Desjardins: dégénérescence profonde du coopératisme (partie 2 de 2)

"Desjardins va trop loin" Claude Béland, 2011

Tribune libre

Les membres n’ont assurément plus le contrôle de leur coopérative; c’est le moins que l’on puisse dire! Pire : depuis 2010 et Monique F. Leroux, si vous osez critiquer la direction de vos élus, vous risquez l’exclusion arbitraire et radicale par les règlements de régie internes 4.6 et 4.7; la condamnation viendra pour avoir prononcé ce qu’ils qualifieront des propos offensants! Sous des assertions complètement fallacieuses, vous serez exclu comme un chien galeux. Et il en sera terminé de votre coopération! On vous dira d’aller voir ailleurs: drôle de démocratie, n’est-ce pas?



Le coopératisme s’est transformé en dictature communiste; et la mutation est profonde : plusieurs journalistes, analystes économiques et citoyens l’observent facilement. Quand une Caisse (la mienne : la Caisse d’économie solidaire Desjardins) ne redonne plus aucune ristourne à ses membres individuels afin de ne favoriser que quelques membres entreprises qu’elle considère comme « socialement responsables », il faut s’interroger à savoir ce qu’en penserait Alphonse Desjardins pour qui le Retour Sur Investissement (RSI) d’une coopérative financière devait nécessairement revenir à tous ses sociétaires. Pour les fondateurs, c’était l’indépendance financière de tous les membres qui importait.


Quand une institution financière qui se dit « coopérative » ne distribue les trop-perçus qu’à une minorité privilégiée et choisie par la direction, il y a là un accroc majeur à la doctrine et un grave danger de corruption? Ce n’est pas une question de gagner contre la direction de la coopérative, mais de se respecter en tant que sociétaire; en nous respectant, nous sommes tous gagnants immanquablement, mais en ne nous respectant pas, nous sommes tous vaincus assurément. 



Alphonse Desjardins ne voulait pas tuer le capitalisme; il voulait l’utiliser, le rendre plus humain, à visage plus humain par le coopératisme. Il a réussi! Là, le Desjardins actuel utilise les humains, utilise la majorité et leurs capitaux pour une minorité soi-disant plus socialement responsable: c’est de l’abus d’autorité, de l’abus de conscience par un discours douteux et c’est immoral, car ça se fait au nom du coopératisme. Dans toute moralité, la charité bien ordonnée commence par soi-même, même en coopération, surtout en coopération, la vraie.



Desjardins doit s’amender et revenir à l’essentiel et à l’essence du coopératisme, sinon il doit changer de nom et de type d’entreprise. Desjardins n’est pas une organisation philanthropique ni un gouvernement régional.



Dorimène et Alphonse Desjardins nous ont montré à garder le capital à sa place; mais le loup continua de rôder autour de la bergerie. Des barrières cédèrent avec le temps (disparition du conseil de surveillance et de la commission de crédit) et le loup, rusé, s’infiltra imperturbablement, graduellement, évidemment. Avec Claude Béland, ce fut l’instauration de la rémunération incitative (boni au rendement d’objectif de vente atteint); avec Alban D’Amours, les dirigeants élus réclamèrent leur ration du loup libéré dans la bergerie, et avec Monique F. Leroux, cette dernière fit taire la grogne qui s’élevait de toute part: ses règlements 4.6 (saine conduite d’un membre) et 4.7 (réprimande, suspension, EXCLUSION) furent implantés partout pour faire peur aux sociétaires trop démocrates et pour plaire aux agences qui menaçaient de décoter Desjardins.



Les petites Caisses populaires n’existent plus: aujourd’hui c’est Desjardins, c’est gros et c’est figé. Peut-il revenir à l’essence du coopératisme financier? Seule la volonté des sociétaires librement exprimée peut favoriser ce retour, mais avec 4.6 et 4.7 de Monique F. Leroux, les membres ont un couteau sur la gorge! 



À l’émission « Zone économie » de Radio-Canada, Claude Béland déclara ironiquement en 2011 : « Desjardins va trop loin »! Celui par qui le scandale commença reconnaissait enfin les abus du Mouvement et l’actuelle dégénérescence profonde du coopératisme. 



Il faut être audacieux et envahir les assemblées générales annuelles du printemps 2023, sinon il y a un risque sérieux que notre voix ne compte même plus! Peut-être qu’il en est déjà ainsi… Desjardins serait devenu une malédiction, une calamité pour ses propres sociétaires.




François Champoux, Trois-Rivières, 30 octobre 2022



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1 commentaire

  • Normand Bélair Répondre

    1 novembre 2022

    Observation:


    Je suis membre depuis…toujours chez Desjardins. Cette année j'ai eu un problème avec mon hypothèque qui est à la Caisse du Plateau Mont-Royal. Je n'obtenais pas de service, donc je me suis à chercher sur le site web, le nom d'un responsable...


    Que fut ma surprise de constater que parmi la vingtaine de conseiller...95% étaient d'origine immigrante! Je suis tombé en bas de ma chaise! C'est rendu que le Québécois est rendu minoritaire dans une institution qui ne peut être plus québécois. C'est maintenant nous qui sommes minoritaire, tout ça au nom de la diversité. 


    Ça explique le pourquoi des publicités télévisuelles qui a que des ethnies pour représenter les valeurs des Caisse Desjardins.


    Quelle tristesse, quand nous faisons de la place pour tous, sauf nous…