Dominique Anglade, cheffe du parti fédéraliste

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« Le parti fédéraliste, au Québec, est de moins en moins l’héritier de Robert Bourassa et de plus en plus celui de Pierre Elliot Trudeau. »


Dominique Anglade l’aura finalement eu facile. Ceux qui ne voulaient pas d’elle à la direction du PLQ n’avaient pas vraiment réussi à lui trouver un adversaire sérieux.  


Alexandre Cusson ne faisait pas le poids. Sans programme, sans idées, il s’était un peu égaré dans cette course, en se laissant convaincre qu’il serait le candidat des régions. Il n’a jamais su trouver le ton qui convenait – il faut dire aussi qu’on ne l’a pas beaucoup entendu.  


Victime politique collatérale de la pandémie, il a dû se retirer de la course parce qu’il n’avait plus les moyens d’y participer.  


Dominique Anglade était maintenant seule en piste. On lui a remis une couronne. Elle est très heureuse de la porter. 








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PLQ 


Elle hérite d’un parti en situation paradoxale. Électoralement, le PLQ se porte mal et semble replié dans ses bastions. Il faut dire toutefois que ces bastions se multiplient et se multiplieront encore sous le poids de l’immigration massive qui entraîne le Québec dans une profonde mutation démographique.  


Autrefois, les forteresses libérales étaient concentrées dans l’ouest de Montréal. Aujourd’hui, on peut dire que Montréal comme Laval dans leur ensemble sont devenues des forteresses libérales. Autrement dit, le PLQ peut perdre une élection, ou deux, même trois, mais il n’est jamais menacé de disparition et il lui suffit de conquérir une portion marginale du vote francophone pour retrouver le pouvoir.  


Qu’entend faire Dominique Anglade du PLQ ?  


Certains, qui s’imaginent malins, aiment rappeler qu’elle s’est retrouvée pendant un temps à la CAQ et croient pour cela qu’elle porte en elle plus ou moins secrètement quelques timides convictions nationalistes.  


Ne nous trompons pas. Dominique Anglade appartenait à l’aile ultrafédéraliste du parti de François Legault, et l’a quitté parce qu’elle le jugeait « trop radical » en matière d’identité et d’immigration. On parle ici d’un parti qui a interdit les signes religieux ostentatoires chez les employés de l’État en situation d’autorité et qui s’est contenté de réduire artificiellement les seuils d’immigration pendant deux ans. Radicales, ces mesurettes ? Qu’on nous permette de sourire. 


Nul ne conteste les vertus politiques et intellectuelles de Dominique Anglade. Elle veut le pouvoir et est prête à prendre et donner des coups pour l’avoir. Qui n’a pas cette qualité n’a pas sa place en politique. 


Mais d’un point de vue historique, son couronnement s’inscrit dans une tendance lourde : celle de la colonisation idéologique du PLQ par le PLC.  


Le parti fédéraliste, au Québec, est de moins en moins l’héritier de Robert Bourassa et de plus en plus celui de Pierre Elliot Trudeau. Multiculturalisme, gouvernement des juges, ultrafédéralisme : tel sera son socle idéologique.  


Convictions 


Elle embrassera aussi la cause environnementale. Ses convictions en la matière sont sincères. Mais elles arrivent en deuxième place, après son trudeauisme.  


Peut-être se dira-t-elle nationaliste pour connecter avec l’électorat francophone. Il faudra immédiatement lui demander ce qu’elle entend par ce terme. Elle risque alors de bafouiller une réponse alambiquée. Ne lui en voulons pas. Il y a des limites à dire le contraire de ce qu’on pense.




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