Contrairement à ce qu’avance le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, il n’y a pas d’acceptabilité sociale des frais accessoires au Québec. C’est ce qu’avancent Médecins québécois pour un régime public (MQRP) et trois autres représentants d’organisations contre les frais accessoires, qui ont pris la parole lors d’une conférence de presse dimanche à Montréal.
Preuve qu’une grande part de la population est contre la pratique, plus de 600 personnes ont déjà signé un « registre des frais facturés lors de consultations médicales », avance le regroupement.
Ce registre, une initiative du Comité de lutte en santé de la Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles, collecte les témoignages de patients frustrés par la surfacturation, que ce soit parce qu’ils ont dû payer un acte médical ou parce qu’ils n’ont tout simplement pas obtenu les soins auxquels ils avaient droit. Geneviève McCready, du Comité de lutte en santé de la Clinique, a d’ailleurs profité de la conférence de presse pour faire un appel aux citoyens lésés.
Patients pris en otage
Parmi ces patients lésés, il y a Viviane Freedman, une habituée des coloscopies tous les cinq ans. À sa dernière visite chez son médecin spécialiste, on l’a mise devant un dilemme : prendre un rendez-vous à l’hôpital et attendre cinq années supplémentaires, ou passer le test dans la clinique où travaille son médecin spécialiste… moyennant au moins 500 $.
« C’était à prendre ou à laisser. Par principe, j’ai dit non », s’indigne Viviane Freedman. La patiente voit là une preuve flagrante d’un manque d’éthique et de considération de la part de son médecin. « Ça enlève de la crédibilité au système », mentionne-t-elle.
En entrevue avec Le Devoir à la mi-juin, le ministre Barrette avait déclaré qu’il n’y aurait pas d’opposition citoyenne à normaliser les frais accessoires, puisque « c’est clairement quelque chose qui est accepté au moment où on se parle ».
« Le fait que ces frais soient de plus en plus payés par les patients ne veut pas dire qu’ils soient acceptés et acceptables », réplique Isabelle Leblanc, présidente de MQRP. Elle voit plutôt là la preuve que l’accès à l’hôpital est plus difficile. « Les patients sont pris en otage. »
« Le ministre va droit dans le mur, croit quant à lui Jean Lacharité, vice-président du comité exécutif de la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Le ministre parle d’acceptabilité sociale. Mais pour qui ? Les plus riches de la société qui ont les moyens de se payer les frais supplémentaires ? » Les personnes plus vulnérables, comme les aînés, n’oseront pas se plaindre, renchérit Ginette Plamondon, conseillère à l’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec.
De son côté, l’avocat Cory Verbauwhede — maître d’oeuvre d’une requête pour autoriser une action collective sur la surfacturation — affirme qu’il y aura au moins une centaine de cliniques et de patients impliqués dans le dossier.
Pistes de solutions
Pour Isabelle Leblanc, la meilleure solution reste d’appliquer la loi. Pour ce faire, des actions doivent être entreprises par la Régie de l’assurance maladie du Québec, le Collège des médecins et le système judiciaire. Ensuite, il faut faire un état des lieux. « Est-ce vrai que les cliniques ne peuvent pas fonctionner sans ces frais accessoires facturés aux patients ? », une question sur laquelle le ministère ou le Protecteur du citoyen devrait, selon elle, se pencher. S’il y a effectivement un problème de rémunération dans les cliniques spécialisées, elle appelle les fédérations médicales et le gouvernement à négocier.
FRAIS ACCESSOIRES
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