Fêtes du 375e de Montréal: Gilbert Rozon en position délicate

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Le party est terminé pour les professionnels de l'assiette au beurre

(Québec) Il n'est pas question pour le commissaire du 375e de Montréal, Gilbert Rozon, d'abandonner la gestion du Groupe Juste pour rire pendant l'organisation des festivités.
Comme ce fut le cas à Québec pour le 400e, l'enjeu des conflits d'intérêts a toutes les chances de faire surface dans la métropole avec les célébrations de 2017.
Au printemps 2012, quelques mois avant sa nomination, M. Rozon a commandé un rapport à l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques (IGOPP), dont Le Soleil a obtenu copie. Si le géant du milieu de l'humour au Québec a toutes les compétences requises, reconnaît l'IGOPP, il devrait néanmoins poser des gestes pour «rassurer l'opinion publique quant à l'utilisation des fonds publics». Le titulaire devra être irréprochable sur le plan éthique, peut-on lire.
«Il y a les rapports, et il y a le gros bon sens dans la vie», a nuancé M. Rozon au Soleil, lundi, depuis Paris.
Pour l'IGOPP, M. Rozon devrait «confier à des fiduciaires crédibles la gestion de tous ses intérêts privés durant les quatre années précédant l'événement de 2017». Une façon de démontrer qu'il travaille «exclusivement pour le bien commun». Il pourrait d'autre part toucher un salaire «raisonnable» avec un compte de frais.
«Mettre mon entreprise en fidéicommis, c'est peut-être la condamner à sa mort, plaide M. Rozon. Ce n'est pas une entreprise qui fabrique des tasses. [...] Je pourrais aller travailler pour le bien commun pendant deux ans et m'apercevoir que mon entreprise est tombée sur le dos.»
À titre de commissaire, M. Rozon n'est ni président, ni directeur général de l'organisation. Mais il détient l'un des six sièges du comité exécutif.
Autre règle de conduite suggérée par l'IGOPP : M. Rozon ne devrait pas participer aux décisions liées à la programmation, la sélection des artistes et la négociation des cachets puisqu'il «possède des intérêts dans une organisation représentant des artistes». Les activités du Groupe Juste pour rire gravitent autour de quatre axes : les festivals, les productions télévisuelles, les spectacles et la gestion d'artistes.
Le conseil d'administration sera vigilant, promet M. Rozon, qui ne voit pas comment il pourrait tirer profit indûment de la situation. «On peut pas le faire, soutient-il. Sérieusement, ce serait grossier et vulgaire. Ce serait gros comme un bateau. Ce serait un peu toton. Dans les faits, ça va probablement me désavantager. Mais je le savais au début. Je suis un grand garçon.»
Le commissaire, qui veut «redonner sa fierté» à Montréal, espère pouvoir disposer d'entre 150 et 200 millions $ pour les 12 mois de festivités en 2017. De l'argent public et privé.
Bonne structure de gouvernance
Lundi, le directeur général de l'IGOPP, Michel Nadeau, a indiqué qu'une bonne structure de gouvernance pourrait rassurer les Montréalais. L'humour devrait se frayer un chemin dans la programmation et le Groupe Juste pour rire apparaît incontournable. Autant la proportion d'humour dans le calendrier que les contrats devraient être indépendants du commissaire, dit-il. «On ne peut pas avoir M. Rozon commissaire qui négocie avec M. Rozon producteur», souligne M. Nadeau.
Il est vrai que le Groupe Juste pour rire courrait un risque sans M. Rozon à sa barre, convient le directeur général de l'IGOPP. Mais «ça, je regrette, il faut choisir, affirme M. Nadeau. On ne peut pas avoir deux agendas : celui de la business et du commissariat. La meilleure façon de ne pas faire mourir la business est de lui donner de gros contrats avec l'argent des contribuables...»
M. Rozon a déjà manifesté de l'intérêt pour la mairie de Montréal. Il a choisi de garder les rênes de son entreprise et de «redonner à sa communauté» avec le 375e. «Il s'agit d'un défi qui devra être relevé avec une grande rigueur et beaucoup de préparation, peut-on lire dans le rapport de l'IGOPP. Par contre, un grand succès pourrait couronner avec brio la carrière d'un gestionnaire dans l'opinion publique et donner une visibilité vers une fonction politique.»


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