Des militants de Greenpeace ont bloqué lundi le site de transbordement du pétrole transporté par le pipeline 9B, situé dans l’Est de Montréal. Leur action, qui a duré une bonne partie de la journée, a paralysé les opérations de chargement des pétroliers utilisés par Valero pour alimenter sa raffinerie de Lévis, la plus importante du Québec.
Dans un coup d’éclat visiblement bien planifié, les militants ont investi très tôt lundi matin le site situé dans la partie est du Port de Montréal. Trois d’entre eux ont escaladé des tours utilisées pour le chargement des pétroliers qui font la navette entre Montréal et la raffinerie de Valero, à Lévis, brandissant une banderole sur laquelle on pouvait lire « Protégeons l’eau et le climat ».
D’autres manifestants se sont enchaînés au portail d’entrée du site afin d’en bloquer l’accès. Des écologistes en kayak se sont aussi rendus sur place en passant par le fleuve Saint-Laurent, s’arrêtant tout près du pétrolier Lysias, qui était amarré au quai de chargement.
Le Service de police de la Ville de Montréal est intervenu à partir de la fin de l’avant-midi. Les policiers ont arrêté tous les militants. Des camions de pompiers munis de grandes échelles ont d’ailleurs été utilisés pour déloger les militants juchés dans les tours. Les derniers activistes ont été interpellés en milieu d’après-midi lundi.
Non aux pipelines
Les écologistes de Greenpeace voulaient ainsi dénoncer l’utilisation du pipeline 9B, construit en 1975, pour transporter du pétrole jusqu’à Montréal. « Faire circuler du bitume dans le vieux pipeline Ligne 9b menace l’eau potable de près de deux millions de personnes de la région de Montréal. Ce pipeline n’aurait pas dû être autorisé sans le consentement des Premières Nations et des communautés qui vivent le long de son tracé », a d’ailleurs résumé lundi Mel Goyer, une des deux activistes enchaînées à la grille d’entrée du site.
Le pipeline 9B d’Enbridge transporte du pétrole de l’Ouest canadien jusqu’au Québec depuis décembre 2015. L’entreprise Enbridge a toutefois dû multiplier les travaux d’excavation et de réparations sur sa conduite depuis le début de l’année 2016.
Les données officielles compilées par Le Devoir à partir des « notifications » déposées par Enbridge à l’ONE révèlent en effet que l’entreprise est intervenue directement sur son pipeline 9B à 63 reprises, dont 41 fois en Ontario et 22 fois au Québec. Une situation qui démontre que l’entreprise connaît des problèmes de dégradation de son pipeline, a d’ailleurs conclu un expert de ce type d’infrastructures.
En plus des huit municipalités du Québec où des travaux de réparations ont été menés depuis le début de l’année, le pipeline 9B traverse le territoire de Terrebonne, de Laval et de Montréal-Est. Il traverse aussi la rivière des Mille-Îles et la rivière des Prairies. Le pipeline 9B transporte présentement 270 000 barils de pétrole brut chaque jour. Dans un an, le débit quotidien devrait passer à 300 000 barils par jour.
Activités interrompues
L’entreprise Valero, qui exploite le site de transbordement bloqué lundi par des écologistes, a confirmé au Devoir que les militants « sont entrés par effraction sur le site de nos activités portuaires ce matin, interrompant nos activités normales ».
« Il est déplorable que des individus aient agi de façon illégale et hasardeuse en mettant en péril leur sécurité, celle de nos employés et celle des intervenants et voisins immédiats », a ajouté la pétrolière, qui exploite la plus importante des deux raffineries du Québec. Celle-ci peut raffiner jusqu’à 265 000 barils de pétrole brut chaque jour. Depuis l’inversion du flux de pétrole dans le pipeline 9B, deux pétroliers transportent régulièrement du pétrole de Montréal jusqu’à cette raffinerie.
« Tout le monde a besoin de l’énergie que nous livrons, du gaz naturel, des énergies renouvelables et du pétrole. Nous comptons tous sur elle pour notre vie quotidienne et il est de notre responsabilité de fournir toutes ces formes d’énergie, et de le faire de façon responsable. Et nous le faisons », a pour sa part fait valoir le porte-parole d’Enbridge, Éric Prud’Homme, dans une réponse écrite.
Le Port de Montréal n’a pas souhaité réagir au coup d’éclat des écologistes qui ont déjoué la sécurité lundi. On a simplement invité Le Devoir à contacter Valero, qui exploite ce site de chargement de pétroliers.
Message à Trudeau
L’action menée par des militants de Greenpeace était en outre l’occasion de réitérer l’opposition de l’organisation au pipeline Trans Mountain, de Kinder Morgan. Ce projet a été approuvé la semaine dernière par le gouvernement de Justin Trudeau. Une fois construit, le pipeline servira à transporter du pétrole des sables bitumineux vers la côte ouest, en vue de son exportation vers l’Asie.
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