Comme je l’ai exprimé dans mon dernier article paru sur cette tribune le 25 juin 2011, intitulé "Rallumer la flamme du nationalisme", je maintiens encore mon appui pour le PQ comme véhicule politique pouvant nous conduire à l’indépendance. Toutefois, tel que mentionné dans mon argumentaire, je demeure ouvert à d’autres avenues, advenant le cas où le PQ ne répondait pas à mes attentes. L’une de ces avenues proposées par certains réside dans une coalition citoyenne indépendantiste.
Dans un commentaire de Pierre Cloutier à la suite de l’article de James A. Wilkins, intitulé "État de la nation", paru sur cette même tribune, M. Cloutier, qui me pardonnera sûrement de le citer puisque mes intentions ne reflètent que des questions de précision pour m’aider à cheminer, s’exprime en ces termes :
"1- En 2011, à l’heure de l’Internet, on n’a pas besoin d’un parti politique traditionnel de masse, comme le Parti québécois, pour faire l’indépendance. Trop lourd, trop hiérarchique, trop énergivore. Déficit démocratique important.
2 - Pas besoin non plus d’un programme électoraliste de gouvernance provinciale pour prendre le pouvoir provincial et conquérir le gouvernement de la province de Québec.
3 - Solution ? Une coalition citoyenne indépendantiste avec 125 candidats et candidates connus et respectés de la population, unis par un simple pacte à 2 volets : souveraineté de l’État et souveraineté du peuple . Déclaration d’indépendance et constituante.
4 - Pas de chef mais un simple coordonnateur. Pas de ligne de parti sauf les 2 éléments du pacte. Pas de gouvernance provinciale prolongée. Liberté de parole des députés. Des charges temporaires et non renouvelables.
5 - Bref, un changement de paradigme total et complet. Si non, on s’enlise et on est MORT."
Dans un premier temps, vous comprendrez sûrement qu’en cette période où je m’interroge sur les convictions profondes qui animent les troupes péquistes, je suis très loin de remettre en question la nécessité et la légitimité de maintenir l’existence de partis politiques "traditionnels"! Ensuite, la solution proposée par M. Cloutier me laisse perplexe sur divers aspects, entre autres :
1- Comment seraient désignés les 125 candidates et candidats "connus et respectés de la population" ?
2- De qui recevraient-ils le mandat de procéder à une "déclaration d’indépendance" ?
3- Quelle serait leur légitimité ?
4- Y-a-t-il un parti ou pas ?… "Pas de ligne de parti"
5- Y-a-t-il une ligne de parti ou pas ? "Pas de ligne de parti sauf les 2 éléments du pacte"
6- Quel serait le rôle du "coordonnateur" ?
7- Enfin, en sommes-nous rendus à ce "changement de paradigme total et complet" ?
8- Ou n’existe-t-il pas des voies intermédiaires entre le parti traditionnel et une telle coalition citoyenne ?
Des questions qui demeurent pour moi sans réponses et auxquelles j’aimerais bien qu’on m’apporte des précisions pour éclairer ma réflexion !
***
Henri Marineau
_ Québec
Questions aux tenants d'une coalition citoyenne indépendantiste
Éclairez-moi SVP!
Tribune libre
Henri Marineau2093 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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6 commentaires
Gérald McNichols Tétreault Répondre
26 juin 2011Monsieur Marineau,
Vous dites maintenir votre « appui pour le PQ comme véhicule politique pouvant nous conduire à l’indépendance » et plus loin que vous ajoutez demeurer « ouvert à d’autres avenues, advenant le cas où le PQ ne répondrait pas à mes attentes. »
Vous n'êtes certainement pas le seul à vous poser des questions par les temps qui courent, mais comme vous le faites publiquement on peut en discuter avec vous : Il faut s’arrêter à vos deux affirmations tirées du même paragraphe : vous nous dites appuyer le PQ en tant que véhicule d’une cause et en même temps vous ne semblez pas assuré que ce parti répondra à vos attentes.
C’est donc à vous que devraient s’adresser quelques questions :
1. Le PQ est-il ou non à vos yeux un véhicule politique pouvant nous conduire à l’indépendance ?
2. Quelle ambigüité véhicule le PQ pour vous amener à douter qu’il réponde à vos attentes ?
3. Quel influence avez-vous sur la direction prise par le véhicule politique du PQ ?
4. Puisqu’un parti n’est qu’un véhicule – donc un objet - n’est-ce pas vous et les Québécois qui devraient plutôt conduire le PQ à l’indépendance plutôt que l’inverse ?
5. Combien de temps êtes-vous prêt à attendre pour que le PQ réponde à vos attentes et en vous faisant attendre, répond-il à vos attentes ?
Suivez-moi bien maintenant : Vous évoquez comme autre avenue au PQ une « coalition citoyenne indépendantiste ». En disant cela vous nous dites donc que le PQ ne serait pas une « coalition citoyenne indépendantiste » ? Le Petit Robert définit un « parti » comme étant une association de personnes unies pour défendre des intérêts, des buts communs : faction, ligue. Ou encore une « Organisation dont les membres mènent une action commune à des fins politiques ». Toujours selon le Petit Robert, la définition d’une coalition est « une réunion momentanée de puissances, de partis ou de personnes dans la poursuite d’un intérêt commun d’opposition ou de défense ».
Le parti est donc une « association de personnes » alors que la coalition est une réunion momentanée, de puissances, partis ou de personnes. Le mot à la mode de « citoyen » que vous y accolez semble indiquer – à moins que je ne me trompe, tant l’adjectif est galvaudé – à une coalition de personnes. La seule distinction entre le parti et la coalition serait donc le caractère momentané de la « coalition » par rapport à celui permanent du parti (ce qui se vérifie par la durée de vie du PQ.)
Alors la deuxième série de questions que je vous pose est la suivante :
1. Comment ferez-vous pour que la « réunion momentanée de personnes » (coalition indépendantiste) soit plus efficace que l’ « association de personnes » (PQ)
2. Ne croyez-vous pas qu’il serait préférable d’élaborer un programme simple et clair menant à l’indépendance ?
3. Ne croyez-vous pas qu’il serait préférable qu’une fois élaboré, ce programme devienne celui du PQ (association de personnes) ou d’une nouvelle réunion momentanée de personnes qui se reconnaitraient dans ce programme ? (coalition ou simplement nouveau parti indépendantiste, si le PQ n’en veut pas).
4. Croyez-vous qu’il soit possible d’influer sur le programme actuel du PQ ?
5. Seriez-vous prêt à consentir aux efforts nécessaires à la réunion momentanée de personnes (coalition indépendantiste) ? (parmi lesquels celui de faire votre deuil si difficile du PQ)
En ce qui concerne les convergences et dissemblances qui existent entre le programme proposé par Pierre Cloutier (souveraineté de l’état et du peuple) et le scénario mis de l’avant par QUÉBEC PAYS LIBRE ET DÉMOCRATIQUE http://www.vigile.net/Un-scenario-pour-l-independance, j’y reviendrai ailleurs.
Personnellement, je suis d’avis que le parti politique fait partie de notre culture nationale et qu’on ne peut pas se mettre à jeter par terre toutes les références collectives du même coup sans causer un ressac qui sera néfaste au projet d’indépendance. Qu’un parti puisse avoir une existence momentanée et se dissoudre une fois accompli son programme m’apparait une innovation assez intéressante qui permettrait de regrouper des candidats compétents dans les domaines pertinents plutôt que des politiciens de carrière et des partis qui consacrent leur énergie à se maintenir. J'estime même qu'un parti qui change de programme devrait changer de nom afin de ne pas jouer sur sa réputation passée alors qu'il propose autre chose.
Pour répondre à l’une de vos questions, j’estime que les citoyens se reconnaissant dans le programme d’un parti peuvent en devenir membre et alors participer au choix des candidats. Quand on est rendu à ce que des citoyens élisent des candidats qui ensuite changent le programme des partis, plus rien ne va. En ce sens, les individus et réunions de personnes désireux de proposer des programmes, sont libres de former des partis dont les membres devraient être en mesure de choisir les candidats. Le but des élections est justement de permettre aux citoyens de choisir entre les programmes et les candidats. Qu’y a-t-il de plus triste que d’aller voter quand aucun programme ni aucun candidat ne correspond à nos désirs ? Si aucun programme ni candidat ne correspond à nos attentes, n'est-ce pas notre devoir démocratique que d'en proposer d'autres ?
À nous d’écrire le scénario de nos vies et de notre pays.
Archives de Vigile Répondre
26 juin 2011[1] Pas nécessaire que les candidats soient élus, car ils auront à affronter les électeurs de leur comté et ce sera le vrai test démocratique.
[2] Tous les candidats de la Coalition s'engagent à agir de manière temporaire et sans avoir la possibilité de se représenter. Pas de carriéristes, mais des gens désintéressés qui vont faire une déclaration d'indépendance et convoquer une constituante.
[3] Il faut sortir des sentiers battus et ne pas avoir peur d'innover, car avec les partis politiques traditionnels, on piétine et notre cause n'avance pas.
[4] Un peu d'imagination, que Diable. C'est ce qui manque le plus au mouvement indépendantiste. La politique partisane professionnelle est le secteur de la société qui avance le plus lentement. Il est plus que temps de secouer la baraque.
Pierre Cloutier
Archives de Vigile Répondre
26 juin 2011Message à Trétaèdre.
Trop compliqué. Il faut faire le plus simple possible. Sinon on est mort. 125 candidats et candidates pour prendre le pouvoir provincial et déclencher le processus par une déclaration d'indépendance suivie d'une constituante citoyenne pour faire fixer les nouvelles règles du jeu.
C'est tout. 2 objectifs simples. Pas de chicane de virgules. Souveraineté de l'État - déclaration d'indépendance et souveraineté du peuple - constituante.
Le reste est libre.
Pierre Cloutier
Henri Marineau Répondre
26 juin 2011@ M. Pierre Cloutier
D'abord, je tiens à vous remercier d'avoir pris la peine d'apporter vos réponses à mes questions!
En ce qui a trait à votre réponse à la question 1, j'avoue que je ne suis pas friand de votre idée de comité des "sages"...je préférerais davantage que ces représentants soient désignés par des résidents lors d'assemblées de comtés.
Enfin, concernant vos réponses aux questions 7 et 8, je constate que nous n'en sommes pas encore au point d'un "changement de paradigme total et complet" et que "cette coalition aurait intérêt à remplir certaines conditions minimales pour être reconnue comme "parti politique" officiel.
Nous en sommes là...je continue de cheminer!...
Archives de Vigile Répondre
26 juin 2011==Une coalition de réalisation de l'indépendance par des Assemblées Constituantes n'empèche pas l'existence des partis politiques provinciaux de droite de centre de gauche indépendantistes nationalistes et fédéralistes comme ceux qui existent actuellement .
== Tous ces partis pourront s'asocier aux Assemblées Populaires et même s'y faire élire s'ils sont indépendantistes comme représentant cantonale ( Chambre populaire appuyant ou pas les élus de la Chambre législative actuelle )
== Comme exemple si les représentants du Parti Québecois s'associent aux Assemblées Constituantes ses représentants pourront se présenter pour se faire élire à la Chambre cantonnale et élus et ils pourront appuyer leurs membres à la Chambre législative pour les élections . Sinon ils seront exclus . Ainsi en est-il pour les membres de tous les partis.
== Ces assemblées constituantes pourront être financés en vendant des passeports Québecois et tout autres objets représentatif de la Nation Québecoise .
C'EST DONC CE QUE JE SUGGÈRE
TÉTRAÈDRE
Archives de Vigile Répondre
26 juin 2011Réponse aux questions de M. Marineau.
Question no 1 : Par un comité des "sages" formé des ex-premiers ministres Jacques Parizeau, Bernard Landry et de Claude Béland, ex-président du Mouvement Desjardins. Mais on doit rester ouvert à d'autres formules.
Question no 2: Une déclaration d'indépendance peut se faire par une majorité de députés indépendantistes de l'Assemblée Nationale et des députés du Bloc, réunis dans une assemblée ad hoc. Exactement comme la déclaration d'indépendance du Kosovo.
Question no 3 : Cette déclaration d'indépendance serait légitime et légale en droit international. Lire la décision de la Cour internationale de Justice sur le Kosovo. Mais elle ne rendra pas la souveraineté de l'État effective. Par contre, elle peut être suivie par un référendum, soit sur la "souveraineté de l'État", soit sur une constitution rédigée par une constituante citoyenne, ce qui permettrait d'obtenir la reconnaissance internationale de façon plus facile qu'un simple vote du Parlement, (à moins de démontrer une situation d'oppression interne).
Question 4 : Il n'y aurait pas de ligne de parti pour toutes les questions touchant la gouvernance provinciale temporaire. Chaque député voterait selon sa conscience sur ces questions. Les membres de l'exécutif auraient ainsi un rôle de persuasion plus difficile et plus "démocratique" sans tordage de bras.
Question 5 : Le Pacte lie les membres de la Coalition sur les objectifs de la souveraineté de l'État (déclaration d'indépendance) et sur la constituante (constitution).
Question 6 : Le coordonnateur serait celui choisi par les membres de la Coalition pour présider les séances, être le porte-parole officiel de la Coalition et agir comme premier ministre durant une période transitoire, avant la constituante.
Question 7 : Difficile de le dire. Mais tout peut arriver rapidement, car on sent des signes de révolte en Occident contre la démocratie de représentation traditionnelle (ex : Grèce, Espagne, Islande, Irlande etc.)
Question 8 : Oui. D'abord la Coalition aurait intérêt à remplir certaines conditions minimales pour être reconnue comme "parti politique" officiel par le DGE afin de permettre à ses candidats d'être identifiés comme membres de la Coalition sur les bulletins de vote. On doit composer avec la réalité actuelle qui nous est imposée. Ensuite, la réforme démocratique peut se faire progressivement avec, un régime mixte entre la démocratie de représentation et la démocratie directe. (ex: élections pour certaines fonctions importantes, réforme du mode de scrutin, référendum d'initiative populaire, tirage au sort etc..). Tout est ouvert à ce niveau.
D'autres questions?
Pierre Cloutier