(Ottawa) La discipline de fer dont a fait preuve le gouvernement Harper pour assainir les finances publiques depuis quatre ans fait rêver les dirigeants de plusieurs pays. Alors que le gouvernement fédéral est sur le point de rétablir l'équilibre budgétaire, on cogne de plus en plus souvent aux portes du ministère des Finances à Ottawa afin de connaître la recette qui a permis de mettre fin à l'écriture à l'encre rouge.
Selon des informations obtenues par La Presse, des délégations de 12 pays de l'Europe, de l'Asie et de l'Afrique ont rendu visite aux mandarins du ministère des Finances au cours des sept derniers mois afin de s'enquérir du plan d'action qui a été mis en oeuvre pour s'extirper de l'ornière des déficits.
Des délégations de cinq autres pays sont attendues au siège social du ministère au cours des trois prochains mois pour prendre des notes et appliquer dans leur pays certaines mesures qui leur permettront de mettre de l'ordre dans les finances publiques.
Après sept ans d'encre rouge - dont un déficit record de 55,6 milliards de dollars en 2009-2010 encaissé pour relancer l'économie canadienne dans la foulée de la récession mondiale de 2008 - le gouvernement Harper prévoit enregistrer un premier surplus oscillant autour des 6,5 milliards de dollars en 2015-2016. Il compte utiliser une bonne partie de ce premier excédent pour réduire le fardeau fiscal des contribuables.
«Nous sommes sur le point de récolter les fruits de notre discipline. Et il y a un certain nombre de pays qui en prennent bonne note. Mais pour être en mesure de donner des conseils aux autres, il faut évidemment mettre de l'ordre dans nos propres finances», a affirmé Melissa Lantsman, la directrice des communications du ministre des Finances Joe Oliver.
Elle n'a toutefois pas voulu dévoiler la liste des pays qui ont envoyé une délégation à Ottawa pour des raisons de confidentialité.
Contrôler les dépenses
Le gouvernement conservateur a imposé une série de mesures de contrôle des dépenses de fonctionnement dès 2010 dans le but de rétablir l'équilibre budgétaire à moyen terme. Sans ces mesures, le déficit friserait les 20,7 milliards de dollars en 2014-2015 au lieu d'un léger déficit de 2,9 milliards de dollars contenu dans le dernier budget. Les mesures de réduction de dépenses auront donc permis de dégager des économies annuelles de 19 milliards de dollars d'ici 2015-2016 [La dette accumulée s'élève quant à elle à 614 milliards en 2013-2014].
Les conservateurs se targuent d'avoir réussi à éliminer le déficit fédéral en faisant le ménage des finances à Ottawa au lieu de couper dans les transferts aux provinces et sans augmenter les impôts des contribuables ou des entreprises. Ils estiment qu'il s'agit là d'un tour de force qui leur permettra de convaincre les électeurs de leur confier un autre mandat aux prochaines élections prévues en octobre 2015.
«Dans les faits, nous avons augmenté les transferts aux provinces pour les programmes sociaux comme l'éducation et la santé», a dit Mme Lantsman.
Ils soulignent aussi que leur politique fiscale visant à maintenir un taux d'imposition bas pour les entreprises favorisera les investissements étrangers et soutiendra la croissance de l'économie à long terme. Sans compter que l'élimination de la paperasse bureaucratique allège la tâche du secteur privé.
Enfin, on croit que la conclusion d'accords de libre-échange avec des partenaires comme l'Union européenne aura d'importances retombées économiques au même titre que l'ALENA.
Une autre façon de faire sous les libéraux
Dans le milieu des années 90, les libéraux de Jean Chrétien ont mené une lutte sans merci au déficit. Ils avaient alors éliminé 55 000 postes dans la fonction publique et réduit du tiers les paiements de transfert aux provinces. Certains pays, dont la France et le Japon, avaient aussi envoyé des délégations afin d'avoir des conseils du Canada en matière de lutte au déficit. Aux invités qu'il rencontrait, M. Chrétien avait notamment affirmé qu'il avait pu mener à bien cette lutte parce que la population canadienne réclamait un ménage des finances publiques et que les provinces, quand on leur coupe les vivres, «elles ne vont pas manifester dans les rues».
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