La réplique › Médias

Des propos indignes d'un p.-d.g. de Radio-Canada

L'affaire Desmarais



Le déclencheur ›
Le rôle et les responsabilités, mais surtout la place qu'occupe le président de CBC/Radio-Canada, prestigieux organisme gouvernemental, auraient pu nous laisser croire que le titulaire de pareille charge aurait eu la grandeur d'éviter de s'humilier au point d'utiliser une tribune qui lui était offerte pour satisfaire ses rancunes personnelles. Malheureusement, ce ne fut pas le cas vendredi dernier lors de l'allocution qu'a prononcée Hubert T. Lacroix devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Pis encore, le leader de cette organisation, dont une partie importante de la subvention de plus de 1,1 milliard de dollars que lui attribue le gouvernement fédéral est destinée à l'information des Canadiens, a encore une fois manqué de respect à la vérité pour mieux servir son opération de sape de notre entreprise démarrée il y a maintenant plus de quatre ans.
Probablement trop accaparé par son rôle de président du conseil de la société Fibrek qui fait l'objet d'une offre non sollicitée, et forcé de reprendre le travail fait par la direction des communications de CBC/Radio-Canada, il aura répété le message que ses spin doctors avaient pondu il y a peu de temps pour discréditer le témoignage que j'ai été appelé à rendre, en raison d'une convocation en bonne et due forme, devant le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique de la Chambre des communes, pour démontrer que CBC/Radio-Canada se défile par tous les moyens de ses obligations de transparence en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, privant ainsi les Canadiens du droit de savoir comment sont dépensées leurs contributions citoyennes.
Opération de dénigrement
Cette stratégie est d'autant plus méprisante à l'endroit des Canadiens qu'elle provient d'une société de la Couronne qui prétend divertir et informer la population avec toute la transparence et la rigueur qui devraient accompagner cet exercice. Quebecor a déjà eu l'occasion de répondre au tissu de faussetés propagées par la direction de CBC/Radio-Canada. Mais il apparaît incroyable qu'elles soient à nouveau relayées directement par son p.-d.g. devant public. C'est à proprement parler inimaginable, sinon dans des pays où la démocratie est à géométrie variable, qu'un haut fonctionnaire se fasse le complice d'une opération de dénigrement de cette envergure.
Dans la foulée du procès récemment effectué par le reportage sans fondement sur Quebecor de la généralement très bonne émission Enquête, Hubert T. Lacroix, digne d'un Vychinsky, a choisi d'instruire lui aussi uniquement à charge, compromettant ainsi la dignité de sa fonction.
Comment peut-on en effet soutenir sans rire des énormités comme celle qui voudrait que Quebecor ait bénéficié d'aides publiques de l'ordre de 333 millions de dollars pour l'acquisition de spectre AWS en vue d'exploiter un réseau de communications sans fil? Tous les experts, et même les opérateurs historiques qui se plaignent encore du prix trop élevé qu'ils prétendent avoir payé, reconnaissent que les enchères de 2008 ont été les plus généreuses pour le Trésor canadien qui a encaissé plus de 4,3 milliards de dollars plutôt que le 1,5 milliard prévu initialement.
Un propos démagogique en accompagnant un autre, comment peut-on aussi soutenir uniquement que Quebecor reçoit des subventions pour le financement de la programmation télévisuelle alors qu'elle verse des contributions encore plus élevées que ce qu'elle reçoit au Fonds des médias du Canada, le principal organisme subventionneur?
Punition publicitaire
Quant au regard méprisant accompagnant l'affirmation du p.-d.g. de la télévision d'État — «et, en toile de fond, toujours ces lettres de Pierre Karl qui m'accusent de ne pas annoncer dans Le Journal de Montréal ou dans les journaux de Sun Media», il n'a servi qu'à dénaturer encore plus les propos que je tenais dans cette correspondance. Ce que je dénonce dans ces lettres, ce sont les mesures discriminatoires prises contre nos médias par CBC/Radio-Canada parce qu'ils exercent un droit fondamental protégé par les chartes des droits et libertés, soit la liberté de presse, en critiquant, comme c'est leur devoir de le faire, les actions d'une société d'État.
Il n'y a que les médias de Corporation Sun Media, comme Le Journal de Montréal, Le Journal de Québec et les quotidiens Sun, qui portent les principes journalistiques assez haut et qui ont les reins assez solides pour souffrir la punition de millions de dollars d'annonces publicitaires dont les prive un annonceur de la taille de CBC/Radio-Canada, dollars qui se retrouvent bien sûr chez nos concurrents pour que notre punition soit bien sentie deux fois plutôt qu'une. Habituellement si prompte à dénoncer, à juste titre d'ailleurs, quelque forme de discrimination que ce soit, la direction de CBC/Radio-Canada fait preuve ici d'une hypocrisie intenable. En vertu d'une telle logique, son p.-d.g. nous invite à choisir entre la bonne et la mauvaise discrimination. En véritable démocratie, il n'existe aucun principe de cette nature.
Les accusations proférées à notre égard par monsieur Lacroix démontrent qu'il a tout faux et qu'il est grand temps qu'il laisse son siège de p.-d.g. de CBC/Radio-Canada à une personne qui saura redonner à la fonction ses lettres de noblesse.
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Pierre Karl Péladeau - Président et chef de la direction de Quebecor, Quebecor Média et Corporation Sun Media


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