Face aux étudiants : un gouvernement en situation de faiblesse !

Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012

Bien qu’il gagne quelques points en exploitant d’une manière grossièrement démagogique certaines dérives amplement médiatisées du mouvement étudiant, le gouvernement se trouve actuellement dans une situation de grande faiblesse, voire dans un état de panique qu’il s’emploie maladroitement à dissimuler. D’où l’apparence d’ouverture qui s’est manifestée le lundi 16 avril.
En effet, le mouvement étudiant s’affirme d’une manière étonnante, avec force et détermination, dans l’offensive, de par sa mobilisation, et dans la résistance à un coup de force gouvernemental qui est globalement un échec.
Ce mardi 17 avril, une douzaine de Cégeps ont franchi le cap d’une trentaine de jours de classe de grève, la palme revenant au Cégep du Vieux Montréal avec 36 jours. Une autre douzaine de Cégeps en sont à 25 jours environ, et une demi-douzaine autour de 20 jours. La situation est plus complexe dans les universités, mais la mobilisation s’y poursuit dans nombre de programmes.
Si le mouvement étudiant a certaines responsabilités dans des actions qu’il serait malhonnête d’imputer aux organisations que sont la CLASSE, la FECQ et la FEUQ, c’est toujours le gouvernement en place qui est responsable du système scolaire québécois. À ce titre, l’observation des faits indique qu’il n’a pas atteint les compétences du programme … et son bulletin porte la mention “Échec”.
Cet échec du gouvernement est celui de la fermeture et de la démagogie, mais aussi celui d’une tentative de coup de force dans laquelle le gouvernement a démontré toute son impuissance, ainsi que sa perte totale de la maîtrise du terrain que constitue le réseau scolaire.
La tentative de coup de force gouvernemental passait par des ordres de retour en classe acheminés par des directions scolaires qui ont très majoritairement refusé d’obtempérer, par un appel de la Fédération des Cégeps qui est resté sans effet, par des décisions judiciaires contradictoires et en déficit de légitimité, et par l’utilisation à la fois politique, abusive et inefficace, des forces policières pour remplir des classes qui restent vides !
Conscient de sa défaite sur le terrain, le gouvernement tente une autre manœuvre en tendant un piège au mouvement étudiant : il fait semblant d’ouvrir une porte sur une discussion en laissant entendre qu’aucune proposition répondant adéquatement aux revendications étudiantes ne sera offerte, il tente de diviser le mouvement en mettant la CLASSE en situation d’exclusion, tout en se répandant en propos démagogiques sur une violence dont sa stratégie perverse est en bonne partie responsable.
Il reste au mouvement étudiant à désamorcer le piège gouvernemental, à maintenir une indispensable unité, à préserver son rapport de force sur le terrain … et peut-être à proposer un compromis qui pourrait être un moratoire sur le dégel des frais de scolarité jusqu’aux prochaines élections …
Pour l’ensemble des citoyens du Québec, à nous de manifester notre solidarité avec le mouvement étudiant, mais aussi de nous mobiliser pour désamorcer un autre piège qui pourrait être une élection prochaine dans laquelle le gouvernement Charest tenterait de “sauver sa peau” en aggravant le chaos qu’il a lui-même créé, et en prenant les étudiants comme “boucs émissaires” de la crise actuelle. Les partis d’opposition au chaos néolibéral auront la lourde responsabilité de ne pas offrir une tragique réélection d’un gouvernement antisocial en antinational, sur la base d’une défaite assurée par la division organisée et assumée du vote d’opposition. Plusieurs citoyens d’une mouvance bien connue pour son absence de lucidité préfèreraient la présence de Madame Françoise David dans une Assemblée nationale prise en otage par un gouvernement qui s’est enlisé dans la corruption, à un gouvernement réformiste servant les intérêts de la majorité de la population : ils doivent assumer leur complicité active avec le pouvoir auquel qu’ils prétendent s’opposer !
Après le 22 mars, le 22 avril (22avril.org, atquebec.org) s’annonce comme un autre moment fort du printemps québécois. N’oublions pas que parmi les déchets toxiques qui étouffent la planète et ses habitants, se trouvent des gouvernements antisociaux à Québec et à Ottawa, entre autres…
El pueblo unido …
Yves Claudé


Laissez un commentaire



1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    17 avril 2012

    Bien dit.
    Et jusque dans les détails.
    robert barberis-gervais