Crise du pétrole en fin de session

Le gouvernement a tenu les députés éveillés toute la nuit pour faire adopter son controversé projet de loi

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Coup de force. Au moyen d’un bâillon, le gouvernement libéral a retenu les élus à l’Assemblée nationale toute la nuit pour adopter à toute vapeur un projet de loi « propétrole » contesté.

L’élue solidaire Manon Massé a refusé de prendre part à cette « mascarade libérale ». Avant de rejoindre des protestataires rassemblés sur la colline parlementaire, elle a reproché aux élus libéraux de continuer à faire la sourde d’oreille, et ce, quatre jours après avoir échoué au test des élections partielles. « Notre premier ministre disait lundi soir [qu’]il était prêt à se mettre “en mode écoute”. Eh bien, si sa réponse, c’est un bâillon, c’est une drôle de façon d’écouter », a-t-elle lancé.
Les témoignages de misère humaine aggravée par les compressions s’empilent
- Jean-François Lisée, chef du Parti québécois


Le premier ministre Philippe Couillard s’est couché « dans le lit du lobby pétrolier », a fait valoir le chef de l’opposition officielle, Jean-François Lisée. « On est au début du crépuscule de ce régime libéral », a-t-il ajouté.

Le gouvernement libéral cherche à dissiper cette impression à tout prix. Prorogation assortie d’un discours inaugural, remaniement ministériel d’envergure : la machine à rumeurs s’est emballée au fil des derniers jours. M. Couillard a tenté de la stopper à l’approche de la suspension des travaux parlementaires. Il a dit à demi-mot que les ministres Gaétan Barrette, Sébastien Proulx et Hélène David seraient épargnés par un éventuel remaniement ministériel, puisque la « stabilité du leadership est importante » en matière de santé, d’éducation et d’enseignement supérieur. D’autre part, il a réitéré sa confiance à l’égard de l’ensemble des membres du Conseil des ministres, à commencer par Stéphanie Vallée, qui a été accusée de toutes parts d’avoir tardé à allouer des ressources additionnelles pour mettre fin à la crise des délais en matière de justice criminelle. « Elle a été traitée injustement », selon lui.
Le problème, ce n’est pas le nombre d’emplois, c’est la qualité des emplois
- François Legault, chef de la Coalition Avenir Québec


Le chef du PQ n’arrive pas à croire que le gouvernement libéral puisse prochainement proroger l’Assemblée nationale pour « faire semblant » de « recommencer à zéro » après une première moitié de mandat marquée par de douloureuses « compressions » budgétaires. « Les témoignages de misère humaine aggravée par les compressions s’empilent. Le premier ministre dit : “Continuez à couper”, a dénoncé M. Lisée. Pour moi, ce qu’il a fait déjà est inexcusable. »

«Aveu d'échec»

La prorogation de l’Assemblée nationale — qui rendrait normalement caduc tout projet de loi n’ayant pas encore été adopté, y compris ceux déposés par le ministre Gaétan Barrette vendredi — constituerait un terrible aveu d’échec de la part du gouvernement libéral, est d’avis le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault. « M. Couillard nous dit : “J’ai manqué mon coup.” »

Il a de son côté promis de continuer à arrimer le programme de sa formation politique aux préoccupations de la classe moyenne. « Si on veut éviter le dérapage à la Donald Trump, un, il faut mieux intégrer les immigrants, deux, il faut mieux comprendre que la classe moyenne est actuellement étouffée », a-t-il souligné, reprochant à la fois à M. Couillard et à M. Lisée de « regarder de haut » la population.
Si sa réponse, c’est un bâillon, c’est une drôle de façon d’écouter
- Manon Massé, députée de Québec solidaire


M. Legault a cependant convenu de la nécessité d’huiler la machine électorale de la CAQ pour chasser du pouvoir le « gouvernement usé, usé, usé » de Philippe Couillard à l’automne 2018.

M. Couillard s’est défendu d’avoir « sauvé le Québec… du désastre financier » vendredi. Il a insisté sur la gravité de la crise des finances publiques qui sévissait au moment où il a pris les commandes de l’État, en avril 2014. Le gouvernement libéral a certes fait des « choix difficiles » pour résorber le déficit, mais « vous, qu’est-ce que vous auriez fait avec 7 milliards de dollars dans le trou ? » a-t-il demandé lors d’un point de presse.
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