Faire exploser les oreilles des bélugas

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Le progrès ne passe justement pas par le massacre de notre environnement

Plus on vieillit, et plus on pense qu’on a tout vu, que plus rien ne pourra nous surprendre. Et on se surprend toujours de découvrir plus grande bêtise encore que celle de la veille qui atteignait déjà des sommets insoupçonnés. C’est dans cet état d’esprit que je me sens depuis que j’ai appris que TransCanada s’apprête à faire des levés sismiques dans le Saint-Laurent, dans le secteur de Cacouna, en pleine période de reproduction du béluga.
Ça fait des décennies maintenant qu’on tente de réparer les dommages causés dans le Saint-Laurent, qu’on essaie de donner une seconde chance aux bélugas, espèce qui est toujours en voie d’extinction au moment d’écrire ces lignes (elle l’est probablement encore plus qu’hier considérant ce qu’on s’apprête à laisser faire dans le secteur de Cacouna). Il faut dire que l’humain en a lourd sur la conscience en ce qui concerne le béluga. Dans les années 1920, on l’accusait de voler les prises des pêcheurs (ce qui était faux). Pour régler le problème, le gouvernement finança des opérations d’extermination du béluga, accordant une prime de 15$ pour chaque carcasse rapportée. Des bombes étaient même utilisées afin de faire fuir les bélugas des sites de pêche. C’est ensuite la pollution qui décima la population de béluga, aussi appelé roi du Saint-Laurent.
Résultat: malgré bien des efforts, la population de bélugas peine à se redresser. Il n’en reste guère plus de 900 ou 1000 individus dans le Saint-Laurent, individus qui font la joie des observateurs de baleines à chaque retour de la belle saison.
Mais le pactole qu’ont déniché les opérateurs de Tadoussac et des Escoumins pourrait s’évanouir bien rapidement sous les coups répétés des foreurs de Saint-Laurent, des chercheurs de ressources pétrolières et gazières. Il faut savoir que les travaux que mènera TransCanada en fin de semaine auront des conséquences très néfastes sur les populations de cétacé du Saint-Laurent.
Par les levés sismiques notamment. Cette opération qui consiste à envoyer des jets d’air comprimé ou des ondes sonores puissantes vers les fonds marins afin d’en découvrir la composition a des impact très négatif sur l’environnement. Selon une Étude environnementale stratégique, les levés sismiques peuvent blesser et tuer les poissons possédant une vessie natatoire, détruire les oeufs et les larves et faire fuir les espèces d’un secteur donné. Dans le cas des baleines, elle perturberait leur système de communication. Et, considérant que ces travaux produisent des sons avoisinant les 230 décibels, les dommages aux oreilles des mammifères marins sont prévisibles.
Ou dit plus crûment: tout béluga (et autres mammifères marins) étant suffisamment près du bateau de TransCanada (moins d’un kilomètres) menant les levés sismiques verra ses oreilles exploser sous l’impact du bruit. Et un béluga sourd n’a aucune chance de survivre. C’est aussi simple que ça.
Tout ça pour le profit de sales actionnaires d’une compagnie étrangère qui vient chez nous détruire notre pays et celui de nos enfants.
Et sacrez-moi patience avec la création de la richesse. TransCanada et son horrible pipeline plein de merde ne créeront pas de richesse chez nous. Il n’en créera que pour les propriétaires et actionnaires de la compagnie. Nous, ti-casses de Québécois, nous n’assumerons que les risques que tout ça fait peser sur notre environnement.
Et ce ne sont certainement pas les quelques emplois créés ici qui pourront faire oublier l’impact néfaste qu’aura sur l’industrie touristique du Bas-du-Fleuve le terminal de Cacouna qui mesurera environ un kilomètre de long, et ce, sans compter les multiples réservoirs qui se retrouveront sur le bord de la route 132. Quel touriste aura le goût de sortir ses jumelles pour observer des pétroliers faire la file pour mieux dissimuler l’île verte? Ça aussi, messieurs les adeptes de la création de la richesse, vous devez le foutre sur votre calculette avant d’applaudir TransCanada à deux mains!
Ces quelques emplois ne feront pas davantage oublier l’impact néfaste qu’aura cette nouvelle activité industrielle à quelques pas du Parc marin du Saguenay. Quand les mammifères marins du coin auront à peu près tous fui la cacophonie de Gros-Cacouna et de son port pétrolier, comment s’en tirera l’industrie des baleines de Tadoussac et des Escoumins, industrie qui fait pratiquement vivre ces villages? Ça aussi, messieurs les adeptes de la création de la richesse, vous devez le foutre sur votre calculette avant d’applaudir TransCanada à deux mains!
Et quand le pipeline pétera (car il pétera, ce n’est que le moment où ça arrivera qui demeure encore inconnu) et qu’on devra dépenser des millions pour réparer tant bien que mal les sites souillés par TransCanada, quel impact cela aura sur le Trésor public? Pour la tragédie de Lac-Mégantic, le nettoyage très incomplet a déjà coûté 150 millions$, et ce, sans considérer le fait que l’économie locale a été réduite à peu près à néant. Une catastrophe du même type dans le cas de TransCanada aurait des impacts tout aussi néfastes sur l’économie du Québec. Ça aussi, messieurs les adeptes de la création de la richesse, vous devez le foutre sur votre calculette avant d’applaudir TransCanada à deux mains!
Le projet de TransCanada qui consiste à passer sur le corps du Québec et de ses bélugas pour mieux distribuer le pétrole le plus sale du monde, celui issu des sables bitumineux de l’Alberta, est criminel. Les laisser mener leur sale besogne l’est tout autant. Les Québécois ont le devoir de s’opposer à cette entreprise immonde. Nous avons le devoir de protéger notre pays de l’appétit vorace des actionnaires qui sont dopés au profit et qui accélèrent la marche du monde vers le mur. Nous avons l’obligation de les combattre, de les faire reculer en attendant de les vaincre une fois pour toutes.
Dimanche prochain, je serai à Cacouna pour manifester mon opposition à la sale entreprise de TransCanada. Dimanche prochain, j’espère vous y voir nombreux. Et si vous n’y êtes pas, trouvez quand même la façon appropriée pour vous de combattre les actionnaires de l’étranger qui n’en ont rien à foutre de saloper notre pays.
Tout ça démontre d’une autre façon ce qu’il en coûte d’être une nation soumise à une autre, d’être une nation qui doit subir les choix d’une autre. Cela me fait crier encore plus énergiquement: Vive l’indépendance! Et au plus sacrant!


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