Alec Castonguay - L'organisme fédéral Droits et Démocratie glisse tranquillement vers la partisanerie et l'idéologie, ce qui pourrait ternir sa réputation, affirment les partis d'opposition à la Chambre des communes.
Samedi, Le Devoir révélait que le président, Gérard Latulippe, vient de créer un poste qui sera occupé par un ancien candidat conservateur, Stéphane Bourgon, un avocat qui se spécialise dans la défense des dirigeants de la planète accusés de crimes de guerre et de génocide. M. Latulippe est lui-même un ancien candidat de la défunte Alliance canadienne.
Droits et Démocratie, basé à Montréal, emploie une cinquantaine d'employés. Même s'il relève du Parlement fédéral, c'est le gouvernement qui nomme 10 des 13 membres de son conseil d'administration, ainsi que le président.
Le choix de Stéphane Bourgon a piqué au vif l'opposition. Aux Communes, le Bloc québécois a mené la charge. «Est-ce cela la vision du gouvernement pour Droits et Démocratie, une planque de conservateurs qui nomme et embauche des conservateurs?» a demandé Johanne Deschamps, porte-parole en matière d'affaires étrangères. Le NPD et le PLC ont fait part de craintes semblables.
Deepak Obhrai, secrétaire parlementaire aux Affaires étrangères, a répliqué que Droits et Démocratie «est une organisation indépendante qui n'est pas dirigée par le gouvernement». Droits et Démocratie, créé en 1988 par le Parlement, est investi d'un mandat international pour appuyer les valeurs universelles des droits de la personne et promouvoir les pratiques démocratiques partout dans le monde.
Bourgon s'explique
M. Latulippe confirmera dans les prochains jours la nomination de Stéphane Bourgon, 49 ans, à titre de directeur des communications, relations gouvernementales et planification stratégique. Candidat conservateur lors de l'élection partielle de 2006 dans la circonscription de Repentigny, M. Bourgon se spécialise dans la défense des personnes accusées de crimes de guerre et de génocide, au Tribunal pénal international (TPI), mais aussi en Afrique, devant des tribunaux militaires. «Comment avoir de la crédibilité pour défendre les droits de l'homme quand tu as défendu ceux qui les ont bafoués?», demande le porte-parole du NPD en matière d'Affaires étrangères, Paul Dewar.
Joint par courriel à La Haye, où il travaille au TPI, Stéphane Bourgon affirme qu'il a toutes les qualifications nécessaires pour occuper ses nouvelles fonctions. «Travailler pour faire respecter la présomption d'innocence et la règle de droit, qui constitue la pierre angulaire de toute démocratie, est une démarche à la fois difficile et noble qui n'est absolument pas contraire à la mission de Droits et Démocratie», dit-il, ajoutant: «L'avocat de la défense sera appelé à faire valoir vigoureusement le point de vue de son client, mais il ne prend pas partie en faveur du crime qui a été commis et n'hésite pas à reconnaître le tort subi par les victimes.»
M. Bourgon affirme qu'il ne représente plus, depuis août, Laurent Nkunda, le chef des rebelles congolais qui doit comparaître devant un tribunal militaire au Rwanda. La République démocratique du Congo et le Rwanda souhaitent que Laurent Nkunda soit jugé pour ses actes au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, des régions instables où des civils ont été massacrés par centaines.
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