Duceppe vante ce que serait un Québec souverain à Washington

Duceppe - hérault de l'indépendance (tournée 2010)



Marie Vastel - La Presse Canadienne - Confiant que les planètes sont en train de s'aligner au pays afin que la population québécoise soit appelée une troisième fois à se prononcer sur sa souveraineté, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, est parti à Washington présenter les atouts d'un Québec indépendant.
Car si le Québec se sépare du Canada un jour, il demeurera un partenaire commercial important pour les Américains, avec qui il devra maintenir ses relations commerciales. M. Duceppe s'est donc rendu dans la capitale américaine, jeudi et vendredi, pour plaider l'importance du Québec pour son voisin du Sud.
Ce périple, explique-t-il, consiste en un «tour d'horizon avec des gens de différentes allégeances» des milieux des affaires, économique et politique, afin de leur exposer la situation du Québec et les enjeux que la province partage avec le Canada et les États-Unis, comme les changements climatiques et la guerre en Afghanistan.
Même si les Américains n'auront pas à se prononcer à l'issue d'un éventuel référendum, reste que la situation géographique ne changera pas et il faut notamment assurer le maintien des relations commerciales, a plaidé Gilles Duceppe, en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne, jeudi.
Le chef du Bloc a souligné que le Québec avait plus d'échanges commerciaux avec les États-Unis qu'avec le reste du Canada, puisque ses exportations en sol américain se sont chiffrées à 51 milliards $ l'an dernier tandis que les importations ont atteint 35 milliards $, des chiffres «énormes», a-t-il affirmé depuis Washington.
«Chaque nation a la politique de ses intérêts. (...) Or, le jour où le Québec devient un pays souverain, la carte géographique d'Amérique du Nord ne change pas pour autant, on va être à la même place et eux aussi. À ce moment-là, il faudra trouver la meilleure façon de s'entendre», a expliqué Gilles Duceppe, avant de conclure: «Money talks, hein».
Dans le cadre d'un voyage de deux jours dans la capitale américaine, M. Duceppe s'est d'abord entretenu jeudi avec une poignée de hauts fonctionnaires du Département d'État américain, auxquels il a fait valoir la possibilité que le paysage politique change rapidement au pays.
Car la chef du Parti québécois, Pauline Marois, profite d'une position confortable dans les sondages depuis quelques semaines - tout comme le Bloc québécois sur la scène fédérale - et l'objectif des deux partis demeure l'indépendance du Québec.
M. Duceppe s'est toutefois défendu de mettre la charrue avant les boeufs, arguant qu'il ne faisait qu'une analyse de la situation.
«Je ne joue pas au prophète, mais j'analyse rigoureusement la situation et je dis: voilà que les perspectives seront fort probablement différentes de ce qu'elles sont actuellement, la donne changeant, et qu'à ce moment-là l'histoire peut s'accélérer», a-t-il argué.
Le leader bloquiste devait rencontrer, en soirée jeudi, des représentants du Peterson Institute for International Economics. Vendredi, il doit prononcer un discours devant les membres de deux groupes de réflexion, le Woodrow Wilson International Center for Scholars et le Hudson Institute, avant de tenir une rencontre privée avec des représentants du Canadian-American Business Council.
Vingt ans après l'échec de l'Accord du Lac Meech et sa première élection à titre de député du Bloc québécois, M. Duceppe mène cette année une tournée pour promouvoir la souveraineté du Québec et la place qu'aurait dans le monde la province si elle devenait un jour un État souverain.
Cette campagne le mènera notamment en Europe, en novembre, alors que le chef bloquiste doit se rendre en France, en Écosse et en Espagne.
Le Parti conservateur a mal accueilli la tournée de Gilles Duceppe, en arguant que le leader bloquiste ferait mieux de s'occuper d'économie au pays, la priorité du gouvernement de Stephen Harper.
«Gilles Duceppe a vraiment du temps à perdre d'aller faire le fanfaron aux États-Unis alors qu'on se tire de la pire crise économique depuis les années 1930», s'est insurgé le député conservateur, Steven Blaney, dépêché pour dénoncer le voyage du leader du Bloc.


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