Faire de la peine au p’tit Jésus

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La folie des revendications minoritaires religieuses doit cesser


C’est l’histoire d’une grande tempête dans un bien petit verre d’eau. Eh oui. Encore la religion et l’État. Une obscure candidate du Parti conservateur du Canada, Chani Aryeh-Bain, s’est trouvé un moyen spectaculaire de faire parler d’elle. Elle demande au Directeur général des élections du Canada (DGEC) de repousser la date du scrutin du 21 octobre au 28. Rien de moins.


La raison ? Le 21 coïncide avec la fête juive Shemini Atseret. Ce jour-là, dit-elle, en tant que juive orthodoxe, « nous ne pouvons pas conduire d’auto, ni travailler, ni nous servir d’un téléphone ou d’un ordinateur, soit plusieurs choses devant être faites le jour d’une élection, mais que je ne pourrai pas faire ».


Le DGEC a refusé sa demande. Elle s’est tournée vers la Cour fédérale qui, ce mardi, rendait sa décision. On y lit noir sur blanc que la Cour ne demande pas au DGEC de changer la date du scrutin. Elle précise même qu’elle n’en a pas le pouvoir. Se basant sur la jurisprudence existante, la Cour demande plutôt au DGEC de mieux expliquer son refus. La différence est majeure.


Accommodement déraisonnable


Traduction : la Cour invite le DGEC à mieux prouver que son refus de changer la date du scrutin comprend bel et bien un juste « équilibre » entre les droits conférés par la Charte des droits et libertés et la Loi électorale du Canada. Considérant qu’au fédéral, il y a plusieurs façons légales de voter par anticipation – ou même durant la campagne électorale –, le DGEC pourra facilement faire la preuve d’un refus parfaitement justifié.


Aucun organisme juif canadien élargi n’appuie d’ailleurs la requête de Mme Aryeh-Bain. Sauf B’nai Brith, un regroupement connu pour ses positions intransigeantes. Il n’y a donc pas de grosse tempête politico-religieuse dans ce tout petit verre d’eau. Tout ce qu’on y trouve est une candidate conservatrice en quête de notoriété, une Cour fédérale demandant au DGEC d’expliquer sa décision et ce dernier qui le fera sûrement.


Royaume


Vues du Québec, autant de contorsions juridico-religieuses sur la date d’une élection paraissent être ridicules. D’autres y voient les effets pervers du multiculturalisme. Il y a sûrement un peu de tout ça. Cela dit, qu’on apprécie ou pas son geste, la candidate conservatrice a droit aux recours qu’elle a tentés.


La bonne nouvelle est qu’à moins d’un revirement majeur, la requête farfelue et non moins fort publicisée de Chani Aryeh-Bain ne sera pas accommodée. C’est une excellente chose. Quelle que soit la croyance religieuse, la date d’une élection ne doit jamais en dépendre. Une lectrice du Devoir rappelait d’ailleurs fort justement que le gouvernement Lesage avait convoqué des élections générales au Québec pour le 5 juin 1966.


Or, c’était un dimanche. Un tel choix a peut-être fait de la peine au p’tit Jésus, mais l’élection a quand même eu lieu. Les dieux, dit-on, ont leur royaume. La démocratie, fort heureusement, a le sien.


Sur ce, je prends quelques jours de repos. De retour le 6 août.