Déconstructions post-11 septembre

Tribune libre

Première pierre de touche
Barack Obama aime le pouvoir, c’est d’une telle évidence. Rarement, au cours de l’histoire récente, nous aurons vu autant de dérives dans les itinéraires empruntés de part et d’autre. L’oligarchie financière tente de consolider sa mainmise sur toutes les sphères d’activité, y compris la classe politique et les orientations en matière de relations internationales. Sur fond de conflits armés et de guerre au terrorisme, le manichéisme triomphe actuellement. C’est sans compter sur les contre-pouvoirs en place.
L’élection ou la consécration d’une aristocratie canadienne?
Sur une échelle locale, l’impérialisme dont le Canada fait preuve en tant qu’État satellite de la puissance étatsunienne témoigne de la perspective du contre-pouvoir. En tant qu’opposants et adversaires du régime en place, nous dénonçons la place par trop prépondérante de Power Corporation dans les affaires politiques. Nous aurions beau nous limiter à une analyse rigoureuse des éditoriaux et des chroniques de Gesca-Radio-Canada, le tissu des relations politiques entretenu par le clan Desmarais laisse entrevoir une aristocratie auto-élue.
Le prix Nobel : un piédestal en faveur de la paix?
Autant que nous nous en soucions, l’attribution des prix Nobel en matière de paix repose sur un ensemble de critères. Nous reconnaissons tous l’importance du renforcement d’une légitimité à l’endroit de quiconque exerce un pouvoir. Dans le cas de Barack Obama, nous reconnaissons que le caractère exceptionnel de la conjoncture dans lequel il s’illustre – crise économique, contexte post-11 septembre, succession à l’administration Georges W. Bush et première élection à la présidence étatsunienne d’un Noir – a pu influencer quelque jury de l’importance de s’y prendre au plus tôt pour consolider sa position. De fait, les États-Unis disputent leur statut de superpuissance face à des États émergents.
Avant même l’idée de paix, la démocratie
Derrière la notion de paix, repose un certain idéal de démocratie. Transigeons idéal, idées, pratique et effectivité de ces mêmes notions, et nous serons à même de tracer un portrait réaliste des forces en présence. Plus que jamais, la démocratie est galvaudée. Le comportement du gouvernement Harper laisse entrevoir la pratique du pouvoir sous la lorgnette de la force. Nous savons déjà que l’État est le seul détenteur de la contrainte physique légitime en principe. Toutefois, l’usage de cette même force se module en fonction de la notion de légitimité effective et de la balance des contre-pouvoirs en place.
Érosion du secteur public
Au sein de la société québécoise, nous vivons les contrecoups de l’érosion de l’appui en faveur du maintien des institutions dites publiques. Depuis quelques années, l’invasion des préceptes de la privatisation exerce son ascendant au sein des corporations médiatiques. De plus en plus, nous chuchotons que le Canada et les États-Unis constituent l’idéal-type de ce que « devrait » être l’institution, en matière de santé et d’éducation notamment. Nous constatons ainsi l’étendue de l’affaiblissement et du désinvestissement de l’État dans ces domaines de vocation publique.
Si l’État devient par essence l’instrument de forces autotéliques imperméables aux revendications de la population et en butte à la tangente publique de sa mission, nous sommes à même – collectivement – d’exercer un contre-pouvoir effectif. Naturellement, les aléas du bipartisme à la britannique font en sorte que les règles du jeu faussent quelque peu la réalité de cette même alternative. Nous sommes plusieurs à dénoncer la succession des oligarchies en place et pouvons observer une désaffection croissante de la population à l’endroit de la classe politique.
Assistons-nous à l’émergence d’une crise?
Actuellement, la crise des institutions canadiennes a occasionné certaines tentatives de transformation des conditions en cours. Constatant l’inanité des administrations Harper et Charest, le Québec a tenté des alternatives aux conditions en vigueur. Tout d’abord, la classe souverainiste a fait les frais de cette règle d’alternative pour le moment. En 2007, l’ADQ gagnait quelques galons et en 2011, le NPD gagne le statut d’opposition officielle à son tour. Pour l’instant, la transformation de la carte des partis n’est point encore effective. Tout au plus, nous constatons des velléités contre-révolutionnaires – le genre de ressac qui pourrait conduire à une disparité plus grande entre les riches et les pauvres.

Guerroyer et/ou s’opposer de toutes ses forces?
Ici même au Québec, nous avons assisté à la résurgence du débat post-11 septembre au moment de constater la conclusion de la chasse à l’homme Oussama Ben Laden. Félicitant les États-Unis dans leurs efforts, l’Assemblée Nationale y est allée d’appuis bien sentis en faveur de la guerre au terrorisme, à l’exception notable d’Amir Khadir. Ce dernier s’est dissocié de la ferveur unanimiste autour du libellé de la motion présentée au printemps dernier. Notons au passage que le député de Mercier s’était déjà montré sceptique face aux conclusions de la commission d’enquête officielle concernant les attentats du 11 septembre 2001.
La sérénité comme paradoxe
Depuis la pause estivale, les dissensions à l’égard de la gouvernance souverainiste du PQ ont repris de plus belle. Étant donné que les élections canadiennes ont consacré une nouvelle conjoncture, il n’était qu’une question de temps avant que le ressac d’une crise démocratique prenne son envol. Le paradoxe de cette même crise a pour effet d’instrumenter quelques opposants, ce qui réduirait d’autant sa portée démocratique. En autant que nous nous réduisons à cette éventualité, l’histoire a pour habitude de se répéter. En attendant, la démission de Nathalie Normandeau relance de plus belle la polémique de la sérénité.
La déconstruction d’un ennemi, comme désillusion
Si déconstructions il doit y avoir, il convient de revenir au sujet principal de cette chronique, le 11 septembre et le principal bénéficiaire de la suite d’une crise – Barack Obama. Grâce à une communication politique des plus virtuoses et habiles, il aura su émouvoir la sensibilité et la vulnérabilité d’une population qui ne demande qu’à rêver de jours meilleurs. Pour le moment, la désillusion est le mot-maître du programme républicain et des tenants du Tea Party. Nous pouvons alors appeler à une certaine notion de contre-pouvoir face à la désillusion systématique. Il n’en reste pas moins qu’à l’instar de Pauline Marois, Barack Obama semble avoir peu de chose à espérer de ses principaux adversaires et/ou détracteurs.
Le NPD, l’antidote du mal canadien?
Au sommet d’une certaine adversité politique, la course à la succession de Jack Layton laisse envisager un certain inconnu qui fait frissonner d’autant qu’il laisse de glace les plus nationalistes d’entre nous. Parmi les principaux aspirants à la succession, nous notons l’arrière-arrière-petit-fils d’Honoré Mercier, nul autre que Thomas Mulcair. L’ancien avocat d’Alliance Quebec aura-t-il le cran de faire face aux espoirs suscités par Jack Layton? Rappelons-nous, Mulcair présente le profil d’un parfait adversaire de bien du monde. Saura-t-il tirer parti de la présente conjoncture?
Mantra politique
La dernière fois que le Parti Québécois s’est présenté à nouveau au pouvoir après les jours de René Lévesque, c’était un certain 12 septembre 1994. En quelque sorte, c’était un genre de « Prochain Épisode ». Avant même d’écrire ce premier roman, Hubert Aquin s’était opposé politiquement face à Pierre Elliott Trudeau dans son essai La fatigue culturelle du Canada français. Il aura d’ailleurs préfiguré la fin du rêve de Trudeau au Canada. Nous nous évertuons à répéter cette assertion de la fin du rêve de Trudeau dans les médias. Est-ce une manière d’anticiper l’horizon des attentes canadiennes à l’impossible détour qu’impose le problème québécois?


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