Faire des affaires avec le diable

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Les Desmarais et l'État islamique : une histoire sordide

Vous avez suivi l’affaire de la cimenterie Lafarge, qui met la France dans tous ses états depuis quelques mois ?


C’est dégueulasse.


Afin de continuer à faire fonctionner son usine située dans le nord de la Syrie malgré la guerre civile qui mettait le pays à feu et à sang, la filière syrienne de Lafarge a versé près de 5,6 millions de dollars à diverses factions armées, dont les djihadistes de l’État islamique.


L’ARGENT N’A PAS D’ODEUR


Oui, oui, vous avez bien lu : l’État islamique, qui commandite des attentats terroristes aux quatre coins du globe, qui kidnappe et décapite des journalistes et des travailleurs humanitaires, et qui transforme des fillettes de 10 ans en esclaves sexuelles.


C’est le capitalisme dans tout ce qu’il a de plus odieux.


Les affaires sont les affaires. L’important est que l’argent continue de rentrer dans les caisses, quel que soit le prix humain à payer.


On se bouche le nez, on ferme les yeux et on serre la main du diable.


Qu’importe si les fous d’Allah que nous avons grassement payés utilisent cet argent pour attaquer la France (et même tuer des proches des patrons de Lafarge !).


Faut ce qu’il faut pour que la roue continue de tourner.


Ce n’est pas parce que la guerre déchire un pays et met le monde sens dessus dessous qu’il faut cesser de travailler.


Après tout, l’argent n’a pas d’odeur, non ?


Jusqu’à maintenant, rien n’indique que les administrateurs de Lafarge (dont le Québécois Paul Desmarais Jr.) étaient au courant de ces tractations.


Mais comme l’a écrit le journal Le Monde, « les policiers ne comprennent toujours pas pourquoi des informations concernant les risques encourus en Syrie n’ont jamais remonté la chaîne de décisions ».


Après tout, ce n’est pas une petite tractation... Six millions de dollars pour avoir la paix et continuer de faire des affaires en toute quiétude.


LA MONDIALISATION DU CRIME


Je suis en train de lire un essai extraordinaire : McMafia, du journaliste britannique Misha Glenny.


Un portrait terrifiant du crime organisé à l’heure de la globalisation.


Comme les multinationales, les grands groupes criminels collaborent maintenant entre eux. Ils échangent des services et allient leurs forces.


Des trafiquants de cigarettes du Monténégro font affaire avec des tueurs à gages des Balkans qui font affaire avec des trafiquants de drogues de Colombie qui font affaire avec des cyber criminels de Mumbai qui font affaire avec des terroristes du Moyen-Orient.


Et tous ces gens lavent leur argent aux Émirats arabes unis, au Canada ou en Suisse, avec l’aide d’entreprises privées légitimes et de grandes banques respectées.


LE MONDE EST UN BUSINESS


Selon Glenny, près de 20 % de tout l’argent qui circule sur la planète provient d’activités criminelles.


Nous avons beau nous tenir informés, nous n’avons aucune idée de ce qui se trame en coulisses.


Les frontières qui séparent le crime organisé, le monde politique et le grand capital sont de plus en plus poreuses.


La seule chose qui compte, c’est Money, Money, Money.


Tous ces gens-là sont unis par le même amour des billets verts.


Le monde est devenu un gros business. Et certains entrepreneurs sans foi ni loi sont prêts à tout pour continuer d’engranger des profits.