Dring dring Québec Solidaire ?

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Haro sur les saboteurs

Électrice: Dring Dring ? Allo ? Québec solidaire ?

QS: Oui, vous y êtes. C’est à quel sujet ?

Électrice: Je suis volontaire pour aller me battre à vos côtés contre la droite !

QS: Parfait! On a plusieurs députés péquistes à qui on veut nuire !

Électrice: Des péquistes ? Euh. Mais je voudrais me battre contre la droite, des Libéraux, des Caquistes, vous voyez ?

QS: Ah ! Vous n’êtes pas à la bonne place, nous on attaque surtout le PQ. Vous n’avez pas vu nos pubs ? Elles sont toutes contre le Parti québécois !

Électrice: Ah, je comprends. Vous concentrez vos forces contre un gars comme PKP, l’ancien patron, candidat du PQ dans Saint-Jérôme ?

QS: Non, pas vraiment. Notre priorité c’est de faire battre Daniel Breton dans Sainte-Marie-Saint-Jacques !

Électrice: Breton ? Mais c’est un écologiste. Il a passé toute sa vie à défendre l’environnement !

QS: Justement ! Et on travaille très fort à faire battre la péquiste Carole Poirier dans Hochelaga-Maisonneuve ! Ça c’est une de nos ennemies !

Électrice: Carole Poirier ? Mais elle est proche des groupes populaires et des femmes, elle lutte contre l’exploitation sexuelle, je vois pas pourquoi c’est une ennemie ?

QS: Écoutez, vous n’avez pas l’air de comprendre. Notre objectif ce n’est pas d’empêcher les Libéraux de prendre le pouvoir. En fait, on est très fier d’avoir empêché le PQ d’être majoritaire la dernière fois.

Électrice: Pourquoi vous dites ça ?

QS: Oui, en créant un parti qui divise le vote des indépendantistes et des progressistes, on a réussi à faire passer des Libéraux dans 9 comtés au Québec, et la CAQ dans deux autres. Comme ça, on a empêché le PQ d’avoir une majorité. C’est ça, être solidaire !*

Électrice: Ah ? Peut-être que je me trompe mais je me souviens que c’est parce que le PQ était pas majoritaire qu’il a pas pu faire voter une loi sur la langue qui protège mieux le français ?

QS: Oui, c’est ça ! C’est grâce à nous !

Électrice: Pis c’est parce que le PQ était pas majoritaire qu’il a pas pu faire voter la loi Mourir dans la dignité !

QS: Oui, on en est très fier !

Électrice: Même la loi sur les mines, la première version de la ministre Martine Ouellet — que la droite déteste — allait plus loin, mais les Libéraux et les minières étaient contre.

QS: C’est ça. Grâce à nous, les Libéraux et les minières ont eu plus de pouvoir et ont obligé le PQ à faire un compromis. On est forts pas à peu près !

Électrice: Je comprends que vous êtes fâchés contre PKP pis que le PQ est pas assez à gauche à votre goût, mais en 18 mois, ils ont quand même une politique pour faire reculer l’itinérance, ils ont mieux financé les groupes communautaires, ils ont inventé l’assurance autonomie pour les aînés, multiplié les logements abordables et sociaux, créé des maternelles quatre ans pour les démunis. Pis là ils s’engagent à d’offrir des cantines scolaires à tous les écoliers qui ont faim, enlever les moisissures dans les écoles et à complété le plus grand réseau de garderies à faible coût sur le continent. C’est quand même pas mal ?

QS: On en parle jamais de ça. On préfère dire que le PQ est néo-libéral. Comme George Bush, tsé ?

Électrice: Je commence à allumer, là ! Moi je veux l’indépendance du Québec.

QS: Bonne idée. Mais tant que les fédéralistes sont majoritaires à l’Assemblée nationale, ça sera pas possible d’engager une démarche vers l’indépendance. Celle du PQ, celle d’ON, la nôtre, n’importe laquelle. Ce sera pas possible.

Électrice: Et si je comprends bien, dans beaucoup de comtés, chaque vote pour QS est un vote qui empêche le PQ d’être majoritaire, même en additionnant les deux comtés de QS.

QS: C’est ça. Prenez dans Verdun, par exemple, un comté libéral. La dernière fois, si seulement la moitié des électeurs de QS avaient voté PQ, les Libéraux auraient perdu et ça ferait un député souverainiste de plus à l’Assemblée.

Électrice: QS présente un candidat ?

QS: Oui madame !

Électrice: Est-ce qu’il a des chances ?

QS: À Verdun ? Êtes-vous folle ? Aucune !

Électrice: Donc, voter QS dans Verdun, ou dans Anjou, ou dans beaucoup de comtés où la majorité des Libéraux est faible…

QS: C’est aider les Libéraux à gagner. Exactement. Même chose dans Saint-Henri-Saint-Anne. On divise le vote, la droite gagne. C’est fameux !

Électrice: Donc, vous aidez la droite, dans le fond ! Vous ciblez les députés péquistes les plus progressistes pour leur nuire, puis vous empêchez ceux qui pourraient déloger les Libéraux de le faire ?

QS: Exactement.

Électrice: Pourquoi ?

QS: Parce que nous, on est des purs !.

Électrice: Des purs ?

QS: Oui, tant que c’est pas nous, de QS, qui sommes majoritaires, on veut pas que les autres souverainistes gagnent.

Électrice: Ca va prendre combien de temps avant que QS soit majoritaire ?

QS: Je sais pas. On stagne un peu. 10 ans, 50 ans,100 ans, peut-être? On est pas pressés.

Électrice: 100 ans ? Vous allez aider la droite pendant 100 ans avant de les remplacer ? Alors que si vous arrêtiez de nuire, on pourrait avoir un gouvernement souverainiste et progressiste majoritaire dès le 7 avril ? J’attendrai pas 100 ans. Ma décision est prise. Je vais être bénévole.

QS: Ah, Bravo !

Électrice: Oui mais pas pour vous, je vais aller aider un candidat péquiste progressiste à se faire élire. Merci beaucoup pour vos explications.

QS: Quoi ? Vous allez aider le PQ ? Vous abandonnez nos rêves ?

Électrice: Non monsieur. Pis j’ai une belle citation de René Lévesque pour vous. Il disait: « C’est parce qu’on rêve qu’on fait de la politique, mais on ne fait pas de politique en rêvant ». Alors je vais aller faire dring dring aux électeurs de Québec solidaire et leur dire de se réveiller, parce que notre rêve souverainiste et progressiste, c’est pas avec ceux qui divisent qu’on va le réaliser, mais avec ceux qui rassemblent. Comme René Lévesque l’a fait et comme Pauline Marois le fait.

* Pour l’analyse de comment QS a fait élire 11 fédéralistes il y a 18 mois, c’est ici.

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Jean-François Lisée296 articles

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Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.

Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.





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