Des pays ébranlés aux profils variés

Jeunes et autocratiques, les États arabes diffèrent aussi sur bien des plans

Géopolitique — Proche-Orient



Claude Lévesque - Les révoltes populaires qui agitent le monde arabe depuis plusieurs semaines se produisent dans des pays dont la population est jeune, mais qui sont menés depuis très longtemps par des dirigeants autoritaires et vieillissants, déconnectés des préoccupations de leurs peuples. Ces caractéristiques sont communes à presque tous les pays de la région, mais on note aussi des différences importantes entre les pays.
Parmi les 22 pays membres de la Ligue arabe, trois ont un Parlement élu selon des règles calquées sur celles des démocraties occidentales, quoique l'État n'arrive pas à y asseoir son autorité: l'Irak, le Liban et les Territoires palestiniens.
Ailleurs, il s'agit soit de monarchies, absolues ou constitutionnelles à divers degrés (au Maroc, en Jordanie et dans la péninsule arabique, Yémen excepté), soit de républiques dirigées avec une main de fer. Dans le premier groupe, les pétromonarchies du Golfe constituent des pouvoirs traditionnels combinant les solidarités tribales, l'argent du pétrole et une modernité se limitant généralement aux aspects techniques et matériels. Elles paraissent les moins menacées dans l'immédiat.
Certains pays sont plus susceptibles que d'autres de voir leur régime ébranlé et possiblement renversé par la clameur de la rue, quoiqu'il soit périlleux de faire des prédictions.
Yémen: le régime de ce pays situé dans le sud-ouest de la péninsule arabique pourrait être le prochain à vaciller. Depuis au moins deux semaines, des manifestants réclament la démission du président Ali Abdullah Saleh, au pouvoir depuis 1978. Ce pays semble vivre un scénario à l'égyptienne, puisque le chef de l'État a promis de ne pas solliciter un nouveau mandat et d'ouvrir un dialogue avec l'opposition. Après les nombreuses manifestations de l'opposition, les partisans du président Saleh se sont approprié hier le centre de la capitale, Sanaa.
Jordanie: plusieurs manifestations contre la hausse des prix ont eu lieu depuis un mois, mais leur importance semble avoir diminué depuis qu'un dialogue s'est ouvert entre le gouvernement et des acteurs de la société civile, dont les Frères musulmans. Néanmoins, une manifestation a encore réuni un millier de personnes hier à Amman.
Algérie: le président Abdelaziz Bouteflika a promis jeudi de lever l'état d'urgence, en vigueur depuis 19 ans. En janvier, des affrontements entre des manifestants dénonçant la vie chère et les forces de sécurité avaient fait cinq morts. Les militants pro-démocratie prévoient une marche le 12 février.
Syrie: un appel à manifester contre la «monocratie, la corruption et la tyrannie», lancé dans Internet, n'a pas été suivi hier en Syrie. Un groupe Facebook, qui avait réuni des milliers de membres, avait lancé un appel à manifester sous le slogan «La révolution syrienne 2011». Samedi dernier, les forces de l'ordre avaient déjà empêché un sit-in organisé par un groupe de jeunes près de l'ambassade de l'Égypte à Damas.
Maroc: environ 200 personnes ont manifesté hier à Rabat pour exprimer leur solidarité avec les Égyptiens qui demandent le départ du président Hosni Moubarak. Lundi, plusieurs dizaines de personnes avaient déjà manifesté devant l'ambassade de l'Égypte, en solidarité avec le mouvement pour la démocratie dans ce pays.
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avec l'Agence France-Presse
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