Dénigrer le Québec

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Couillard flatte sa base électorale anglo-immigrée

Décidément, lorsqu’il s’agit de récupération politique, tous les moyens sont bons, même se servir du deuil des familles qui commémorent l’horrible attentat de Québec, pour s’ériger en donneur de leçons.


Et ça ne vient pas d’un quelconque tenant du « Québec bashing » du reste du Canada, mais du premier ministre du Québec, Philippe Couillard, en personne.


Du fin fond de Shanghai où il menait une mission économique, il a trouvé le moyen, le 24 janvier dernier, de vilipender le Québec et son débat identitaire qu’il tient pour responsable de la montée des incidents racistes à l’égard des communautés musulmanes.


Dénigrer le Québec


Établir une relation de cause à effet entre la tragédie de l’attentat de Québec, qui nous affecte tous et le débat identitaire du Québec est tout simplement indécent, surtout quand une telle affirmation sort de la bouche d’un premier ministre censé rassembler les citoyens au lieu de les diviser.


L’identité du Québec est un enjeu inscrit dans nos annales, depuis 1793, lors du « Débat sur les langues. » Le premier ministre est aux premières loges pour s’en souvenir. Chaque fois qu’il prend son siège, à l’Assemblée nationale, il peut contempler la toile de Charles Huot qui en est l’illustration.


Du temps où le Parti libéral du Québec avait à cœur la défense des intérêts supérieurs du Québec au sein du Canada, notamment sous Jean Lesage, Georges-Émile Lapalme, Robert Bourassa et Claude Ryan, les libéraux ne rougissaient pas d’affirmer fièrement leur identité québécoise.


Dire que le Canada est moins raciste que le Québec, c’est s’engager dans une surenchère hasardeuse surtout dans le contexte sensible où nous vivons.


L’histoire est pourtant là pour nous le rappeler. Qu’en est-il de la déportation des Acadiens ? De la pendaison de Louis Riel ? De la head tax (taxe d’entrée) imposée aux immigrants chinois et de l’internement des Japonais canadiens ?


Et plus près de nous, que dire des études d’opinions qui indiquent que les musulmans sont les communautés avec lesquelles les Canadiens se sentent le moins à l’aise ?


La polarisation économique


Par contre, le premier ministre a raison de parler de « grande polarisation économique » et des inégalités qu’elle engendre. Tout le problème de l’intégration est là.


Pour les Québécois issus de l’immigration, les arabo-musulmans, en particulier, leur exclusion du marché du travail est source de grandes frustrations.


Le phénomène de la marginalisation de ces Québécois qui ne souhaitent que mettre leurs compétences et leur savoir-faire au service de leur société d’accueil est largement documenté. Le gouvernement a tous les moyens pour corriger une telle situation, mais il tarde à agir.


Alors, au-delà des discours creux sur l’islamophobie, qu’a fait le premier ministre Couillard, concrètement, pour lutter contre le racisme et la discrimination au Québec ? Une consultation avortée et un forum sans lendemain !


Il est facile, dans le contexte préélectoral qui se dessine, de diaboliser le débat sur l’identité pour masquer son échec. De toute évidence, il est plus facile pour lui de verser dans le jugement que de s’attaquer aux vrais problèmes. Mais les Québécois ne sont pas dupes.