Crise en Islande : le Parlement décide de traduire l'ex-premier ministre en justice

Les pertes de 40 000 millions $ de la CDPQ n'appellent-elles pas les parlementaires québécois à exiger une enquête spéciale, un "rapport Vérité"?


Le Parlement islandais a voté mardi 28 septembre en faveur de la poursuite en justice de l'ancien premier ministre Geir Haarde pour "négligence" à l'époque de l'effondrement du système financier du pays en octobre 2008. Par une courte majorité, 33 voix pour et 30 voix contre, l'Althing s'est prononcé pour le renvoi devant la Haute Cour de justice (Landsdomur) de l'ancien chef conservateur du gouvernement islandais.
Agé de 59 ans, Geir Haarde, qui avait démissionné pour soigner un cancer en janvier 2009, juste après la tourmente financière qui avait mis à bas les banques islandaises, était arrivé au pouvoir en juin 2006 et avait été réélu en 2007 sous l'étiquette du Parti de l'indépendance (conservateur, eurosceptique).
Au moment de la démission de Geir Haarde, les Islandais, dont un grand nombre ont perdu leur emploi ou leurs économies, lui reprochaient de ne pas avoir pris la mesure de la crise suffisamment tôt, ce qui avait contraint le gouvernement à prendre le contrôle à la hâte des trois premières banques du pays, à court de liquidités. M. Haarde paie aussi son soutien inébranlable à l'impopulaire gouverneur de la banque centrale de l'époque, David Oddsson, artisan de la libéralisation du secteur financier dans les années 1990, lorsqu'il était premier ministre. En vertu de la loi islandaise, il risque jusqu'à un an de prison et une amende s'il est reconnu coupable de négligence.
"RAPPORT VÉRITÉ"
C'est une commission parlementaire qui avait recommandé à la mi-septembre des poursuites contre M. Haarde et trois de ses anciens ministres, une décision qualifiée à l'époque de "grand choc" par l'intéressé. La commission confirmait les conclusions d'un document dit "rapport Vérité" publié en avril par la Commission d'enquête spéciale (SIC), soulignant l'extrême négligence des principaux dirigeants politiques et des banquiers de l'époque dans l'effondrement du système bancaire islandais.
L'actuelle chef du gouvernement islandais, la sociale-démocrate Jóhanna Sigurðardóttir, qui avait appelé à ne pas renvoyer devant la justice son prédécesseur, a voté contre le renvoi de Geir Haarde mardi. "Je ne pense pas qu'il faille le traduire en justice, ni lui ni quiconque d'autre", a déclaré Mme Sigurdardottir à la télévision islandaise RUV peu après le vote. "C'est le résultat, et il va falloir faire avec", a-t-elle ajouté. Le numéro deux du gouvernement, le ministre des finances, Steingrímur Jóhann Sigfússon, du parti Gauche-Verts, a quant à lui voté pour.
Le Parlement a en revanche voté contre le renvoi devant la justice de trois anciens ministres de M. Haarde, la sociale-démocrate Ingibjörg Sólrún Gísladóttir, ancienne chef de la diplomatie (34 non, 29 oui), Árni M. Mathiesen, ancien ministre des finances (32 non, 31 oui), et Björgvin G. Sigurðsson, ancien ministre du commerce (35 non, 27 oui, une abstention).


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