Crise des CHSLD

Des élites déconnectées

Des citoyens qui laissent aller

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Tribune libre

J’ai été surpris d’entendre le premier ministre profiter de la crise pour annoncer une accélération du programme de Maisons des ainés. Tout le monde a compris que la crise actuelle dans les CHSLD vient d’un problème récurrent  de sous-financement des activités courantes et non d’un problème de locaux. Plusieurs études ont démontré dans les dernières années que des ressources insuffisantes étaient allouées à l’hébergement des ainés. L’hébergement dans des centres privés, en développement jusqu’à récemment, permettait notamment au gouvernement de faire des économies substantielles en n’obligeant pas les centres privés à respecter les normes de qualité imposées au secteur public.


L’an dernier un propriétaire de centres privés a même été pris à utiliser un système de prête-nom pour faire travailler illégalement des immigrants: (https://www.journaldequebec.com/2020/02/07/embauches-illegales-de-travailleurs-etrangers)


Le message d’encouragement du premier ministre s’adressait-il aux familles éplorées ou aux entrepreneurs en attente de contrats. On ne retient pas tout de longues études universitaires mais une idée me revient régulièrement en tête. Mes professeurs en développement économique étaient bien impliqués dans des projets au tiers-monde mais ils gardaient une attitude critique, notamment le professeur Martens, qui analysait la capacité des pays pauvres à payer dans le futur pour l’opération de toutes les infrastructures construites par les donateurs étrangers. Nous sommes dans une situation au Québec où nous ne réussissons pas à financer adéquatement l’utilisation des infrastructures existantes, moins par pauvreté collective que par refus de payer les impôts requis. Cela ne nous a pas empêchés, dans les dernières années, d’annoncer la construction de deux hôpitaux universitaires ultra-modernes, la création d’un réseau d’écoles futuristes et de ces Maisons des ainés d’avant-garde. On n’a pas demandé aux spécialistes qui s’occupent des enfants à problèmes si le nouveau concept expérimental allait aider les enfants. De toute façon, les spécialistes sont trop occupés, il ne faut pas les déranger. Ce qui est certain c’est que ces nouvelles infrastructures vont être plus couteuses à opérer, ne serait-ce qu’en termes d’amortissement des investissements.


Il y a beaucoup de pression de la part des détenteurs de capitaux pour que les gouvernements s’endettent en se lançant dans des grands projets d’infrastructure. Les déséquilibres des salaires au niveau mondial produisent des excédents de profits qui sont difficiles à faire fructifier. Au-delà des projets des secteurs de ressources naturelles comme le pétrole, la construction de condos appuyée sur une immigration massive et les projets d’infrastructures des gouvernements sont devenus des bouées de sauvetage.


Pourquoi nos politiciens, supportés par nos élites, sont-ils si sensibles aux pressions exercées par les promoteurs de projets d’infrastructure? Dans le contexte d’une forte concurrence internationale les gouvernements se pensent impuissants à assurer la prospérité de leurs citoyens, plus précisément à respecter leurs promesses électorales et être réélus. Les dépenses en infrastructures génèrent une activité économique réelle, peu importe que tout cela soit fait à crédit et payé par les générations futures. La nouvelle comptabilité gouvernementale de 1998 permet d’amortir les dépenses en immobilisations sur trente ans de sorte qu’on peut afficher des surplus budgétaires même quand on se permet des folies en termes de dépenses qui profitent aux entrepreneurs et aux financiers.


Dans les futures Maisons des ainés, un bain par semaine sera toujours un luxe.



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