Desjardins: sauveur du monde

Tribune libre

J’apprends par le journal que deux Caisses Desjardins de Québec (dont la mienne) ont fait (mai 2022) une remise de 110 000. $ à sept salles de spectacle de la ville de Québec; l’intention serait aussi d’améliorer la culture de certains citoyens en manque de fonds! 



Ces Caisses ont-elles consulté les membres et obtenu leur assentiment? Aucunement; pas un instant!



Ces Caisses considéreront-elles cette générosité débordante comme une ristourne aux membres et à des non-membres?



Faut-il s’attendre à ce que le Mouvement Desjardins au complet emboîte le pas à ces deux Caisses de Québec et verse des millions à toutes les salles de spectacle de toute la province? Et que penser des églises catholiques qui s’écroulent partout au Québec par manque de fonds? Desjardins ne va-t-il pas les sauver du pic de démolition?



Avec l’argent des sociétaires exploités par leur coopérative financière, l’autorité en pouvoir se sent le coeur sur la main pour sauver la culture du Québec en manque de liquidité. 



Au nom de quoi au juste nos dirigeants se croient-ils légitimés d’être aussi généreux envers des citoyens qui ne sont peut-être même pas membre de Desjardins! Desjardins se prend pour le "Bon Dieu" des banques, la banque du peuple et des gouvernements laxistes : après le Christ Sauveur du monde, voici Desjardins, la banque Sauveuse des moribonds!



Desjardins a perdu l’âme de ses fondateurs Dorimène et Alphonse Desjardins : il épouse depuis Claude Béland celle d’une banque caritative pour aider les dénués de la communauté. Nos dirigeants se prennent pour des disciples du communisme économique égalitaire; sont-ils tombés dans cette potion totalitaire, qui seule se croit capable de rendre ce monde paradisiaque?



Mais qu’est donc devenu l’assemblée générale des membres soi-disant souveraine à la distribution des trop-perçus, ces "trop donnés" par tous les sociétaires durant l’année financière? Quand les membres exercent-ils réellement leur pouvoir décisionnel au partage des profits financiers qui leur sont soutirés? Si des oligarques s’autorisent avant la fin des opérations annuelles à donner aux nécessiteux de la ville, une récolte importante des affaires bancaires capitalistes, qu’ont à dire les exploités, ces membres en règle de la coopérative?



Il y a des limites à se prendre pour le "Bon Dieu", surtout quand on ne l’est pas. Dorimène et Alphonse Desjardins ont inventé une coopérative financière non pas pour faire la charité à tout un chacun, mais pour que les sociétaires de la coopérative se prennent en main, et en retirent eux-mêmes les bénéfices de leur exploitation. 



La générosité d’une coopérative financière doit être parcimonieuse, raisonnable et de bon aloi : 110 000. $ à des propriétaires de salles de spectacle et la culture, ce n’est ni parcimonieux, ni raisonnable, ni de bon aloi : c’est de l’inacceptable favoritisme et d’une complicité douteuse.



Il faut dénoncer ces "combinaisons" lesquelles, depuis Claude Béland, se multiplient trop souvent chez Desjardins. Ne pas dénoncer de telles libertés financières prises par l’autorité seule, c’est cautionner son abus de pouvoir drapé dans la toge du coopératisme.


Cette façon de faire n’est pas de la coopération : c’est de la pure exploitation de la crédulité des sociétaires qui ne peuvent se braquer contre ces abus de confiance de l’autorité.



Rappelons ici cette maxime qui devrait servir de prière avant chaque séance des conseils d’administration : 


"Le pouvoir tend à corrompre, le pourvoir absolu corrompt absolument."


Lord Acton (1834 - 1902)



Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé