Enquête sur la construction - Dialogue de sourds à Québec

Enquête publique - un PM complice?



L'Assemblée nationale ajournait hier ses travaux dans un rare climat de tension. Les relations entre libéraux et péquistes ont perdu toute civilité. L'enjeu est la tenue d'une commission d'enquête sur le monde de la construction. Le sujet a été à l'ordre du jour de presque toutes les séances de l'automne sans que les positions changent d'un iota. Le gouvernement est ferme dans son refus de déclencher une telle enquête. Un véritable dialogue de sourds.
Il est remarquable de voir que le gouvernement est seul à avoir le pas dans cette affaire. Les maires de Québec et de Montréal, le conseil municipal de Montréal en entier, les procureurs de la Couronne, les syndicats de policiers réclament une telle enquête. L'ensemble des Québécois aussi, comme le montrent les sondages récents. Ce refus d'agir commence d'ailleurs à lui coûter. Même si le gouvernement fait bien par ailleurs dans des domaines tels l'environnement ou l'économie, le taux de satisfaction à son endroit est à la baisse. Depuis juin dernier, il est passé de 43 % à 34 %, selon le dernier sondage Le Devoir-Léger Marketing. À moins de se fermer les yeux, il y a le signe évident d'une perte de confiance envers le gouvernement Charest de la part d'une population que la corruption inquiète.
Le gouvernement Charest ne nie pas l'existence de problèmes de corruption dans le système d'octroi des contrats de construction. Il a pris des mesures pour accélérer les enquêtes policières et a proposé des mesures réglementaires et législatives pour resserrer l'adjudication des contrats. Cela est bien, mais insuffisant. Les policiers attraperont sans doute quelques bandits à qui on fera des procès. Mais leur travail ne permettra pas de comprendre à quel point et de quelle manière le système est perverti. Pour le comprendre, il faut retourner dans le passé, car ce n'est pas d'hier qu'il en est ainsi. Les corruptions et manipulations de toutes sortes, venues tant de l'appareil administratif que de l'appareil politique, ont corrompu et dénaturé le système d'appels d'offres publics. Pour le corriger, il faut un travail de fond, des enquêtes, de la recherche, une réflexion pour aboutir à des propositions de réforme. La réforme de ce système ne s'improvise pas. Il faut plus qu'un ou deux projets de loi rédigés à la va-vite comme ceux qui sont à l'étude à l'Assemblée nationale.
Que le gouvernement ait des hésitations à créer une enquête peut se comprendre. La chose est complexe, surtout pour la partie qui a trait à la chasse aux ripoux. Une commission ne peut accuser et condamner qui que ce soit. Il s'agit de bien en définir le mandat. Or le gouvernement Charest refuse de s'engager dans cette voie. Il refuse d'autant plus que le débat s'est polarisé, maintenant que le Parti québécois a vu qu'il avait gagné des points en tapant sur ce clou. S'il disait oui à une enquête, Jean Charest semblerait céder. Maintenant que l'Assemblée nationale a ajourné ses travaux, il faut souhaiter que le premier ministre prenne du recul. Une analyse froide du dossier devrait le convaincre de la nécessité de créer une telle enquête. De la nécessité, aussi, de redonner confiance aux Québécois en leur système politique.


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