En Suède, les responsables d'une mosquée veulent lancer l'appel à la prière

Accommodements ou Intégrisme - ailleurs dans le monde

Les représentants de la mosquée de Botkyrka, dans la banlieue sud de Stockholm, ont demandé l'autorisation de lancer l'appel à la prière du vendredi depuis leur minaret. "La commune ne s'en vante pas trop, pour ne pas faire de vagues, mais nous sommes assez certains que nous obtiendrons l'autorisation", dit Ismail Okur, président de l'association musulmane à Botkyrka, où dominent les ressortissants d'origine turque qui, jusqu'à récemment, constituaient la majorité des musulmans du pays.
La demande, antérieure au vote des Suisses lors du référendum d'initiative populaire du 29 novembre qui a interdit la construction des minarets, n'a éveillé l'attention des médias suédois que ces derniers jours. C'est la première fois qu'une telle demande est faite en Suède.
"Nous avons confiance en la Suède", déclare Ismail Okur. La mosquée de Botkyrka, inaugurée en 2007, dispose déjà d'un minaret, le plus haut des cinq construits en Suède, de 32 mètres de hauteur. Aujourd'hui, l'appel à la prière se fait uniquement à l'intérieur de la mosquée. "Pour nous, musulmans, l'appel à la prière est important, c'est une partie de notre culture."
Selon le Conseil musulman de Suède, six nouvelles mosquées avec minaret sont planifiées dans le royaume scandinave. Différents sondages publiés ces jours-ci indiquent qu'environ la moitié des Suédois sont favorables aux minarets tandis qu'un quart d'entre eux veulent les interdire. L'opposition la plus forte se trouve dans la région de Malmö, la métropole du sud du pays, où se concentre également une importante population immigrée.
En Suède, les réactions de condamnation du résultat du référendum suisse avaient été assez unanimes, à l'exception de celle du parti d'extrême droite Sverige Demokraterna ("Les Démocrates de Suède"), qui s'était félicité du choix suisse. "Les minarets sont l'un des symboles les plus explicites du multiculturalisme ainsi que de l'islamisation de l'Europe", avait déclaré son président, Jimmie Akesson. Il y a quelques mois, M. Akesson avait écrit dans une tribune publiée dans la presse que les musulmans représentaient, aujourd'hui, la plus grosse menace contre la société suédoise. Ce parti espère faire son entrée au Parlement suédois pour la première fois à l'automne 2010, ce qui semble plausible au vu des sondages de ces derniers mois.
Les responsables de la mosquée de Botkyrka ne sont toutefois pas très inquiets. Ils constatent que leur mosquée n'a jamais été menacée ni vandalisée. Et ils ont déclaré, dans le journal Dagens Nyheter, qu'ils ne trouvaient pas qu'un quart d'opposants aux minarets était un chiffre particulièrement préoccupant. "Nos membres pensent que la Suède est le meilleur pays d'Europe pour les musulmans", affirme M. Okur.
Le nombre de musulmans vivant en Suède se situe entre 100 000 et 350 000, selon les estimations, pour une population totale de neuf millions d'habitants. Selon l'islamologue Jan Hjärpe, les pratiquants ne représenteraient toutefois pas plus de 2 % des musulmans suédois, soit une proportion équivalente à celle des chrétiens pratiquants.
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Olivier Truc


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