Dans sa série d’articles sur la gouvernance souverainiste, Pierre Cloutier a démontré de façon convaincante l’utopie d’une stratégie sclérosante eu égard à l’accession à l’indépendance du Québec. Rhéal Mathieu, quant à lui, à travers son article publié sur cette tribune en date du 4 août, sous le titre "Le destin de la nation est en jeu", explique comment, à partir d’extraits d’un article de Félix Pinel, paru en 2007, sous le titre "De la stratégie d’État", la gouvernance souverainiste, "digne" héritière de l’étapisme, contribue à maintenir le Québec sous le joug du fédéralisme canadien.
Et, pour illustrer cette peur viscérale, inhérente à la démarche étapiste, dont je faisais allusion dans deux de mes récents articles, M. Pinel s’exprime en ces termes :
"Comment démontrer au peuple la nécessité de réaliser l’indépendance alors qu’on s’efforce à bien gouverner au sein d’un système contre lequel on est supposé s’opposer. Deuxièmement, pour vaincre la peur, il faut rationaliser les craintes et apporter des solutions, non pas se défiler et cacher son option. Quand un enfant à peur de faire du vélo, on ne combat pas ses craintes en rangeant l’engin dans le cabanon jusqu’au printemps suivant."
Mais, par-dessus tout, le grand avantage de l’article de M. Pinel réside dans le fait qu’il dépasse le simple constat de la stagnation imprégnée dans l’étapisme et la gouvernance souverainiste, en proposant une piste de solution évolutive qui se définit dans une stratégie d’État qu’il identifie le "Modèle Johnson-De Gaulle" :
"Le Modèle Johnson-De Gaulle illustre quant à lui l’action d’un gouvernement qui emprunte une réelle stratégie d’État. Le gouvernement élu pour réaliser l’indépendance utilise alors tous les moyens que lui confère l’État pour accentuer son pouvoir et développer son effectivité. L’État devient ainsi son propre levier de développement. Il légifère, crée des institutions, mène une lutte politique sans merci avec l’autre État afin de le rendre inopérant sur son territoire national.
C’est par une série d’Actes d’État que le Québec pourra conquérir les pouvoirs qui lui font défaut. Dans cette optique, un gouvernement indépendantiste ne concentre pas son action à gérer une province en attendant les conditions favorables pour gagner un référendum. Il agit. Il agit selon l’intérêt national et celui du peuple. Il pose tous les gestes nécessaires afin que l’État acquière tous les pouvoirs indispensables à la réalisation de sa mission, tous les pouvoirs normalement dévolus à un État indépendant."
En termes clairs, M. Pinel incite les leaders indépendantistes à sortir le vélo du cabanon et à avoir le courage de vaincre leur peur en le maîtrisant, en nous invitant à les suivre sur la route de l’indépendance et en parcourant ensemble la distance qui nous sépare de notre destination !
En fait, une autre question qui pourrait s’ajouter à celles que j’adressais à Jean-Martin Aussant dans mon dernier article : "Êtes-vous prêt à monter sur le vélo, M. Aussant ?"
Henri Marineau
Québec
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1 commentaire
Jean-Claude Pomerleau Répondre
5 août 2011En fait M Pinel illustre par un schéma simple(une image vaut mille mots) que le choix démocratique est une illusion; et que le déterminant de la politique c'est l'État. C'est donc un cumul d'actes d'État qui mènent au changement de statut. Bref on est souverain de facto avant de le formaliser de jure.
Partant de là, on ne peut que conclure que l'enjeu n'est pas le pays mythique mais bien l'État.D'où l'importance d'en reprendre le contrôle.
Pour en faire quoi? La souveraineté.
Tout ce que ça prend c'est un mandat de gouvernance souverainiste à condition d'avoir la volonté, la détermination et l'intelligence politique pour mener à bien ce mandat. C'est là que le PQ a un problème de crédibilité, et c'est là qu'il faut s'investir pour lui en donner une, avant de conclure qu'il faut couler le bateau pour en construire un autre.
JCPomerleau