Cri du coeur de militantes à la défense de la laïcité de l'État

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Benhabib : « À l'instar de ces grandes démocraties, le Québec peut-il encore choisir pour lui-même ? »

Pour ces femmes, le Québec doit absolument éviter que la religion s'immisce au sein des institutions publiques.


Voici la ou les sources de cet article : Assemblée nationale du Québec #1 et #2Voici la source de la photo : Simon Villeneuve, Wikimedia, CC BY-SA 3.0


Mardi, des intervenants ont eu l'occasion de s'exprimer à l'Assemblée nationale lors des consultations particulières et auditions publiques portant sur le projet de loi 21 sur la laïcité de l'État. Parmi ceux-ci se trouvaient Djemila Benhabib et Louise Mailloux, deux représentantes du mouvement collectif citoyen pour l'égalité et la laïcité, qui n'ont pas manqué de souligner l'importance que revêt cette initiative caquiste pour la société québécoise.


Même si elle estime que cette mesure législative est trop « timide » et « minimaliste », Mme Mailloux a rappelé que « ce projet de loi constitue une avancée significative par la protection juridique qu'il va apporter à la laïcité ». « En incluant les enseignants, ce projet de loi souligne que l'école n'est pas une institution publique comme les autres et atteste de l'importance de la laïcité scolaire pour l'avenir de notre société », a-t-elle ajouté pour marteler le caractère sacré de l'éducation.


Bien qu'on puisse passer une bonne partie de notre vie sans être contraint de visiter un hôpital, sans aboutir en prison ou encore passer devant les tribunaux, ce n'est pas le cas pour l'école, a soutenu Mme Mailloux. C'est ce qui explique, selon ses dires, « l'importance d'accorder à la liberté de conscience des élèves une protection toute particulière en interdisant toute forme de prosélytisme religieux, comme celui du port de signe religieux par les enseignants ».


Mme Benhabib, quant à elle, a profité de la tribune pour affirmer qu'« il n'existe pas un droit à l'exhibitionnisme religieux dans la fonction publique ». D'ailleurs, elle n'a pas hésité à déclarer qu'il était « troublant de constater [que] des alliances totalement improbables [s'étaient formées] entre des intégristes notoires et certains de nos intellectuels et de nos députés qui font front commun contre le projet de loi ».


Pour appuyer ses propos, elle a cité en exemple une conférence organisée par Ali Sbeiti, un membre du Hezbollah du Centre communautaire de Montréal, à laquelle Charles Taylor a participé en compagnie des députés Ruba Ghazal de Québec solidaire et Frantz Benjamin du Parti libéral du Québec.


Mme Benhabib a enfin avancé que plusieurs législations européennes avaient déjà emboîté le pas dans le sens de la laïcité de l'État. « À l'instar de ces grandes démocraties, le Québec peut-il encore choisir pour lui-même ? » : voilà la question qu'elle a posée pour mettre en exergue la profonde dichotomie qui sépare le multiculturalisme canadien et le modèle du Québec.