Élections fédérales : les trois scénarios possibles au Québec

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En désamour avec Doug Ford, l'Ontario se retourne vers les libéraux

Dans moins de dix semaines, les Canadiens auront élu les 338 députés et députées de la 43e législature fédérale. Au cours de la prochaine campagne, les partis fédéraux dépenseront temps et ressources dans les quatre coins de la province afin de convaincre les électeurs québécois de leur faire confiance. Pourquoi? Nulle part au Canada les électeurs ont-ils été plus volatils qu’au Québec dans la dernière décennie.


Lors de l’élection fédérale de 2008, près de 40% des électeurs québécois ont voté pour le Bloc québécois, envoyant ainsi 49 députés bloquistes à la Chambre des Communes. Trois ans plus tard, la vague orange de Jack Layton déferla sur le Québec: le NPD passait d’un seul député québécois (Tom Mulcair) à 59, tout en récoltant près de 43% des suffrages dans la province. Puis, en 2015, 36% des électeurs au Québec ont voté pour les Libéraux de Justin Trudeau, élisant un total de 40 députés du PLC. Aucune autre province au Canada n’a changé de couleur politique avec une telle ampleur au cours de cette période – d’où le qualificatif « volatil ».


Alors quel est l’état des lieux au Québec à l’aube de cette campagne fédérale? Voici les sondages des intentions de vote fédérales au Québec depuis la fin de 2018:





Malgré plusieurs rebondissements lors de la dernière session parlementaire à Ottawa, nous remarquons que les appuis aux partis fédéraux au Québec sont demeurés généralement stables, à l’exception du Bloc québécois qui est remonté à son niveau de 2015 (après une année 2018 plutôt désastreuse) avec l’arrivée d’Yves-François Blanchet en janvier dernier.


Les Libéraux toujours en tête


Voici la plus récente projection du vote fédéral au Québec, avec intervalles de confiance de 95%, basée sur le modèle de Qc125:





Sans surprise, les Libéraux demeurent en tête de peloton, mais avec près de 36% des intentions de vote en moyenne, nous ne pouvons pas affirmer que les appuis libéraux au Québec sont dominants – il s’agit d’ailleurs d’un niveau d’appui similaire aux résultats de l’élection de 2015. Néanmoins, comme nous le verrons plus bas, ce sont les Libéraux qui profitent le plus de la chute dramatique du NPD au Québec.



Les Conservateurs, après avoir récolté 16,7% du vote au Québec en 2015, se trouvent à une moyenne proche de 23% et sont non seulement en position de protéger leurs acquis, mais pourraient potentiellement effectuer des gains au Québec. Les Conservateurs obtiennent généralement leurs meilleurs résultats dans les régions de QuébecChaudière-Appalaches et le Centre du Québec. Des gains pour le PCC sont aussi possibles dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean et l’Estrie.

Pour ce qui est du Bloc québécois, c’est lors de l’arrivée de son nouveau chef à l’hiver qu’il a rebondi dans les intentions de vote (voir figure ci-dessus). Notez aussi que les gains du Bloc ont aussi coïncidé avec une hausse des Conservateurs et une baisse à la fois du NPD et des Libéraux – tout cela survenant au début de toute la controverse entourant SNC-Lavalin.


La division du vote profite au Parti libéral


Quant à la projection des 78 sièges québécois au parlement fédéral, nous remarquons que – tel le Bloc québécois en 2008 et le NPD en 2011 – c’est le Parti libéral qui profite de la division actuelle du vote. Avec un peu plus d’un tiers du vote, le PLC pourrait potentiellement remporter les deux tiers des sièges au Québec:

Au cours des simulations effectuées par le modèle, les Conservateurs remportent en moyenne 15 sièges au Québec, soit trois de plus qu’en 2015. Le Bloc se maintient à une moyenne de 12 sièges – un gain potentiel de deux sièges, ce qui redonnerait au Bloc le statut de parti officiel à la Chambre des Communes (le seuil étant de 12 sièges).



Le NPD serait réduit à un seul siège (le plus probable étant Rosemont-La-Petite-Patrie).Quant au Parti populaire du Canada, seule la circonscription du chef Maxime Bernier (Beauce) semble être en jeu pour l’instant. Selon les sondages locaux et nationaux qui ont été publiés au cours des derniers mois, aucun d’entre eux ne semblent indiquer que le PPC puisse être compétitif dans une autre circonscription.


Trois scénarios possibles au Québec


Avec l’ouest du pays derrière Andrew Scheer et l’Ontario qui penche encore une fois vers le PLC (un effet des coupures de Doug Ford?), la route vers la victoire pour les deux principaux partis fédéraux passe par des gains nets au Québec. Voici trois scénarios possibles:



  1. Avec une vingtaine de sièges au Québec et quelques gains dans les provinces de l’Atlantique, Andrew Scheer pourrait potentiellement diriger un gouvernement minoritaire conservateur après l’élection du 21 octobre prochain, et ainsi limiter Justin Trudeau à un seul mandat;

  2. Pour les Libéraux, si les gains projetés au Québec se concrétisent et qu’ils conservent leur avance actuelle chez nos voisins ontariens, une victoire au moins minoritaire serait mathématiquement quasi-assurée. Une majorité libérale dépendrait ainsi de la performance du PLC dans les Maritimes et en Colombie-Britannique;

  3. Si jamais une montée importante du Bloc québécois devait survenir au cours de la campagne, supposons entre 25% et 30% d’appui, le Bloc pourrait potentiellement remporter plus de 25 sièges et ainsi empêcher et le PLC et le PCC de former un gouvernement majoritaire. Dans un tel cas, le Bloc (et peut-être le NPD) détiendrait alors la balance du pouvoir à Ottawa.


Il ne reste plus que 69 jours avant l’élection générale fédérale. La campagne devrait débuter officiellement peu après la Fête du Travail. Nous continuons de suivre les chiffres de près.