Mais c’est aussi une occasion de nous rassembler une bonne fois, sans doute pas une fois pour toutes, mais tous et toutes pour une fois. Pour voir…
Dans l’intérêt du Canada, les conservateurs, « Lieutenant Lebel » en tête, sont déjà en campagne au Québec, Mulcair aussi, Trudeau aussi. Beaulieu, lui, y fait déjà campagne, pour le Québec lui-même. Emboîtons le pas. 2015 est une année à investir de nos ardeurs souveraines, toutes énergies confondues, de mères/pères en fils/filles et en nouveaux-venu.es. En filiation… Et en affiliation.
Nicole Hébert


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