Derrière les masques

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Plaidoyer pour le port des masques sanitaires ou artisanaux


Confucius a dit : « Prenez trois hommes au hasard des rues ; ils auront nécessairement quelque chose à m’enseigner. Les qualités de l’un me serviront de modèle, les défauts de l’autre d’avertissement. »


D’origine taiwanaise, je suis mariée à un Québécois et nous vivons à Montréal depuis 6 ans. De 2005 à 2014, nos enfants ont été éduqués dans une société taiwanaise venant d’être durement frappée par l’épidémie de SRAS de 2002-2004. Le port de masque de protection est entré dans les mœurs des Taiwanais depuis cette épidémie.


Cette année, j’ai passé le Nouvel An chinois à Taiwan. Le 23 janvier, la ville de Wuhan, en Chine, s’est vue mise en quarantaine et il n’y avait alors qu’un seul cas confirmé de coronavirus à Taiwan.


Le 27 janvier, mon fils de 18 ans m’envoyait des messages disant qu’ici au Canada, personne ne se rendait compte de la gravité de la situation et personne n’avait commencé à porter un masque, malgré deux premiers cas déclarés.


Début février, j’ai pris l’avion pour rentrer au Québec. Seulement 10 cas étaient confirmés à Taiwan. Pourtant à l’aéroport de Taipei et dans l’avion, tout le monde portait le masque. À Vancouver, ou j’ai atterri, grande surprise, presque personne ne portait le masque, ni les douaniers, ni les voyageurs, à l’exception de quelques voyageurs asiatiques.


Arrivée à Montréal, j’ai pris le métro pour aller rencontrer une amie. J’étais la seule personne à porter le masque. Mon amie m’a conseillé de l’enlever, car je risquerais d’être considérée comme porteuse de virus et peut-être même susciter de réaction hostile.


Quelle est la situation aujourd’hui ?


Alors que les cas déclarés augmentent à grande vitesse au Québec, les nouveaux cas restent stables à Taiwan. Ce lundi 6 avril, à Taiwan, il n’y avait que 373 cas de coronavirus et 5 morts au total depuis le début de l’épidémie. Alors qu’au Québec, le bilan du jour est de 8580 cas de coronavirus et 121 décès.


À Taiwan, si les congés du Nouvel An ont été prolongés de deux semaines, il n’y a pas de confinement de la population ni d’arrêt dans la vie au quotidien. Les jeunes étudient, les adultes travaillent. Mais tout le monde porte le masque en dehors de la maison, et bien sûr suit scrupuleusement les règles du lavage des mains.


À Taiwan, ou plus largement, en Asie, nous portons le masque en temps d’épidémie dans un but préventif. Le masque empêche la projection de gouttelettes respiratoires responsables de la transmission du virus. Le fait même de parler entraîne des projections.


Ce ne sont pas les masques qui manquent, ces masques peuvent être facilement fabriqués, même à la maison. Ce qui manque, c’est l’humilité des nations dites « avancées ». Mon pays a appris à se protéger depuis la crise du SRAS et il est prêt à partager son expérience. Mais les grandes puissances de ce monde, dont le Canada, semblent faire peu de cas de notre expertise.


Je suis malheureuse de voir que le taux d’infection augmente d’une manière fulgurante. Combien de temps encore avant que de se tourner vers les autres pays, si petits soient-ils, pour apprendre ?




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