Notre système de santé est malade

Des médecins québécois se réveillent fort heureusement

Les gouvernements, libéral ou péquiste, ont créé un monstre

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Tribune libre

Pourquoi chialer? Le Québec va bien économiquement. Le taux de chômage est à son plus bas. Le temps d’attente dans nos urgences n’est que de 4 à 5 heures pour les clients qui ne sont pas sur civières. Une attente de six mois et plus pour des chirurgies est quelque chose de normal au Québec. Pourtant ce n’est pas une question d’argent, selon le ministre de la santé.


Savez-vous quoi? Le problème est que le ministère de la santé est dominé et contrôlé par les corporations médicales et pharmaceutiques. Il y a une dizaine d’années, nos médecins étaient sous-payés par rapport au reste du Canada, mais maintenant ils sont les mieux payés du pays. Alors pourquoi n’avons-nous pas de meilleurs services sociaux et de santé? 


Quelques témoignages de médecins consciencieux


« L’entente conclue entre la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) et le gouvernement coûtera environ 2 milliards de dollars en hausses de salaire rétroactives et futures… Le médecin spécialiste et urgentologue [Mélissa Ranger->http://www.journaldemontreal.com/2018/02/26/des-medecins-ne-veulent-pas-de-laugmentation-1] fait partie des 250 docteurs et étudiants qui ont signé une lettre ouverte demandant d’annuler les hausses salariales de 2 milliards de dollars accordées aux médecins spécialistes par le gouvernement… En tant qu’urgentologue, elle voit quotidiennement des patients « fâchés et épuisés, pris en otage dans un système déficitaire »… Ces augmentations sont d’autant plus choquantes que nos collègues infirmières, préposés, commis et autres professionnels subissent des conditions de travail très difficiles tandis que nos patients vivent avec le manque d’accès aux services requis à cause des coupures draconiennes… Le système de santé est malade, plaide-t-elle, jugeant que cet argent serait plus utile ailleurs. »


« Le chirurgien orthopédiste [Julio Fernandes ->http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1085584/entente-quebec-federation-medecins-specialistes-malaise-palpable] n’est pas étonné de la réaction sociale. « Trop, c'est comme pas assez à un moment donné. Je fais partie de ceux qui disent "est-ce qu'on peut réorganiser les services?". Mais payer deux ou trois fois plus pour poser les mêmes gestes sans qu'il y ait une répercussion importante dans les soins aux malades est inacceptable…La société va nous dire "écoutez, franchement, ça n’a pas d’allure". »


De quelle maladie souffre notre système de santé?


Le ministère de la santé, comme tous les ministères, reçoit une enveloppe budgétaire fermée provenant du ministère du trésor. Tous les ministères doivent de débrouiller avec les moyens du bord. Normalement ils évaluent d’abord les besoins de leur clientèle et puis définissent les priorités à suivre selon leur budget alloué par le gouvernement. Que fait-on au ministère de la santé? L’inverse! À l’opposé de toute logique administrative, il commence par la rémunération des médecins et le reste va aux soins de santé et à son personnel.  


Avez-vous une petite idée combien nous coûte la rémunération des médecins? Voici ce que nous dit Guillaume Hébert -> http://www.journaldemontreal.com/2017/08/22/cardiologues--88-000-daugmentation La rémunération totale des médecins omnipraticiens dépasse maintenant les 2,5G$ et que celle des médecins spécialistes dépasse les 4,6G$. Ensemble, la dépense s’élève à 7,1G$. Il est utile – terrifiant ? – de comparer cette dépense médicale avec les budgets des autres ministères du gouvernement québécois. Ce faisant, on s’aperçoit que l’on verse collectivement aux quelques 20 000 médecins un montant équivalent à ce que l’on a donné en 2015-2016, tout ensemble aux :



  • ministère de la Sécurité publique (1373M$),

  • ministère de la Justice (901M$),

  • ministère de l’Agriculture, des pêcheries et de l’alimentation (899M$),

  • ministère des Transports (685M$),

  • ministère de la Culture et des communications (673M$),

  • au ministère de l’Économie, de l’innovation et des exportations (591M$),

  • à l’ensemble des organismes communautaires (585M$, financés par le MSSS),

  • au ministère de la Forêts, de la faune et des parcs (475M$),

  • au ministère du Développement durable, de l’environnement et de la Lutte aux changements climatiques (184M$),

  • au ministère de l’Immigration, de la diversité et de l’inclusion (168M$),

  • au ministère des Relations internationales et de la Francophonie (140M$),

  • au ministère du Tourisme (124M$),

  • le ministère de l’Énergie et des ressources naturelles (79M$)

  • ainsi qu’au fonctionnement de l’Assemblée nationale (123M$)

  • et de l’ensemble de ses « personnes désignées » (100M$), soit du Vérificateur général, du Protecteur du citoyen, du Directeur général des élections, du Commissaire au Lobbyisme et du Commissaire à l’éthique et à la déontologie... »


Au fil des ans, par intérêt électoral et soumission aux grandes  puissances économiques, les gouvernements tant péquistes que libéraux ont créé un véritable monstre médical qui contrôle l’État et détient les malades en otage. Qui va rétablir le pouvoir réel de l’État et de la population sur ces privilégiés? Petons briser les ententes accordées volontairement aux médecins? Non! Ce qui peut être fait, cependant à moins qu’ils y renoncent volontairement,  est de geler leurs salaires pour des années avenir.


Comme futur ministre de la santé, voici mes solutions :


1. Finies les subventions au privé des cliniques médicales leur permettant une voie royale d’évasion fiscale.


2. Finies les déductions d’impôts aux personnes qui ont les moyens économiques de faire appel au privé pour leurs services médicaux.


3. Finies les subventions aux garderies,  écoles et laboratoires privés.


4. Finis les cadeaux cachés comme les primes jaquettes, d’assiduité et de frais accessoires aux médecins ou tout autre personnel soignant. 


5. Finie l’évaluation des équivalences des diplômes de médecins étrangers par le collège des médecins ne respectant pas leurs compétences et diplômes. 


6. Oui, pour ouvrir les portes de nouvelles cliniques médicales d’infirmières pour mettre fin au seul accès aux soins via les urgences d’hôpitaux.


7. Oui, pour que les régions aient les médecins généralistes et spécialistes  dont elles ont besoin.


8. Oui, pour la création d’une société Pharma-Québec dans le but de payer le juste prix de nos médicaments et de cesser les ristournes aux médecins.


9. Oui, pour financer les soins à domicile et soutenir économiquement les aidants naturels.


10. Oui, pour investir davantage en santé publique, étant donné que c’est le Québec qui dépense le moins en soins de santé au Canada.


En vue des prochaines élections de novembre prochain, exigeons de chacun des partis politiques un plan d’action concret, chiffré, capable de repenser de fond en comble  le ministère de la santé pour que nos milliards en santé ne favorisent plus les médecins mais qu’ils soient distribués équitablement dans tous les autres secteurs et  répondent efficacement à l’accès aux soins de toute la population québécoise. Pour être élu, le futur gouvernement devrait répondre à cet impératif.


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Marius Morin130 articles

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Citoyen du Québec, Laval, Formation universitaire, Retraité toujours
interpellé par l'actualité socio-politique

Laval





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1 commentaire

  • Marius Morin Répondre

    6 mars 2018

    Bravo Marius pour cet excellent article bien documenté et présenté sous une forme très pédagogique. Les informations qu'on y trouve sont ahurissantes  et l'apathie du gouvernement n'augure rien de bon pour y remettre de l'ordre. Seule la conscience de médecins, sensibles aux conditions de santé et de vie de leurs patients, seront en mesure de renverser la tendance. Ces médecins reçoivent de l'argent, plus qu'ils pourront en dépenser toute leur vie. Il ne sont évidemment pas les seuls  à profiter du système. La corporation des médecins et le lobby des grandes corporations pharmaceutiques en font partie. Merci pour cette intervention et bonne fin de journée


    Oscar Fortin