De Françoise David à Éric Duhaime : le prochain camp du Oui

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On peut bien rêver…





En 1995, le camp du Oui rassemblait Éric Duhaime et Françoise David, Louise Harel et Jean Garon, Rémy Trudel et Marcel Masse, Mario Dumont et Jacques Parizeau. En un mot, la droite décomplexée et la gauche décomplexée, les urbains et les ruraux, les anciens du NPD et les anciens du Parti conservateur fédéral, les autonomistes ralliés sur le tard à la souveraineté et les indépendantistes affirmés. Une chose me semble certaine : tant que nous ne serons pas capables de rassembler à nouveau une aussi vaste coalition pour l'indépendance, cette dernière ne se réalisera pas. Quelle forme prendra cette coalition ? Cela reste à voir. Le paysage politique n'est plus le même, les nationalistes sont divisés en plusieurs partis. On devine bien que tout ce beau monde ne se rassemblera pas à nouveau au PQ, même si ce dernier demeure inévitablement le navire amiral du camp souverainiste. Le PQ, toutefois, doit élargir sa base, qui n’a cessé de se rétrécir depuis 1998. Pour peu qu’il redevienne la principale expression du nationalisme chez les francophones, il sera capable de réunir dans ses rangs des souverainistes de tous les horizons.


Mais une chose est certaine: je ne vois pas comment on peut avancer vers l'indépendance si chaque frange du camp souverainiste veut définir à elle-seule l'indépendance. Ni la gauche ni la droite n’ont à soumettre le pays à leurs exigences idéologiques, même si la première comme la seconde peuvent l’en investir de manière parfaitement légitime. Et pour que les gens mettent de côté leurs préférences idéologiques particulières, la souveraineté ne doit pas être une possibilité historique lointaine mais un objectif atteignable en quelques années - sans quoi chacun reprend ses billes et la politique ordinaire refait sa loi. Évidemment, ni Éric Duhaime, ni Françoise David ne prendront l’initiative du prochain référendum. La souveraineté n’est pas leur priorité. Le premier s’intéresse d’abord à la droite, la seconde à la gauche. Mais si le leadership souverainiste parvient à imposer un agenda référendaire, il doit clairement être capable de rallier le premier et la seconde – à tout le moins, il doit être capable de trouver des leaders capables d’interpeller ceux qu’ils représentent, ainsi que bien d’autres tendances de notre société fragmentée. Vaste programme !


Le problème, c'est évidemment que la résolution de la question nationale n'est pas ressentie comme une urgence par les Québécois aujourd'hui. Celui qui déciderait de miser l'essentiel de son action politique sur elle ferait un immense pari, celui de réanimer la passion nationale dans un peuple qui semble être passé à autre chose. Ce n'est certainement pas impossible. Mais personne n'a la solution magique. Il y a là, je reprends le mot, un pari historique et politique majeur. Mais on ne fait pas l’histoire sans un moment donné ou un autre risquer gros. Aux dernières élections, le PQ a été surpris qu’on lui parle de souveraineté et n’a pas su comment en faire la promotion ni la défendre. Cela ne risque pas d’arriver au nouveau chef du PQ qui a décidé de mettre de l’avant la raison d’être de son parti. Cela force ceux qui disaient ne plus s’intéresser à la question nationale à se positionner au moins minimalement par rapport à elle. À lui reconnaître une importance qu’ils ne lui accordaient plus. C’est probablement la première étape pour reconstruire cette grande coalition.


Il pourrait certainement dire comme Jacques Parizeau en son temps : «que le dernier entré laisse la porte ouverte, s’il vous plait» !




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