Des millions engloutis dans une agence de sécurité insolvable

L'Affaire Tomassi - actualité 2011


En avril dernier, le Parti québécois a révélé que des Fonds d'investissement économiques régionaux (FIER) qui devaient servir à stimuler la croissance de régions comme le Saguenay investissaient dans des entreprises de Montréal, dont B.C.I.A. (notre photo). Photo: François Roy, La Presse

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L'agence de sécurité de Montréal B.C.I.A., dans laquelle le gouvernement provincial et le Mouvement des caisses Desjardins ont englouti des millions de dollars, vient de se déclarer insolvable. L'agence, présidée par l'homme d'affaires Luigi Coretti et employant plus de 1000 personnes, s'est placée sous la protection de la Loi sur la faillite, hier.
Elle doit près de 20 millions de dollars à ses créanciers. Le plus important est constitué par la Caisse centrale Desjardins et par Desjardins Capital de risques, pour un total de 10 millions. Il est suivi par les Fonds d'investissement économiques régionaux (FIER), organismes massivement financés par l'État québécois, à hauteur de 6,3 millions.
Ce sont autant de millions de dollars que Desjardins et l'État risquent de perdre. Le total des actifs de B.C.I.A. (Bureau canadien d'investigations et d'ajustements) sera présenté d'ici quelques jours aux 125 créanciers. En 2008, ces actifs s'élevaient à une douzaine de millions de dollars, a indiqué hier le représentant du syndic, Stéphane Lachance.
Les possibles pertes de l'État québécois pourraient faire l'objet de nouveaux débats à l'Assemblée nationale. En avril dernier, le Parti québécois a révélé que des FIER qui devaient servir à stimuler la croissance de régions comme le Saguenay investissaient dans des entreprises de Montréal ou de la région métropolitaine. Parmi elles se trouvaient des société dans lesquelles des administrateurs de FIER avaient des intérêts.
Les FIER ont été créés par le gouvernement Charest en 2004 comme outil majeur de croissance pour les régions du Québec. L'État injecte deux dollars pour chaque dollar investi dans le privé. Jusqu'à maintenant, le gouvernement a investi environ 200 millions et le privé, une centaine de millions. On compte une trentaine de FIER.
Contributions au PLQ
Le FIER-Boréal 02, établi au Saguenay-Lac-Saint-Jean, a investi un million de dollars dans B.C.I.A, de Montréal. Un des administrateurs du FIER-Boréal est Pietro Perrino. Ancien président des jeunes du Parti libéral du Québec, M. Perrino a travaillé à la campagne électorale de Jean Charest en 1998, et celui-ci l'a nommé au conseil d'administration de la Société des alcools du Québec en 2004. M. Perrino est également administrateur du FIER-Ville-Marie, à Laval, qui a lui aussi investi un million dans B.C.I.A.
En mai dernier, le député adéquiste François Bonnardel a indiqué que le président de B.C.I.A., Luigi Coretti, avait versé des contributions de 7900 $ au Parti libéral au cours des trois années précédentes. M. Coretti a répliqué en indiquant que c'était son droit le plus strict que de participer ainsi à la vie démocratique du Québec.
Le FIER Sherbrooke et le FIER CPVC, de Montréal, figurent sur la liste des créanciers garantis, pour 1 million de dollars chacun, et sur celle des créanciers non garantis, pour 2 135 000 $ chacun.
B.C.I.A. a été fondée il y a une douzaine d'années. Cette agence a occupé des bureaux dans l'immeuble de la firme Simard-Beaudry, de l'homme d'affaires Tony Accurso, sur le boulevard Saint-Elzéar Est à Laval (un des actionnaires de B.C.I.A. est toujours situé à cette adresse). Puis elle a déménagé au Marché central, à Montréal.
Importants contrats
L'entreprise a fondé Centurion, filiale spécialisée dans le transport de valeurs. Son parc automobile est constitué de 125 véhicules et d'une dizaine de fourgons blindés pour le transport d'argent. Elle a obtenu d'importants contrats de sécurité auprès des organismes publics, notamment la Société des alcools du Québec, la Commission scolaire de Montréal, le Service de police de Montréal et la Ville de Montréal, pour la surveillance de la station des eaux usées.
Une entreprise soeur, la North American Security Services, a également envoyé un avis d'intention de faire une proposition à ses créanciers. Cette firme, surtout active en Ontario, doit 1,3 million de dollars à des créanciers non garantis.
- Avec la collaboration de Francis Vailles

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André Noël30 articles

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André Noël a étudié en géographie à l'Université de Montréal et en journalisme à Strasbourg. Après avoir été rédacteur à la Presse canadienne, il est entré à La Presse en 1984. Il a toujours travaillé dans la section des informations générales, où il a mené des enquêtes très variées.





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