Mercredi, il y avait encore près de 500 travailleurs à Chantier Davie. Le constructeur naval de Lévis met les bouchées doubles par les temps qui courent pour terminer la construction des deux bateaux passeurs de la Société des traversiers du Québec qui relieront Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine.
Le premier sera livré le 1er mai. Le second, le 1er septembre.
«L’employeur a modifié les horaires de travail pour favoriser le maintien en emploi des salariés», explique le président du Syndicat des travailleurs du chantier naval de Lauzon (CSN), Régent Guay. «Sans les changements apportés aux horaires, nous serions à peine 275.»
Avant le départ du ravitailleur Asterix, à la fin du mois de décembre, il y avait 800 travailleurs au chantier.
La présence de Justin Trudeau, jeudi, à Québec, suscite des attentes de la part des travailleurs qui ont reçu comme une douche froide les propos du premier ministre qui déclarait, plutôt cette semaine, qu’il n’avait rien à promettre pour assurer la survie du chantier.
«Le défi pour un premier ministre est toujours de trouver le bon équilibre pour créer des emplois et pour répondre aux besoins un peu partout au pays. Les gens comprennent que ce sont toujours des choix difficiles et, moi, mon engagement, c’est de s’assurer que ça soit équitable», confiait-il à La Presse canadienne.
«Nous nous attendons, de la part de Justin Trudeau, à des annonces de contrats. Pas juste à de beaux sourires.»
Tel était le message martelé, mercredi, par la présidente du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches (CSN), Ann Gingras, et la députée de Vachon à l’Assemblée nationale du Québec et aussi chef du Bloc Québécois, Martine Ouellet.
«Pas de contrats. Pas de travail. Et pas de travail, ça veut dire la fermeture du chantier», a plaidé cette dernière.
Pour Ann Gingras, la saga de Chantier Davie arrive à un point de non-retour.
«Ça fait pratiquement deux ans et demi que le gouvernement Trudeau est au pouvoir. Il ne peut plus continuer à s’essuyer les pieds sur l’ancien gouvernement conservateur pour expliquer le fait que Davie a décroché moins de 1 % des contrats accordés dans le cadre de la Stratégie nationale de construction navale», a indiqué Ann Gingras qui demande à Justin Trudeau de tenir sa parole et d’être «équitable» à l’endroit du Québec. «Oui, c’est vrai, les conservateurs sont à l’origine du gâchis. Le gouvernement actuel a le pouvoir de corriger la situation. S’il ne le fait pas, il ne fera que contribuer au gâchis.»
Pour les deux femmes, le peu d’empressement des libéraux à vouloir accorder au Québec sa juste part des contrats fédéraux cache «quelque chose qui ne sent pas bon.» Elles ne peuvent s’empêcher de faire allusion à la «puissance» de la famille Irving — la propriétaire d’Irving Shipbuilding — qui, selon elles, cherche à éliminer la concurrence en tassant Davie de son chemin.
«C’est clair, Irving souhaite la mort de Davie», a tranché Ann Gingras.
La CSN a fait des pieds et des mains pour obtenir un tête-à-tête avec Justin Trudeau. La demande a été refusée. «Nous ne demandions que quelques minutes pour lui expliquer la situation dans laquelle se retrouvent 800 travailleurs», a fait remarquer Pierre Fortier, président du Syndicat des employés du corps de sécurité de Davie (CSN).
Des travailleurs se pointeront, jeudi, à l’«assemblée citoyenne» qui se tiendra à l’École secondaire De Rochebelle au cours de laquelle M. Trudeau répondra aux questions des électeurs. Ils espèrent que le hasard leur permettra d’interroger le premier ministre.
Des brises-glace à l'horizon ?
Par ailleurs, Radio-Canada rapportait, mercredi, que le gouvernement fédéral voulait en arriver à une solution avec le chantier naval Davie pour pallier les problèmes de brise-glaces de la Garde côtière canadienne.
Ottawa voudrait en arriver à une entente avec l’entreprise pour doter à moyen terme la Garde côtière des brise-glaces dont elle a tant besoin.
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