En France, un peuple qui reconnaît le Québec

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Notre mère patrie


Dans les deux dernières semaines, j’ai voyagé en France, pour la première fois de ma vie, avec deux amis Québécois, ayant en tête de plonger dans les sources fécondes de la terre de nos lointains ancêtres. Nous avons visité Paris, la Normandie, la Bretagne et même la Vendée. Ce que nous avons vécu là a dépassé toutes nos attentes. Paris ébahit par son architecture toute en majesté, ses monuments grandioses et l’histoire nationale qui y est portée de manière triomphale.  


En dehors de la Ville Lumière, nous découvrons un peuple chaleureux, rassembleur, fier de ses racines et curieux de connaître le monde. Alors que les Parisiens restent plutôt indifférents face à la provenance de leurs interlocuteurs, les Français hors-Paris affichent un bonheur sincère de rencontrer des étrangers, et plus encore des Québécois. Je retiens un propos que l’on nous disait tout au long de notre route : soyez fiers de qui vous êtes. Notre accent, souvent ridiculisé, voire honni de plusieurs, trouvait ici une place pour s’exprimer fièrement. En Bretagne, le Québec est mis de l’avant un peu partout, que l’on pense simplement à la Place du Québec à Saint-Malo, lieu d’où partit Jacques Cartier pour découvrir ce qui allait devenir notre maison. 








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En France, les Québécois trouvent un peuple qui les reconnaît et qui leur tend une perche. Alors que l’Américain moyen ignore l’existence même du Québec et que le Canadien anglais nous réduit à l’état de racistes bouseux, le Français aperçoit naturellement en nous un peuple ami. Rapidement, les compliments affluent et le désir d’en connaître davantage s’alimente. 


En son temps, Lionel Groulx constatait que « rien n’émeut si fort les Canadiens français ni ne leur est plus nécessaire que la démonstration de leur existence. » Oui, il y a de quoi d’émouvant à voir un peuple aussi grand que les Français afficher une sincère curiosité pour notre culture, notre histoire et nos aspirations collectives. Jeté sur un continent hostile, insulté de tous, ignoré du monde entier, devant se battre sans arrêt pour un respect minimal jamais rencontré, le Québécois vit dans une aliénation de tous les jours qui déforme en profondeur son âme. 


Mère-Patrie


C’est en France qu’il retrouve ses frères et sœurs de ce qu’on appelait autrefois la Mère-Patrie. Les Français montrent aux Québécois que parler français n’est pas un crime honteux appelé à s’effacer au profit de l’anglais. De leur côté, les Québécois rappellent aux Français que la multiplication des anglicismes pour simplement nommer un stationnement ou un courriel a quelque chose de ridicule. 


La France incarne un art de vivre admirable, un merveilleux sens de l’amitié et une stature nationale de grande envergure. Sur ma route, j’ai constaté que la plupart des Français affichent un pessimisme râleur sur l’état de leur pays, ne semblant pas prendre conscience de la grandeur de leur nation. On pourrait en dire autant des Québécois, qui ignorent superbement leur histoire, leurs grands talents et leur capacité nationale de résistance. 


La première des leçons que je retiens de ce voyage est que le Québec doit se doter d’un nom. Certes, nous sommes des Québécois. Mais qu’est-ce que cela signifie? Le nom « Québécois » porte en son sein la promesse d’une émancipation nationale véritable, délivrée de toute tutelle. 


Ce sont les premiers indépendantistes de la Révolution tranquille qui l’imposent, sous le leadership d’un René Lévesque, premier leader moderne à croire réellement en nous. Retrouverons-nous un jour cette confiance qui nous donnait la force de l’action collective? Peut-être n’est-ce que ma naïve jeunesse qui parle, mais je crois, profondément, qui nous parviendrons un jour à nous doter de cette indépendance qui seule saurait nous doter d’une existence digne de nous-mêmes. 




En France, un peuple qui reconnaît le Québec

Photo courtoisie




Philippe Lorange, Étudiant à la maîtrise en sociologie – UQÀM




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