Démission d'Yves Bolduc: un fiasco signé Philippe Couillard

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Couillard est son propre pire ennemi

Le mal nommé ministre de l'Éducation du Québec, Yves Bolduc, a décidé de lancer la serviette. Il n'aura pas fait un an. L'Assemblée nationale devrait être munie d'une porte tournante tant les députés et ministres y entrent et sortent comme dans une taverne. L'élection fédérale de l'automne pourrait bien attirer deux ou trois autres députés à quitter Québec pour la grande ligue. Pour les Deltell ou Hamad, la Chambre des Communes est très attirante...

Revenons à Yves Bolduc. Quand la poussière retombera, on dira de lui finalement qu'il aura été sacrifié par son chef. C'était écrit dans le ciel, en fait dès que Gaétan Barrette a annoncé qu'il se présenterait pour le Parti libéral - après avoir juré au micro de Dutrizac qu'il ne se présenterait pas -, que le ministère de la Santé échouerait (c'est bien le bon mot) entre les mains de celui des deux qui défonce toutes les portes au moyen d'un égo « Caterpillar » et la subtilité d'un tracteur.

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Yves Bolduc avait fait ses classes (enfin...) au sein du gouvernement Charest. Il bénéficiait tout de même de l'ancienneté, des états de service au sein du PLQ et de l'expérience au sein du ministère de la Santé. Rien de tout cela n'aurait bloqué l'ambition de Gaétan Barrette. Philippe Couillard le savait, il tenait absolument à s'assurer que le médecin Yves Bolduc demeure ministre titulaire (ce à quoi Bolduc tenait mordicus dit-on, ce qui excluait le poste de ministre délégué à la Santé).

Que faire?

Philippe Couillard a choisi la pire des options : il a octroyé le ministère de l'Éducation comme un prix de consolation à un député qui n'avait manifestement pas les compétences requises pour occuper cette fonction névralgique. Cela en dit long sur le sens politique du premier ministre.

D'abord, le ministère de l'Éducation s'en trouve souillé, traité comme une fonction de second ordre. Mais surtout, quelle crédibilité peut-on accorder aux vastes chantiers lancés par un ministre qui est désavoué sans même avoir fait une année en poste. Un ministre qui était devenu si gênant pour le gouvernement (je le répète, cette faute est celle de Philippe Couillard) que le premier ministre doive improviser un remaniement à la va-vite à la veille d'un voyage diplomatique... Une farce de bien mauvais goût, un amateurisme désolant.

On se souviendra en 2008, lorsque Philippe Couillard avait abandonné les rennes du ministère de la Santé en plein mandat pour les promesses d'une carrière plus lucrative au privé, bien des observateurs avaient questionné le sens politique du neurochirurgien. Quand il a annoncé son retour en politique en 2012, ceux-là mêmes qui l'appuyaient s'inquiétaient de son passé. Rappel d'Antoine Robitaille dans Le Devoir :

« L'entourage de Philippe Couillard est « nerveux » au sujet des « perceptions » laissées par le passage de ce dernier au secteur privé après sa démission en 2008, ainsi que de ses liens avec Arthur Porter, ancien directeur général du CUSM, recherché par l'escouade Marteau.

En août 2008, l'opposition, à l'époque péquiste, avait reproché à l'ancien ministre d'avoir signé, quelques jours avant son départ, deux décrets en lien avec l'exploitation de cliniques privées. Or, M. Couillard a rapidement été embauché, à l'époque, par Persistance Capital Partners (PCP), entre autres actionnaire principal des cliniques privées Medisys. »

Cet épisode troublant a forcé l'amendement du Code d'éthique et de déontologie des membres de l'Assemblée nationale en 2010...

Tout compte fait, quand on additionne la prime injustifiée d'Yves Bolduc au coût d'une élection partielle, pas même un an après l'élection générale, l'incurie libérale s'accompagne de factures salées. C'est la rançon, j'imagine, de porter au pouvoir un parti sans programme électoral...

La suite

De Heurtel à Charbonneau en passant par Poëti, Barrette et les autres, rien n'indique que la seule sortie d'Yves Bolduc permettra au gouvernement de Philippe Couillard de naviguer en eaux plus tranquilles. Oui, l'octroi du ministère de l'Éducation était une décision inconsidérée, mais il ne s'agit là que d'un élément qui montre toute l'ampleur du sable dans l'engrenage.

Comme Philippe Couillard n'a pas annoncé le début d'une fraction du programme de gouvernance qu'il réservait aux Québécois, la sortie de Bolduc ne lui confère pas plus de légitimité aujourd'hui qu'il n'en avait hier. Si la période électorale ne sert pas à annoncer un changement aussi drastique que celui que Couillard tente d'enfoncer dans la gorge des Québécois, elle sert à quoi?

Quand l'économiste Pierre Fortin, qu'on ne peut taxer d'être un « crypto-péquiste », se désole que le Québec soit sous l'emprise de l'une des politiques d'austérité les plus sévères de toutes les économies industrialisées, quand les économistes du gouvernement, l'IRIS, et même le journaliste Gérald Filion se questionnent tous sur la validité même des chiffres avancés par Martin Coiteux pour justifier cette austérité, il ne faut pas se surprendre que la pilule passe mal. Non seulement Couillard, Coiteux, Leitao n'ont soufflé mot de leur plan en campagne électorale, mais une fois au pouvoir, le premier ministre en mal de légitimité se proposait même de tenir un référendum a posteriori pour tenter de sauver la face!

Amateurisme vous dites!?

En terminant, il vaut la peine de se poser la question suivante: à la lumière du plan de gouvernance que le (mal nommé) Parti libéral de Philippe Couillard met en place présentement, à la lumière de ses tactiques de musèlement de ses députés, ses ministres et même les agents de communication du gouvernement - tactiques identiques à celles du PM Harper à Ottawa et que tant de libéraux provinciaux ont dénoncé -, à la lumière de ce que l'on sait maintenant et qui a été caché lors de la dernière campagne électorale, si on reprenait le vote pour que Philippe Couillard trouve enfin la légitimité qu'il cherche, serait-il encore élu? Majoritaire?

Yves Bolduc ne sera pas le dernier à ne pas terminer son mandat.


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