Après l'avoir nié, le gouvernement irlandais a fini par le confesser: oui, nous avons besoin d'une aide financière extérieure. Combien? Nul ne le sait exactement, la santé financière de l'État et des banques évoluant dans le trou noir de la comptabilité. Chose certaine, à la faveur de la crise irlandaise, l'éventuel éclatement de la zone euro est évoqué.
C'est tout simple, la dette cumulée par l'Irlande, le déficit des comptes courants, le taux de chômage, le taux de rendement imposé aux obligations, le nombre de crédits hypothécaires en défaut de paiement et autres faits économiques se conjuguent tous avec abyssal. D'où la nécessité, voire l'obligation, pour le gouvernement d'envoyer un S.O.S. en direction du continent européen et du Fonds monétaire international (FMI). On le répète, après avoir mis la tête dans le sable pendant plusieurs semaines, Dublin a enfin adhéré au principe de la réalité.
Au milieu de la semaine dernière, une délégation d'experts du FMI, de la Banque centrale européenne et de l'Union européenne s'est rendue au chevet d'un malade perclus par un certain nombre d'irresponsabilités financières afin d'évaluer l'étendue des dégâts. Pour bien saisir combien l'étendue en question se confond avec l'ampleur, il suffira de rapporter ce constat du grand argentier irlandais: la somme des problèmes rencontrés par les banques a atteint une taille si énorme que l'État ne peut les gérer seul. C'est dire.
Le défi qui se pose aux Irlandais est d'une certaine manière, on dit bien d'une certaine manière, la divine surprise pour les prêteurs, l'Allemagne en tête et la France juste après. Cela fait des années que les dirigeants de ces deux pays sont irrités par la politique fiscale des entreprises que Dublin a arrêtée. En fixant à 12,5 % l'impôt des sociétés, l'Irlande a attiré les sièges sociaux de multinationales dont l'essentiel du chiffre d'affaires se fait bel et bien dans les gros marchés que sont l'Allemagne et la France.
De fait, il se dit et se redit que les prêts qui seront accordés à l'Irlande seront assortis d'une exigence: relever le niveau d'imposition afin de mettre une sourdine au dumping fiscal, mais aussi pour aller à la cueillette d'argent frais nécessaire au remboursement des prêts en question. Pour l'heure, les autorités irlandaises martèlent qu'il est d'autant moins question de modifier la loi sur l'impôt que donner satisfaction aux poids lourds du continent reviendrait à leur donner le droit d'amputer la souveraineté nationale. Et quand on sait combien l'Irlandais est très chatouilleux à cet égard...
Remarquez qu'actuellement, l'Irlandais n'est pas le seul à avoir la fibre nationale quelque peu aiguisée. On pense notamment, surtout, à l'Allemand qui, depuis le secours apporté à la Grèce, ne cesse de maugréer contre ceux qu'il considère comme les moutons noirs de l'Europe. Entre la Grèce hier, l'Irlande aujourd'hui, le Portugal demain, sans oublier l'Espagne, l'Allemand se considère comme le dindon de la farce.
À cause de la crise de l'euro, on assiste à une montée en puissance de l'anti-européanisme, des populismes et de la démagogie. En clair, il faut s'attendre à ce que la crise de l'euro se transforme en une crise politique majeure.
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