Réplique à Patrick Lagacé

De la stigmatisation à la diffamation

Dans son article, M. Patrick Lagacé a écrit qu'au sein du Parti québécois je suis «vu comme un traître» ! Où a-t-il découvert cette énormité ?

Affaire Michaud 2000-2011

Mise au point concernant l'article de M. Patrick Lagacé
dans La Presse de samedi.

Dans son article, M. Patrick Lagacé a écrit qu'au sein du Parti québécois je suis «vu comme un traître» ! Où a-t-il découvert cette énormité ? 
S'il s'était correctement renseigné, il saurait que je suis en excellents termes avec tous mes ex-collègues et que je participe avec eux à des rencontres annuelles présidée par Mme Pauline Marois. Il saurait aussi que je suis membre du PQ depuis 1972 et que je contribue régulièrement à son financement. Il saurait enfin que j'ai écrit plusieurs articles et livres, et donné quantité d'entrevues radio et TV qui témoignent tous de ma fidélité envers cette formation politique et qui ont été appréciés par un grand nombre de militants.
M. Lagacé devrait faire la démonstration rigoureuse de ce qu'il avance ou, à défaut, retirer son propos diffamatoire. Il trouvera peut-être inspirant ce courriel que j'ai récemment transmis à Yves Michaud :
«Tu m'as parlé de ton "affaire". Sais-tu quoi ? Sur un aspect particulier, elle a des similitudes avec ma propre "affaire" (GRC). Normand Lester, Pierre Duchesne, Pierre Dubuc, Josée Legault et combien d'autres scribes et commentateurs ont écrit et glosé sur cette histoire, mais aucun n'a pris la peine de faire certaines vérifications élémentaires, ni de mettre les événements en contexte. Ils ont décidé de considérer comme avérés des racontars et des sornettes à mon sujet, sans aller au fond des choses, sans me demander, par exemple, ma version détaillée des faits. Un autre, Pierre Godin, m'a posé quelques questions, mais il n'a pas vraiment tenu compte de mes réponses.
C"est à cause de cet amoncellement d'inventions et d'erreurs d'interprétation que j'ai écrit mon livre [L'Affaire Morin->rub125] (Boréal, 2006) où je varlope mes calomniateurs. 
N'empêche, malgré leur connaissance actuelle des fait réels, ils ne se sont jamais excusés de leur injustice à mon endroit. C'est pourquoi je comprends la situation dans laquelle tu te trouves.»

Claude Morin


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6 commentaires

  • webmestre Répondre

    17 décembre 2010

    Réponse à F. A. Lachapelle
    _ À la demande de Claude Morin
    Voici quelques réponses rapides à vos questions et quelques commentaires ;
    1) Sur l'«affaire Morin». Je suis obligé de vous référer à mon livre L'Affaire Morin, justement, publié chez Boréal en 2006. Il m'est impossible de la résumer ici, en tenant compte de tous les facteurs de temps, de lieu et de circonstances. Le livre contient tout le dossier de l'histoire, du début à la fin, avec tous les détails pertinents. Il montre jusqu'à quel point il s'est produit une dérive médiatique absolument injuste pour moi. Pourquoi? Parce que certains journalistes et des commentateurs, sans vérifier les faits et sans vraiment me consulter, ont tout de suite accordé foi à ce que j'appelle (c'est le sous-titre du livre) des «légendes, sottises et calomnies».
    2) Sur la «nuit des longs couteaux». Bien avant les événements de novembre 1981 nous avions compris que les sept provinces anglophones allaient finir par céder aux pressions d'Ottawa. À strictement parler, il n'y a pas eu de «nuit des longs couteaux» (une expression symbolique), mais un processus qui s'est étendu sur quelques semaines. Il faut bien comprendre qu'à la suite du Non référendaire de 1980, le Québec était politiquement affaibli et que, tôt ou tard, les autres provinces finiraient par se rallier au point de vue fédéral pour ne pas avoir à se ranger du côté des «séparatistes». En plus, les fédéraux et ces provinces en vinrent à s'imaginer que, si le Québec était isolé, il serait forcé d'adhérer au projet d'Ottawa, qu'il l'aime ou non, et qu'en conséquence le dossier constitutionnel serait fermé une fois pour toutes, à l'avantage du Canada anglais.
    Or, surprise, le Québec refusa. On l'oublie souvent aujourd'hui, mais ce refus a eu des conséquences considérables. Car, sous Mulroney, le gouvernement fédéral et les provinces ont fait un effort pour corriger 1981, ce qui a conduit à l'accord du Lac Meech et à celui Charlottetown. Mais ces deux accords échouèrent. S'ensuivit la création du Bloc québécois et, par là, un changement majeur de la configuration politique canado-québécoise. Si bien qu'aujourd'hui le parti libéral fédéral a perdu son emprise historique sur le Québec, etc. et que la Constitution de 1981 n'a jamais encore été approuvée par aucun des gouvernements québécois qui se sont succédé au pouvoir depuis ces années-là ! Le dossier constitutionnel n'a jamais été résolu. Pour les détails, importants, je dois là aussi vous référer à un de mes livres (Lendemains piégés, Boréal 1988) où vous pourrez trouver toutes les explications utiles.
    3) Il n'y a pas de rapport entre les événements de 1981 et la place du Québec à l'Unesco. Celle-ci est une fumisterie. On veut faire croire au public que le Québec «a un siège à l'Unesco», alors qu'en réalité il s'agit tout simplement de ceci : un fonctionnaire québécois fait partie de la délégation canadienne qui, elle, détient le siège. J'ajoute une précision qui prouve combien certains de nos commentateurs ignorent l'histoire. Le genre d'arrangement actuel concernant l'Unesco est exactement une des «solutions» que les fédéraux proposaient aux gouvernements Johnson, Bertrand et Bourassa il y a une quarantaine d'années dans l'espoir de voir le Québec cesser de réclamer le droit de se représenter lui-même et de parler en son propre nom au sein d'instances internationales s'occupant de matières relevant de sa juridiction. Cette proposition a toujours été rejetée car elle était fondée sur une illusion dangereuse que ces gouvernements, pourtant fédéralistes, avaient bien vue : elle aurait masqué le Québec et confirmé qu’Ottawa pouvait parler au nom du Québec sur des domaines de compétence québécoise. Je le sais, j'étais là comme sous-ministre. Eh bien, aujourd'hui, sous le gouvernement Charest, on nous la présente comme une réponse originale aux aspirations du Québec. Une réponse dont les Québécois devraient se réjouir. On se moque du monde car, au bout du compte, c'est Ottawa qui a acquis le droit de parler à la place du Québec, puisqu'il s'y sent autorisé par la présence d'un fonctionnaire québécois dans sa délégation.
    Claude Morin (né en 1929 et non 1926…)

  • François A. Lachapelle Répondre

    16 décembre 2010

    Bonjour Claude Morin,
    1. Stigmatisé du qualificatif de traître n'est pas confortable pour une personne publique comme vous. Vous me battez d'une année pour notre allégeance à la cause de la souveraineté du Québec et membre du PQ.
    2. Il y a bien longtemps que j'essaie de comprendre "l'affaire Morin" dans une démarche sans prétention. Sachant que vous êtes né en 1926 et connaissant vos états de service en faveur de l'accession du Québec au statut de pays souverain, je suis respectueux de votre précieuse contribution.
    3. Permettez que je touche à un point d'histoire, celui appelé "la nuit des longs couteaux" en ce 4 novembre 1981 un mercredi, sur les bords de la rivière Ottawa. Je crois que vous étiez présent aux côtés de René Lévesque.
    Ma question est la suivante: l'équipe de conseillers séniors dont vous, sauf erreur, aurait-elle pu sentir venir la désaffection des 6 provinces anglaises laissant seul le Québec devant le pouvoir fédéral en veillant au grain durant toute la nuit fatale?
    Cet épisode des relations Québec-Canada est empreint de naïveté comme dans le dossier plus récent de la place du Québec à l'UNESCO. Que le peuple soit naïf, soit. Mais pas des politiciens de haut rang?
    Joyeux Noël et Heureuse et saint Année 2011.

  • Raymond Poulin Répondre

    13 décembre 2010

    Ce serait sans doute une excellente chose que de poursuivre au moins un persifleur en vertu des lois contre la diffamation. Curieux que ces gens soient beaucoup plus prudents lorsqu'il s'agit des membres de l'oligarchie et de la racaille qui leur sert de porte-flingue. Comme le disait par dérision un de mes amis: «Il faut toujours frapper un faible, un fort pourrait se défendre!»

  • webmestre Répondre

    13 décembre 2010

    À la demande de M. McGown - bf
    bonjour M. Morin
    je suis membre du PQ depuis 1976 et moi, je ne vous considère pas comme un
    traître. Et je ne connais aucun membre dans Brome-Mississiquoi qui pense de
    même.
    Je pense au contraire que vous avez beaucoup fait pour nous, en tous les
    cas tout ce que vous avez pu.
    Et j'aime aussi beaucoup vos livres (je vous ai déjà écrit à ce sujet, il y
    a longtemps, et vous aviez eu la gentillesse de me répondre).
    je profite de l'occasion pour vous souhaiter un très Joyeux Temps des
    Fêtes.
    Daniel McGown

  • Jacques Côté Répondre

    13 décembre 2010

    Depuis quarante ans vous prêtez votre plume à la cause indépendantiste. Quant à moi, votre allégeance n'est pas contestable malgré une erreur de parcours. Il faudrait que certains apprennent à pardonner. En tout cas, vous êtes certainement plus dynamique à la cause souverainiste que ma député Agnès Maltais qui, elle, ne recherche que les caméras.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 décembre 2010

    Entièrement d'accord avec vous M. Morin.
    Votre participation a facilité grandement la prise du pouvoir par le PQ en 1976 qui a fait adopter tant de lois favorables à tous les Québécois et principalement aux francophones qui avaient bien besoin d'aide pour prendre une certaine place dans leur économie.
    Pour moi, en 1976, la force du PQ c'était principalement le trio Lévesque, Parizeau, Morin même si vous n’étiez pas d’accord sur tous les moyens à prendre pour arriver correctement à la souveraineté du Québec.