FÉDÉRALES 2021

Les libéraux favoris, mais…

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Le Canada est vraiment un pays de cocus contents

La campagne fédérale et la saison estivale dans l’hémisphère Nord prendront toutes deux fin dans les jours à venir. Alors que nous connaissons avec précision l’instant où l’écliptique (le chemin apparent du Soleil dans le ciel terrestre) croisera l’équateur terrestre, soit le mercredi 22 septembre à 15 h 21 (heure de Montréal), le résultat des élections fédérales, lui, demeure hautement incertain.


Depuis la dissolution de la Chambre des communes le 15 août dernier, plus de 150 sondages ont été publiés. Bien que chacun possède naturellement son lot d’incertitude, nous avons pu déceler quelques grandes tendances :



  • Bien que le Parti libéral du Canada (PLC) ait quitté la ligne de départ avec une longueur d’avance sur son principal rival, il a trébuché dans les premiers jours. En fait, dès la deuxième journée de la campagne, les chiffres ont commencé à baisser pour les troupes de Justin Trudeau ; pendant ce temps, Erin O’Toole, le chef du Parti conservateur du Canada (PCC), a publié fièrement la plateforme de son parti et en a profité pour mieux se faire connaître de l’électorat. Après la première semaine de campagne, le PCC avait le vent dans les voiles et commençait à gagner du terrain sur le PLC dans les intentions de vote.

  • Cette tendance s’est poursuivie jusqu’au premier débat, celui du Face-à-face du réseau TVA. Au début du mois de septembre, les projections avaient chaviré en faveur du PCC : les troupes d’Erin O’Toole étaient en avance dans les projections de vote et de sièges. À égalité avec le PLC en Ontario et dans les provinces de l’Atlantique, le PCC semblait se diriger vers la victoire.

  • Pendant ce temps, le jeu au Québec semblait complètement figé, comme si les Québécois ne portaient pas attention à la campagne fédérale. Lors du débat de TVA, les chefs des quatre principaux partis ont croisé le fer et, selon les chiffres obtenus après l’affrontement, l’impasse persistait. Or, comme les appuis au Bloc québécois stagnaient autour de 25 %-26 % (sous son résultat de 32,5 % en 2019), et le PLC et le PCC pouvaient alors espérer enregistrer des gains au Québec aux dépens du parti dirigé par Yves-François Blanchet.

  • Puis vint le débat en anglais de la Commission des débats des chefs. La controverse (nul besoin d’y revenir) a gonflé, en à peine quelques jours, les appuis au Bloc, de telle sorte que la formation indépendantiste a remonté la pente et se trouve présentement près de son niveau d’appuis de 2019.


Voici donc où nous en sommes à moins de 24 heures du vote. Au moment d’écrire ces lignes, dimanche après-midi, il semblerait que le Parti libéral et son chef Justin Trudeau soient les favoris pour remporter le plus grand nombre de sièges au Canada, même si l’écart entre les deux partis de tête demeure serré. Cela dit, une victoire du PLC est loin d’être assurée, comme nous le verrons plus loin. Plusieurs variables importantes demeurent inconnues et, bien qu’il y ait un consensus sur les intentions de vote nationales, les chiffres régionaux — cruciaux pour les projections de sièges — diffèrent d’une maison de sondage à l’autre. (Consultez la liste complète des sondages ici.)


Regardons les projections de sièges région par région, puis nous établirons les scénarios possibles pour lundi soir.


Provinces de l’Atlantique


Le PLC a récolté d’importants appuis dans les provinces de l’Atlantique au cours des deux dernières élections fédérales. En 2015, les libéraux avaient balayé les 32 sièges de la région, en route vers une majorité à la Chambre des communes. En 2019, ils y ont perdu six sièges : quatre sont allés aux conservateurs, un aux néo-démocrates et un au Parti vert. Cette mise à jour de la projection montre que le PLC pourrait encore enregistrer des pertes, principalement au profit du PCC.

 


Circonscriptions à suivre :



Au Québec


Après le débat en anglais, les chiffres ont basculé en faveur du Bloc québécois. À la veille du vote, nous nous retrouvons donc avec une projection de sièges hautement semblable aux résultats de 2019. Le PLC est favori pour inscrire le plus grand nombre de députés, mais les intervalles de confiance du PLC et du Bloc se croisent considérablement. Il s’agit donc d’une égalité statistique.


S’il parvient à stimuler la participation de ses électeurs et à dépasser les libéraux, le Bloc pourrait remporter le plus grand nombre de circonscriptions, ce qui serait une première depuis les élections de 2008.

 


Circonscriptions à suivre :



En Ontario


C’est dans la province de Doug Ford que les chiffres ont particulièrement bougé lors de cette campagne. Les libéraux ont entamé la course avec une avance semblable à celle de 2019 en Ontario, soit entre huit et dix points sur le PCC. Dans les jours qui ont suivi la dissolution, le PCC a grimpé et nous avons observé une égalité statistique entre les deux principaux partis canadiens. Dans la dernière semaine, selon de nombreux sondages, le PLC aurait creusé l’écart à nouveau. Avec une avance moyenne de six points sur le PCC, le PLC pourrait tout de même essuyer quelques pertes dans cette province. Tout dépendra de l’efficacité du vote libéral, c’est-à-dire la capacité de l’organisation du PLC à faire déplacer dans les bureaux de vote les électeurs plus susceptibles de les appuyer.


Circonscriptions à suivre :



Au Manitoba et en Saskatchewan


À Winnipeg, le PLC et le Nouveau Parti démocratique (NPD) devraient être en mesure de conserver leurs acquis des dernières élections. Par ailleurs, les conservateurs sont projetés comme favoris dans la grande majorité des circonscriptions rurales de ces provinces. Les sondages montrent néanmoins que le NPD a gonflé ses appuis dans le grenier du Canada. Jagmeet Singh pourra-t-il percer l’armure conservatrice de la région, particulièrement en Saskatchewan où le PCC avait remporté la totalité des 14 circonscriptions en 2019 ?


Circonscriptions à suivre :



En Alberta


En 2019, Andrew Scheer avait mené le PCC à des résultats historiques en Alberta : 33 sièges sur 34, y compris plus de 50 % des suffrages dans 32 circonscriptions. Une fois tous les votes comptés, le PCC avait amassé 69 % des voix dans la province, neuf points au-delà de la moyenne des sondages finaux de la campagne. Cette performance hors du commun avait permis au PCC de reprendre quatre circonscriptions remportées par les libéraux en 2015, mais sans plus.


Le quasi-balayage du PCC reste un scénario envisageable, mais la montée du Parti populaire du Canada (PPC) de Maxime Bernier en Alberta et une baisse des appuis au PCC laissent croire que les conservateurs pourraient échapper une poignée de circonscriptions urbaines dans le fief conservateur du premier ministre provincial Jason Kenney, au profit des libéraux et du NPD.


Circonscriptions à suivre :



En Colombie-Britannique


À l’extrême ouest de la fédération, où le PCC avait remporté 17 des 42 circonscriptions en 2019, contre 11 pour le NPD et 11 pour le PLC, les derniers sondages montrent que le PLC pourrait terminer troisième pour le nombre de votes, alors que le PCC et le NPD se disputeraient le premier rang. En nombre de sièges, le PCC possède toujours une avance sur ses rivaux, alors que le NPD et le PLC se disputeront de nombreuses circonscriptions dans la grande région de Vancouver.


De plus, nous regarderons de près l’île de Vancouver, où les circonscriptions remportées par les verts pourraient être en jeu.


Circonscriptions à suivre :



Voici donc la projection (presque) finale Qc125 des élections fédérales de 2021 :


Le Parti libéral remporte une moyenne de 147 sièges, soit 10 de moins qu’en 2019. Le Parti conservateur, de son côté, gagne en moyenne 127 circonscriptions au pays, marginalement au-dessus de sa récolte de 121 sièges sous Andrew Scheer. Toutefois, notez que les intervalles de confiance entre les deux partis se croisent considérablement. Certes, le PLC est le favori selon les données actuelles, mais une modeste erreur de sondage en défaveur du PCC pourrait faire basculer ces chiffres, particulièrement en Ontario.


Le modèle fédéral Qc125 accorde au PLC au moins une pluralité de sièges dans 68 % des simulations, contre 31 % pour les conservateurs. Nous sommes loin d’un résultat clair ici. En fait, nous pourrions utiliser l’analogie d’un lancer de dé : de un à trois, le PLC est minoritaire ; quatre, le PLC est majoritaire ; cinq ou six, et ce sont les conservateurs qui remportent le plus grand nombre de sièges.


Deux chances sur trois de gagner, c’est loin d’un coup sûr pour le PLC. En guise de comparaison, selon certains sites de paris sportifs, les Golden Knights de Vegas avaient deux chances sur trois de battre le Canadien de Montréal en demi-finale de la Coupe Stanley en juin dernier ! Nous connaissons la suite.


Le Canada sera donc dirigé par un nouveau Parlement fédéral d’ici quelques semaines. Rappelons aux lecteurs et lectrices de cette chronique que les sondages ne votent pas. Les appuis exprimés dans les sondages sont entièrement théoriques. Ces derniers prennent le pouls de l’électorat, mais ne s’expriment pas à sa place.


En 2019, le modèle fédéral Qc125 avait correctement déterminé 299 des 338 gagnants, soit près de 90 % des circonscriptions. Si les sondages publiés dans les derniers jours s’avèrent précis lundi soir et au cours de la semaine (pour le décompte du vote postal), j’ai confiance que les résultats des élections seront généralement alignés sur les chiffres de cette projection. Néanmoins, les êtres humains sont des créatures complexes, bien plus que les électrons ou les galaxies, alors toute forme de prédiction de leur comportement contient une quantité appréciable d’incertitude.


Le PLC devrait l’emporter lundi soir. Les données nous disent qu’il s’agit du résultat le plus probable. Si les sondages sous-estiment les appuis au PLC, une majorité libérale serait même un scénario envisageable (probabilité de 15 %). Et si jamais les sondages sous-estiment les conservateurs, particulièrement en Ontario, Erin O’Toole pourrait remporter le plus grand nombre de sièges et peut-être ainsi devenir premier ministre du Canada.


Les sondages ont sondé, maintenant, que les Canadiens aillent voter.


***


Pour tous les détails de cette projection fédérale, consultez la page de Qc125 CanadaÀ noter qu’il y aura une dernière mise à jour de la projection tard dimanche soir pour inclure tous les derniers chiffres qui seront publiés en soirée. Pour trouver votre circonscription, consultez la liste complète des circonscriptions fédérales ici ou utilisez les pages régionales suivantes :





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