Projet de loi 14, plus de 200 ans déjà…

Tribune libre

Qu’est-ce que nos ancêtres comme Taschereau, DeSalaberry, Cartier… penserait du projet de loi 14. Est-ce qu’ils s’excuseraient de vouloir protéger le français? Moi je pense qu’ils diraient: « après 200 ans rien n’a changé sinon que c’est pire. »
Voici un extrait du journal de la Chambre de l’Assemblée pour le mois d’avril 1806.
Mr. Beribelot a proposé par Mr. Cartier qu’une humble adresse soit présentée à son Honneur, le Président, le priant de faire avancer à Mr. l’Orateur la somme nécessaire pour la déduction et l’impression des quatre volumes des Précédents de la Chambre des Communes par John Hagfel conformément à la résolution du 18c. Mars 1805 et que cette Chambre pourvoira au remboursement de cette somme.
Mr. Young a proposé en amendement secondé par Mr. Moore de retrancher tous les mots après celui et d’inférer les suivants: « Cette Chambre ne doit pas encourager l’étude d’aucune langue par la traduction de livres anglais, préférablement à la langue de l’empire. »
La Chambre s’est divisé sur la question et les noms ayant été demandés ont été pris comme suit. Pour : Messieurs Moore, Pyke, Mune, Munro et Young. Contre : Messieurs Fortin, Ferriol, Roy, Turgeon, Taschereau, Cartier, Berthelot, Plante, Bedard et DeSalaberry.
On dit que Mr. Ryland, Secrétaire du Gouverneur a refusé dernièrement de recevoir le rapport du Comite du chanvre (Cannabis à faible teneur THC) parce qu’il était en français. Le Comité du chanvre était composé alors de Messieurs dont la langue est la langue française.
Ce manque de respect par les Anglais inspira un poème à l’époque et aussi une chanson sur l’aire de Yankee Doodle
Puisqu’on l’exige,
C’est un abus,
Qu’Anglicanus,
Veut qu’on corrige;
Car qui ne le parlera,
Tant pis pour lui ce fera,
Et pour lui qui ne le pourra,
Tant pis – encore vous dis-je.
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-
Au Canadien,
Ne sert de rien,
De s’en défendre,
Que ces conquis
Chez les Yankies
Aillent l’apprendre,
Celui qui ne l’apprendra,
Mauvais citoyen fera,
Et pour tel on le pendra
Si l’on a droit de pendre.
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-
En vrais Anglais,
Instruisez-les,
Peuple fidèle,
Dans NOS leçons
Nous vous proposons,
Pour modèles;
Et qui se révoltera,
Aaron Boer le punira
Car jamais cet homme là
Ne fit grâce au rebelle.
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-
Obéissons,
Amis marchons,
En Amérique
Chez ces Lurons,
Nous apprendrons,
La politique;
Et puis quand on la saura,
Yankee Doodle on chantera
Après quoi on s’écriera :
Vive la République.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mars 2013

    Merci monsieur Proteau pour cette brève tranche de notre histoire.
    Le pire qui puisse nous arriver comme peuple ce sera d'avoir perdu cet esprit combatif.