Course au PQ: ne pas trop tarder*

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Tout ce qui traîne se salit

*Je reproduis ici ma chronique du dimanche 27 avril dans le JdM.
Le consensus semble lentement s’installer au Parti Québécois: la course à la direction ne serait pas urgente. Il faudrait éviter de s’y jeter avec précipitation. La raison officiellement donnée? Le PQ devrait d’abord examiner en profondeur les causes de se déroute du 7 avril et mettre à jour son programme avant de choisir le chef qui le portera. D’abord les idées, ensuite le chef.
Évidemment, il faut laisser retomber la poussière électorale. On y verra peut-être le signe d’une grande vertu, d’une grande sagesse. Il faudrait d’abord mener un grand débat chez les souverainistes pour savoir si la lutte vaut la peine de se poursuivre. Il faudrait en mener un autre sur les orientations sociales du PQ. Et sur sa vision de l’identité. Et ainsi de suite.
Ce qui manque, ici, c’est le réalisme. S’il y a un grand débat à mener au PQ, c’est à travers la course à la chefferie qu’il se fera. Et cette course sera avortée si elle se tient dans les limites d’un programme déjà défini et minutieusement rédigé, auquel les candidats à la chefferie devraient porter allégeance, comme s’il s’agissait d’une bible.
Un chef doit assumer son programme. C’est la seule manière pour lui d’être convaincant. Car la politique n’est pas une activité désincarnée. La même idée, portée par des personnes différentes, ne donne pas les mêmes effets. Cela ne veut pas dire que les militants ne comptent pas. Au contraire. Mais c’est dans le choix du chef qu’ils exerceront vraiment leur pouvoir.
Le PQ pourrait ressortir de cette course profondément transformé. Remettra-t-il clairement de l’avant l’article 1? Si oui, une telle stratégie exigera du temps pour porter ses fruits. Cela impliquerait qu’il travaille l’opinion publique en profondeur. S’il met l’indépendance en veilleuse, proposera-t-il de nouvelles négociations constitutionnelles?
Le PQ cherchera-t-il à se présenter comme une grande coalition de nationalistes de gauche et de droite, ou s’ancrera-t-il pour de bon dans une social-démocratie plus ou moins traditionnelle? Cette question est évidemment centrale alors que le mandat libéral sera visiblement consacré au redressement des finances publiques et à la révision à la baisse du modèle social québécois.
Ces différentes options sont présentes parmi les candidats supposés à la chefferie. Entre Pierre-Karl Péladeau, Bernard Drainville, Jean-François Lisée, Véronique Hivon, Alexandre Cloutier et Sylvain Gaudreault, on devine des différences substantielles. Ils ne seront probablement pas tous candidats. Mais ils incarnent déjà chacun une vision différente du PQ et de la souveraineté.
Il y a une dernière raison de ne pas trop retarder l’élection de son prochain chef. Derrière la course à la chefferie au PQ, une autre se joue: celle entre le PQ et la CAQ pour savoir lequel des deux sera le principal parti nationaliste. Et lequel des deux sera la véritable opposition officielle pour les années à venir. Si le PQ ne veut pas être déclassé, il devra s’y mettre rapidement.


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