Diversité, le mot vedette

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La vraie diversité dans l'Amérique du Nord anglo-protestante, c'est le Québec

Justin Trudeau répète sans cesse sa marotte que «la diversité est notre force». On entend périodiquement des demandes pour plus de diversité dans le but d’inclure les femmes et les minorités ethnoculturelles dans les milieux médiatiques, théâtraux, cinématographiques, musicaux ou littéraires. Les exemples ne manquent pas pour comprendre que «diversité» est le mot vedette de notre époque.


On doit reconnaître d’emblée les bonnes intentions derrière ce mouvement et ses réussites sont sans équivoque. Avant et après la 90e cérémonie des Oscars, on vantait l'actuelle diversité du cinéma, que ce soit la réussite exceptionnelle aux guichets pour Black Panther ou bien The Shape of Water, long métrage gagnant de la cérémonie des Oscars qu’on peut qualifier d’ode à la diversité (une femme sourde, une femme noire, un homosexuel et un homme poisson sont les personnages vainqueurs du récit).


Les applaudissements étant maintenant terminés, il est temps de s’arrêter pour penser davantage le concept de «diversité». Cette idée à la fois riche et complexe est comprise en un sens univoque aujourd’hui : on encourage la variété des apparences, que ce soit les couleurs de peau, les sexes ou les orientations sexuelles.


On demandera davantage de Noirs ou d’Arabes sur nos écrans ou bien on les réduira tous sous une même catégorie : minorité visible. On le voit bien, la diversité intellectuelle qui se caractérise dans les arts par la diversité des projets n’est pas mise à l’avant-plan. Boucar Diouf et Dany Laferrière, deux individus qu’on dit Noirs ont des cultures d’origines très différentes, mais ils sont réduits selon cette logique à leur couleur de peau. Dans ce cas-ci, ce n’est pas la diversité qui est à célébrer, mais leur amour profond qu’ils partagent pour le Québec et les Québécois, peuple auquel ils appartiennent à part entière.


Cet accent sur la variété des apparences et principalement sur la couleur de la peau cause une racialisation de nos rapports sociaux. On englobe les Écossais, les Français et les Ruses sous la catégorie «Blanc». Or les habitants de ces pays participent autant à la diversité du monde que les Haïtiens ou les Éthiopiens. Pourtant, on n’entend jamais un groupe ou un chroniqueur revendiquer plus de Québécoises d’origine allemande au théâtre pour la seule et unique raison qu’elles seraient considérées comme blanches et donc déjà amplement représentées sur les planches. On réduit l’individu à sa couleur de peau, ce qui est une conduite raciste, mais comme on le fait au nom du mot vedette de notre époque, on ne condamnera pas ce comportement.


Cette racialisation a aussi une autre conséquence hautement pernicieuse, celle de faire en sorte qu’on ne considère pas la culture québécoise d’avant les années 2000 comme participant à la diversité parce qu’elle est à grande majorité blanche. 


> La suite sur Le Devoir.



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