Selon les critères de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), « les espèces menacées sont classées comme étant en danger critique (CR), en danger (EN) ou vulnérables (VU) ».
Cette semaine, Denise Bombardier a osé dire que le français était en danger critique CR (au Manitoba), en danger EN (en Ontario et au Nouveau-Brunswick) et vulnérable VU (au Québec).
Denise Bombardier est une francologiste qui tire la sonnette d’alarme de « l’urgence linguistique », comme Greta Thunberg et ses comparses écologistes le font pour « l’urgence climatique ».
Alors, pourquoi lui tirer dessus à boulets rouges ?
DES FRANCOSCEPTIQUES ?
Quand j’ai interviewé Denise Bombardier cette semaine à Qub radio au sujet de son documentaire Denise au pays des francos, elle a craqué. Son combat pour la survie du français est si important pour elle qu’elle en pleurait à mon micro. Et c’est cette femme-là qu’on accuse d’être indifférente au sort des francophones hors Québec ?
C’est fou la quantité de gens qui critiquent Mme Bombardier alors qu’ils n’ont pas vu son documentaire. Dans le film, elle s’indigne qu’au Manitoba, on ait interdit l’enseignement en français jusque dans les années 1970. Elle s’offusque que le Nouveau-Brunswick, seule province bilingue au pays, ait à sa tête un premier ministre unilingue anglais qui hait le fait français. Elle rappelle l’humiliation de ceux qui se sont fait dire « Speak white », le mépris de Lord Durham, la pendaison de Louis Riel. Non, tout ce que certains critiques retiennent de son documentaire d’une heure... c’est le 10 secondes où elle reprend un jeune Franco-Ontarien qui dit « supporter » au lieu de dire « appuyer ». Et ils oublient de préciser qu’elle dit qu’au Québec, tout le monde fait la même erreur...
Denise Bombardier se désole de voir la population de francophones au Manitoba réduite à un maigre 16 865 personnes (et ne venez pas me dire qu’il faut compter comme francophones des anglophones bilingues, c’est ridicule). Si ces chiffres vous déplaisent, ne vous en prenez pas à Denise, mais à Statistiques Canada.
Elle s’est fait traiter de « gossante » à une émission, de « vieille nationaliste » à une autre.
Sur le site ONFR, on a interviewé la comédienne et humoriste Katherine Levac, qui est franco-ontarienne, mais... qui ne vit plus en Ontario depuis 10 ans. Voici ce qu’elle avait à dire au sujet de ma collègue : « Je suis un peu indifférente. Je pense qu’il ne faut pas écouter ce qu’elle dit, et je ne l’écoute pas ».
Tasse-toi, matante, on ne veut pas t’entendre, prophète de malheur !
Quel dommage qu’à travers toute cette controverse, on n’ait pas retenu la phrase la plus importante de Denise Bombardier à TLMEP : « Je voudrais que tous les francophones des autres provinces aient les mêmes protections que les anglophones du Québec ».
Le français est une espèce en voie d’extinction, fragile, vulnérable, et Denise Bombardier nous dit que si nous ne sommes pas vigilants, c’est ici même, au Québec, que nous serons bientôt comme des ours polaires affamés, sur une banquise en train de fondre.
Il n’y aura plus personne pour chanter, en français : « Cré moé, cré moé pas, quelque part en Alaska, y’a un phoque qui s’ennuie en maudit. »