Droit de voter voilée: pourquoi?

Vote voilé - turbulences dans l'ordre démocratique



L’islam n’oblige pas les femmes musulmanes à porter la burqa ou le niqab. La très grande majorité ne le porte pas. Au Québec comme dans le reste du Canada, les associations musulmanes n’ont jamais revendiqué publiquement la permission, pour les femmes musulmanes, de se soustraire aux lois électorales qui exigent que les citoyens s’identifient visuellement avant de voter.


Les musulmanes qui portent le niqab ou la burqa qui demandent un passeport ou un permis de conduire doivent se dévoiler le visage pour se faire photographier. Elles obtempèrent. Enfin, la Commission des droits de la personne n’a jamais reçu de plainte de la part de musulmanes à qui on aurait refusé le droit de vote sous prétexte qu’elles auraient refusé de se dévoiler.
Dans ce contexte, la décision d’Élections Canada de permettre aux femmes qui portent la burqa ou le niqab de voter sans se dévoiler le visage est non seulement inacceptable, elle est carrément incompréhensible.
Pourquoi accorder une permission particulière à quelqu’un qui n’en fait pas la demande ?
Précisons-le, nous ne sommes pas en présence d’un accommodement raisonnable. Sur le plan juridique, le directeur d’Élections Canada respecte la lettre de la loi puisque cette dernière prévoit trois façons de s’identifier : l’électeur peut présenter une pièce d’identité originale avec photo, deux pièces d’identités originales avec photo ou encore, « prêter serment appuyé par un électeur inscrit ».
Dans son communiqué de jeudi dernier, Élections Canada recommande donc aux femmes qui ne veulent pas se dévoiler de présenter une pièce d’identité avec photo et d’être accompagnée d’un électeur inscrit qui confirmera leur identité. Les juristes vous expliqueront également que cette mesure d’identification a été pensée avec pour objectif d’empêcher une personne de voter deux fois. Et que, d’un point de vue légal, tout en offrant aux électrices la possibilité de s’identifier sans montrer leur visage, Élections Canada respecte cet objectif.
Mais en se bornant à analyser cette décision d’un point de vue purement technique, on passe à côté du véritable problème qui est le suivant : ces exigences législatives sont incomplètes et imparfaites et il faut absolument les modifier.
Québec s’apprête à le faire et, à notre avis, Ottawa devrait l’imiter. Le message devrait être clair, limpide, ne laisser aucune place à l’interprétation : au Canada, on vote à visage découvert. D’ici là, le directeur d’Élections Canada doit s’inspirer de son collègue Marcel Blanchet et invoquer ses pouvoirs extraordinaires pour exiger de tout citoyen qu’il vote à visage découvert aux prochaines élections partielles.
Aucune religion n’oblige les femmes à cacher leur visage. Demander à une électrice de retirer le voile qui la couvre afin de s’identifier avant de voter n’est donc pas discriminatoire. Le Canada a le droit, et le devoir, de l’exiger.


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