Bien que les élections générales ne soient prévues qu’en début septembre, tout comme moi, vous le constatez sûrement, nous sommes officieusement en campagne électorale.
La perspective de défaite du gouvernement libéral est bien réelle. Le récent sondage Léger ne crédite que 26 % au PLQ, un creux historique. C’est bien connu: plus on approche d’une élection, plus certains députés deviennent nerveux. Cela peut entrainer d'étranges réactions.
On dit souvent qu’en politique, tous les coups sont permis, ou presque. Le Parti libéral, sentant la soupe chaude, tente de faire ce qu’il fait de mieux, c’est-à-dire faire peur aux électeurs.
Depuis 40 ans, il agite la peur du référendum pour fédérer les fédéralistes et les nationalistes mous. À 6 mois des élections, le Parti québécois ne représente pas la principale menace contre Philippe Couillard. Lui se retrouve face à un adversaire différent : La Coalition avenir Québec (CAQ).
La méchante CAQ
Quoi faire quand les baisses d’impôts, les remaniements de ministres et les annonces en santé, en éducation et alouette ne fonctionnent plus ? À go, on sort les épouvantails et on fait peur au monde.
Étape 1 — Associer la CAQ à un parti populiste de droite européen.
Philippe Couillard sait très bien que les Québécois ne suivent pas, pour la plupart, la politique européenne. Mais il sait également que des partis comme le Front national de Marine Le Pen ont mauvaise presse ici. Le programme de la CAQ et du FN sont à des années-lumière, mais bon, on s’en fiche, qui prend le temps de lire les programmes électoraux ? C’est très « cheap » comme attaque, mais bon, ça passe toujours.
Étape 2 — Dire que la CAQ pratique le nationalisme ethnique.
Carlos Leitao, le ministre des Finances, a clairement dépassé les bornes. Dans le journal The Montreal gazette, Monsieur Leitao a accusé François Legault et ses troupes de pratiquer un nationalisme basé sur l’ethnicité des gens. Un nationalisme ethnique.
Si je vous parle de nationalisme ethnique, vous pensez à quoi ? Allez, un petit effort... vous n’osez pas le dire ? Hé oui, vous pensez au Parti national-socialisme alias le parti NAZI. Bien sûr, M. Leitao n’a pas prononcé ces 4 lettres, mais on comprend bien l’allusion.
La CAQ verse t-elle vraiment dans le nationalisme ethnique lorsqu’elle veut baisser le seuil d’immigration de 50 000 à 40 000 personnes ? Ou lorsqu’elle envisage de faire passer un test de valeurs aux nouveaux venus ? En fait, la CAQ ne prévoit en aucun cas retirer des droits aux communautés anglophone et allophone du Québec. Est-ce ça du nationalisme ethnique ? Le rapprochement est tout simplement dégueulasse.
Des excuses exigées
Philippe Couillard en 2014 répétait sans cesse qu’il refusait de lancer de la boue à ses adversaires. Cela a bien changé. Ou alors il doit maintenant rappeler à l’ordre son ministre des finances. Oui, la politique peut parfois être sale, mais il y a des limites. Aucun parti politique québécois n’est raciste. Est-ce possible de remettre en question le multiculturalisme tel que prôné par les libéraux sans se faire taxer de souffler sur les braises de l’intolérance ? Visiblement, Monsieur Leitao devrait s’en tenir aux chiffres, car il semble moins à l’aise avec les mots.