Devant deux portaits des Québécois

Tribune libre

Bonjour à vous tous! Et c’est avec ces simples mots que je reprends ma citoyenneté de Québécois. La redécouverte de mon identité fera la plume d’un futur récit.
Pour le moment, mon âme est préoccupée par le poète Émile Nelligan et un de ses poèmes intitulés : Devant deux portraits de ma mère. Pourtant, ma mère mourût dès mon jeune âge et je ne saurais imaginer un sourire de ses lèvres fanées. Envers et contre tout, la nostalgie de ce poème s’est emparée de moi jusqu’à ce que je comprenne qu’elle jouait avec tout cette autre nostalgie associée à être Québécois. J’ai donc osé réécrire ce petit chef d’œuvre parce que comme Pierre Falardeau l’a si bien dit dans sa préface sur François Avard : Et quand j’aurai besoin de m’encourager, j’irai fouiller dans son vieux matériel pour lui piquer des idées. Avard appartient à ceux qui en ont besoin. Dans ces temps d’une incertitude lasse, nous aurons tous besoin de nos poètes, auteurs, patriotes… pour se rappeler notre langue et notre patrimoine. Espérant qu’en regardant le portrait de nos ancêtres, nous retrouverons notre volonté de dire et d’agir pour protéger ces deux instruments d’un futur Québec.
Dédié à JP, DA, RE, LC, LDP, DR, MPE, BML and JD qui ont travaillé avec moi et formèrent une extraordinaire équipe Québécoise.
Richard Proteau
DEVANT DEUX PORTRAITS DES QUÉBÉCOIS
Le Québécois, que je l’aime en ce portrait ancien,
Peint aux jours glorieux, lorsqu’il était un jeune patriote,
Sa voix, aux nuances de fleurs-de-lis, tout juste naissante
Tonnait par sa présence délaissant déjà le fier titre de canayen.
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Le Québécois que voici n’est plus du tout le même;
Des référendums perdus ont muselé le timbre de sa nation;
Il a perdu le son clair du temps de sa plus grande aspiration
Où son hymne chanta la liberté de la versification de son poème.
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Aujourd’hui je les compare, et j’en suis triste aussi,
Cette voix nimbée d’indépendance, cette voix accablée de silence,
Ciel bleu, coucher du soleil rouge sur la fin de son existence.
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Mais, mystère de cœur et malgré les avantages de mes soucis!
Comment puis-je ne pas énoncer de mes lèvres fanées
Au portrait qui sourit, une nouvelle promesse de liberté?
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Devant deux portraits de ma mère

Emile Nelligan (Québec, 1879-1941)
Ma mère, que je l'aime en ce portrait ancien,

Peint aux jours glorieux qu'elle était jeune fille,

Le front couleur de lys et le regard qui brille

Comme un éblouissant miroir vénitien !
Ma mère que voici n'est plus du tout la même ;

Les rides ont creusé le beau marbre frontal ;

Elle a perdu l'éclat du temps sentimental

Où son hymen chanta comme un rose poème.
Aujourd'hui je compare, et j'en suis triste aussi,

Ce front nimbé de joie et ce front de souci,

Soleil d'or, brouillard dense au couchant des années.
Mais, mystère de coeur qui ne peut s'éclairer !

Comment puis-je sourire à ces lèvres fanées ?

Au portrait qui sourit, comment puis-je pleurer ?
Ante dos retratos de mi madre
Mi madre, y cómo la amo en este retrato antiguo,

pintado en días gloriosos cuando ella aún era joven,

color de lis la frente y la vista que brilla

como resplandeciente espejo veneciano.
Pero mi madre ya no es en absoluto la misma:

le ahuecan las arrugas el mármol de la frente,

el brillo se opacó de aquel tiempo emotivo

cuando su himen cantaba como un poema rosa.
Ahora mismo comparo, y eso me hace estar triste,

esa frente nimbada y esta frente inquieta:

sol de oro y densa bruma en la edad del crepúsculo.
¡Oh misterio del alma que no puede aclararse!

¿Cómo he de sonreírle a esta boca marchita?

Y al retrato que ríe ¿cómo puedo llorarle?
Versión de Marco Antonio Campos


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    5 mai 2010

    Richard, je suis vraiment bouche-bée. C est touchant et très beau. JP