Tony Tomassi - Tant de ficelles

L'Affaire Tomassi - actualité 2011



Comment mieux illustrer les limites des enquêtes policières que par ces accusations déposées contre le député Tony Tomassi? Ministre de la Famille du gouvernement Charest, il a d'abord, et à répétition, été mis sur la sellette en raison de l'attribution de places à des garderies privées administrées par des donateurs du Parti libéral. Le gouvernement le défendra bec et ongles dans ces dossiers. C'est finalement une obscure affaire de carte de crédit qui conduira à son expulsion du caucus libéral.
C'est toujours cette mystérieuse carte de crédit, que lui avait fournie Luigi Coretti, propriétaire controversé de l'agence de sécurité BCIA, qui est au coeur des accusations portées par l'Unité permanente anticorruption. On peut croire que le troisième chef d'accusation, celui d'abus de confiance envers le gouvernement, couvre la curieuse attribution de places en garderie. Mais on ne peut que supputer, on n'en sait rien encore. La logique des enquêtes policières suivra son cours.
La logique de la santé démocratique, elle, reste toujours bien mal desservie. Peut-on obliger M. Tomassi à renoncer à son statut de député? C'est très compliqué, une montagne de procédures à escalader. Il est clair que la présomption d'innocence est un principe incontournable, mais il est curieux que l'accusation d'abus de confiance liée à son statut d'élu n'ait pas plus de répercussions à l'Assemblée nationale. Même pas un cas de suspension, alors que c'est l'essence même de la démocratie qui est ici touchée. Peut-être qu'autrefois on comptait sur le sens de l'honneur d'un élu pour qu'il tire sa révérence quand c'est la manière même de remplir sa fonction qui était remise en cause. Mais la procédure n'a rien prévu pour nos temps durs où l'honneur n'a plus cours.
Par ailleurs, les enquêtes policières ciblent un individu. Mais les ficelles, elles, qui nous les démêlera? Il y en a tant autour de M. Tomassi. On tire celle le liant à M. Coretti, on trouve l'agence BCIA, qui mène à l'ancien président du comité exécutif de Montréal Frank Zampino (surveillance gratuite de son domicile), à l'ancien chef du Service de police de Montréal Yvan Delorme, parti précipitamment à la retraite dès que le nom de BCIA est sorti dans les médias (surveillance du quartier général de la police), à l'ancien ministre Jacques Dupuis (sollicité directement pour un permis de port d'arme)...
On tire la ficelle «garderies», c'est, notamment, Joe Magri, son ami d'enfance et partenaire de financement politique (dont pour la campagne municipale de Jacques Duchesneau!), qui surgit. M. Magri a bénéficié de places subventionnées, même si son projet de garderie n'avait obtenu qu'un «D» dans l'évaluation faite par le ministère de la Famille. Il a aussi été le maire de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles, qu'il a quitté l'an dernier pour des raisons de santé et où sa successeure, Chantal Rouleau, vient de dénoncer l'omniprésence d'entreprises liées au crime organisé dans les contrats municipaux.
Tout cela soulève des interrogations légitimes. Un arbre à la fois ne permettra jamais de voir la forêt. Mais une enquête publique, elle...


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