État de conscience

Course à la chefferie du PQ

Intuition de discrimination

Tribune libre

D’emblée, je vous ferai une confidence. J’appuie Martine Ouellet dans la course à la chefferie du Parti Québécois. Elle s’engage à tenir un référendum sur l’indépendance du Québec pendant le premier mandat d’un gouvernement péquiste. C’est clair. Aucune tergiversation. Nous pourrions supposer qu’en tant que chef, elle irait en élections en exposant cette clarté indépendantiste aux Québécois-ses.

État de conscience

Bon. Vous me direz : « Oui, mais l’indépendance n’est pas nécessairement synonyme de référendum et vice versa. » Bien sûr, l’accession à l’indépendance politique peut se faire de moult façons. Au Québec, le référendum semble toutefois inévitable et Martine Ouellet le propose sans équivoque. « Oui, mais comme dirait l’autre, le référendum n’est qu’une modalité… tsé… »

Il n’est pas qu’une modalité, il est un engagement.

« Oui, mais il faudra s’assurer de le gagner cette fois-ci sinon le Québec disparaîtra automatiquement de la surface de la Terre le lendemain d’un NON. »

Que proposez-vous alors?

« Eh bien, nous pourrions nous assurer d’une mobilisation citoyenne en faisant signer un registre national d’un million de Québécois-ses. Ce registre serait conditionnel à la tenue d’un référendum. »

Donc vous voulez demander aux Québécois-ses la permission – après avoir été élu démocratiquement — de tenir un référendum sur l’indépendance du Québec, c’est ça?

Il y a tant de façons de faire.

« Nous pourrions tenter une réforme du fédéralisme canadien et, si ça ne fonctionne pas, nous tiendrions un référendum sur l’indépendance du Québec. »

Hum…

« Ou sinon, nous pourrions proposer un référendum sur l’indépendance du Québec à notre deuxième mandat, soit en 2022 et prendre le premier mandat pour préparer le terrain. »

D’accord et qu’est-ce qui vous dit que vous obtiendriez deux mandats d’affilés?

Martine Ouellet est limpide. Je paraphrase : « Élisez-moi et je vous garantis que le Parti Québécois tiendra un référendum sur l’indépendance du Québec dans un premier mandat. »

Après tout, le ou la chef d’un parti indépendantiste devrait, à chaque élection, s’engager concrètement à réaliser l’indépendance de son pays. C’est ce que j’aime de cette femme. Voilà pourquoi je l’appuie.

Intuition de discrimination

Quelque chose me chicote par contre. « Martine Ouellet? Oui. Beaucoup de talent. Je l’aime bien. Elle fera une excellente ministre de l’environnement dans un gouvernement PKP. »

Sous-texte : « Elle sera une excellente soubrette dans l’administration de Monsieur. »

Moi, je trouve qu’elle a l’étoffe d’une leader. « Iiiish, elle ne passe pas. Il y a quelque chose qui fait qu’elle ne passe pas. »

Sous-texte : « Nous avons eu une femme première ministre pendant 18 mois et ce fut une catastrophe. »

Touché! C’est une femme. Martine Ouellet est une femme. « Hein? Une femme? » Oui, une femme.

Musique d’épouvante!

Pensons-y un instant. Dirions-nous à quelqu’un nous vantant les mérites de Bernard Drainville : « Bernard Drainville? Oui. Beaucoup de talent. Je l’aime bien. Il fera un excellent ministre du report du déficit zéro dans un gouvernement Ouellet. »

Ou bien : « Alexandre Cloutier? Oui. Beaucoup de talent. Je l’aime bien. Il fera un excellent ministre du registre national dans un gouvernement Ouellet. »

Non. Nous argumenterions et nous tenterions d’exposer pourquoi notre candidat-e serait le meilleur choix.

Il est très dommage de constater qu’en 2015, au Québec, lieu du soi-disant progrès de l’égalité homme femme, il y ait encore cette exposition de clichés politiquement genrés où les seuls grands leaders ne pourraient qu’être des hommes. Pourtant, il y a de grandes femmes, en ce moment, qui tiennent leur pays à bout de bras. Je pense, entre autres, à Angela Merkel en Allemagne, à Helle Thorning-Schmidt au Danemark et à Dilma Vana Rousseff au Brésil. Toutes des femmes d’envergure gouvernant des pays ayant un poids politique extrêmement important à l’échelle mondiale.

Autre chose.

Je suis cette course à la chefferie depuis le tout début avec beaucoup d’attention et d’assiduité et je remarque, comme vous tous, que les candidats-es n’ont pas tous et toutes la même couverture médiatique. En automne, la majeure partie des aspirants-es à la direction du PQ s’était dit irrité par la trop grande couverture accordée à Pierre-Karl Péladeau. Il est vrai que ce dernier hérite de la plus grande part du marché médiatique depuis le début de cette course.

Comme l’a affirmé Jean-François Dumas, président d’Influence Communication, lors d’une entrevue accordée à Benoît Dutrizac au 98,5 FM le 9 février 2015, le parti politique ayant la plus grande couverture médiatique lors d’une élection est, la plupart du temps, celui qui formera le prochain gouvernement. Ce serait la même chose pour une course à la chefferie.

Martine Ouellet était l’une des premières à se lancer dans la course. Elle bénéficiait à ce moment d’une couverture médiatique convenable, mais au fur et à mesure que d’autres s’ajoutaient – en fait que la course se masculinisait par l’ajout de ces messieurs – Mme Ouellet perdait soudainement l’intérêt des médias.

Pourquoi?

Elle a pourtant un curriculum vitae démontrant des compétences plus qu’intéressantes, son programme de campagne est captivant et novateur et, en entrevue, elle s’avère être une femme sympathique, intelligente et inspirante. Le 1er février, son lancement officiel de campagne fut très médiatisé. Vrai. Mais c’était un lancement. Les médias n’avaient d’autres choix que d’y être.

Pourquoi alors?

Les médias feraient-ils preuve de discrimination? Peut-être bien. « Oui, mais les journaux veulent vendre de la copie. » Les journaux ne pourraient pas en vendre en couvrant équitablement tous les candidats? Il serait plus rentable médiatiquement de couvrir un homme puissant plutôt qu’une femme intelligente? Laissez-moi en douter.

Mes constats ne sont que des intuitions, me direz-vous. Il n’y a rien de scientifique à « présumer » que les femmes ne recevraient pas le même traitement médiatique que les hommes. Il n’y a rien de scientifique à « ressentir » que les Québécois-ses seraient plus attirés-ées par UN leader que par UNE leader. Vrai. Mais la situation est tout de même palpable. De simples intuitions ont parfois mené à de grandes découvertes scientifiques. Et cette découverte n’est pas de moi. Je ne fais que la réaffirmer. Le monde politique et médiatique ne traite pas les femmes de la même façon que les hommes.

Devinez-vous qui a le dessus? Poser la question c’est y répondre.


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9 commentaires

  • Lise Reid Répondre

    19 mars 2015

    Ce n'est pas une question de genre mais de convictions et de discours pertinents.
    Laissez-nous tranquilles avec le référendum vrai piège à cons. C'est l'indépendance
    que nous voulons et en entendre parler surtout. C'est ce que fait PKP. D'ailleurs
    c'est sur lui que se déchaînent les fédéralistes pas sur les autres candidats car ils
    savent qu'avec lui l'indépendance est possible , ce qui les rend plus haineux que
    jamais.

  • Fernand Lachaine Répondre

    19 mars 2015

    Vous savez, personne ne donne madame Ouellet gagnante. Et même si elle gagnait la course à la chefferie, elle ne récolterait qu'environ 20% des votes dans des élections générales.
    De plus, suite à conversation sur Internet, il a été décelé que certains fédéralistes ont pris leur carte de membre du PQ pour voter pour tous les candidats sauf PKP dans l'espoir qu'il perde car lui seul peut gagner contre le PLQ.
    Alors ceux qui veulent tout simplement l'indépendance, et au plus maudit, vont voter pour PKP. Point à la ligne.
    Faut dire les choses comme elles sont.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 mars 2015

    Que le Québécois est compliqué. se créer des barrières exprès pour, en fait, s'empêcher de devenir indépendant. Nous avons un extraordinairement mauvais souvenir des référendums. Vous voyez actuellement comment les libéraux fonctionnent? Il n'y a absolument plus aucune morale qui tienne. Ils font n'importe quoi et ils vont tout faire pour faire foirer un tel exercice. En attendant, le Parti Québécois se chicane à l'interne et on se salit allègrement, surtout PKP au lieu de faire comme ce dernier et aller vers la population. Les libéraux sont morts de rire et Martine Ouellet, tout ce qu'elle trouve à dire pour se faire élire est de proposer un référendum au premier mandat. Du bonbon encore pour les libéraux, encore un jeu de zizanie pour que nous soyons sûrs de perdre, encore et encore. Quand je vois, au PQ, tout ce gâchis digne d'une cour d'école du primaire, je perds toute illusion sur notre avenir. Actuellement, il n'y en a qu'un qui soit sérieux, les autres défendent leur petit égo, griffes et ongles acérés, éloignant à leur manière le but, le seul qui pourrait assurer notre SURVIE, l'indépendance. Ça ne se fera jamais avec une bande d'ados indisciplinée qui veulent tous être le chef, une guerre des tuques à la moderne. Qui a sali Pierre-Karl Péladeau au départ? Un Libéral?...non, un péquiste, sans nécessité, on se fait hara-kiri. Il voulait lui aussi être chef alors quand il a vu que ça ne pouvait fonctionner, il a tenté de descendre Pierre-Karl. Belle mentalité!...toujours né pour un p'tit pain, n'est-ce pas?

  • Archives de Vigile Répondre

    19 mars 2015

    Vous êtes sûrement un fédéraliste atteint de référendélite, c-à-d, pour diviser les Québécois, pour leur faire peur? Le Québec est libre depuis 1982, il n'a qu'à officialiser le pays par une déclaration unilatérale d'indépendance point à la lettre. NOUS DEVONS RIEN À OTTAWA, est-ce assez clair? Trudeau a-t-il tenu un référendum après avoir rapatrié unilatéralement la constitution "canadian", en 1982, SANS L'ACCORD DU QUÉBEC ET SANS RÉFÉRENDUM? WAKE UP MAN!
    André Gignac 19/3/15

  • Archives de Vigile Répondre

    19 mars 2015

    Course à la chefferie.
    PKP qui prends la réalité à bras le corps sur les enjeux démographiques et d'immigration et qui se fait amoindrir par ses concurrents provincialistes d'une part et rabrouer évidemment par ses adversaires politiques. Il faut écouter le dictateur Barette accuser le PQ de se rapprocher du front national, il faut le faire.
    La radio Canada et Power qui se relaie le drapeau à qui mieux mieux sur le soi disant malaise créé par PKP. Selon Madame Bazzo et Madame Chantal Hébert, M.Péladeau se serait mis le pied dans la bouche alors qu'il ne fait rappeler que peu de jeunes appuie le PQ et que les immigrés sont aux abonnés absents ce qui est la réalité et représentent un défi. Mathieu Bock Côté a invité M.Cloutier a laissé son comté pour venir prêcher dans un comté de l'ouest de Montréal. Refus de nommer les vrais enjeux et contorsion pour faire dire que PKP est contre les immigrés

  • Archives de Vigile Répondre

    18 mars 2015

    Monsieur Éric D Alo,
    Bien que je trouve vos propos quelque peu méli-mélo, je vous remercie pour votre article puisque vous provoquez une certaine interrogation quant à la ligne et la cohérence de votre pensée.
    À propos de la teneur, et du moment précis d'un référendum, il me semble que vous vous enfargez dans les fleurs du tapis en comparant les déclarations, aurait dit ma grand-mère bien-aimée. En effet, l'importance démesurée accordée à ce point de détail dépasse outrageusement celle qui devrait l'être pour l'essentiel: l'indépendance du Québec, ses bienfaits, et les actions à poser dans tous les domaines pour le bien-être de tous les citoyens.
    Concernant le sexisme, votre bouillabaisse se réduit à un exposé extravagant d'une légèreté déconcertante.

  • François A. Lachapelle Répondre

    18 mars 2015

    J'aime l'idée d'un 3e référendum initié par le Québec à la condition d'apprendre surtout du 2e référendum que j'estime avoir été volé par les fédéralistes surtout par la remise de certificats de citoyenneté par plusieurs dizaine de milliers d'exemplaires dans les mois qui ont précédé le jour J, le 30 octobre 1995.
    Il faut aussi changer la loi référendaire pour retirer un droit de vote à des canadiens non-résidents qui peuvent déclarer sur l'honneur qu'ils ont l'intention de revenir vivre au Québec dans les 2 prochaines années, critère aucunement vérifiable parce que réalisable après le jour du vote.
    Il faut aussi instaurer la carte d'électeur avec photo sans voile islamique ou turban. La ceinture fléchée est tolérée autour de la taille laquelle ne paraîtra pas sur la photo avec plan étatsunien.
    De plus, il faut légiférer sur l'annonce de résultat final et officiel du vote avec au moins deux conditions: a) le privilège du résultat final annoncé sur les ondes des diffuseurs publics est réservé au Président des élections et non aux annonceurs à la Bernard DEROMME "si la tendance se maintient...". ET b) le résultat final et officiel ne peut être dévoilé avant une vérification croisée des électeurs avec la liste de la carte d'assurance maladie du Québec.
    Il faut surtout comprendre qu'un référendum mené par le Québec lui donne, en plus d'une crédibilité internationale, un pouvoir de négociation qui ébranle la certitude du Canada anglophone. Imaginez: le Québec sorti du Canada signifie un glissement honteux du Canada hors du G-8 et du G-20: quel déshonneur ! Disons-nous le: le Canada a tout à perdre d'une sécession du Québec et le Québec a tout à gagner en jouant habilement ses cartes.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 mars 2015

    Après s'être fait collé les étiquettes de racistes, d'intolérants, et de xénophobes, nous voilà maintenant sexistes.
    N'en rajouter plus, la cour est pleine!

  • François Ricard Répondre

    18 mars 2015

    Placer un référendum dans le programme électoral, c'est s'assurer que, pendant trente-cinq, on n'entendra parler que de référendum.
    Il faut éviter ce traquenard.
    Pourquoi ne pas renvoyer la balle au fédéralistes: si vous en voulez un référendum, demandez-le. Nous pourrons alors négocier.
    Les fédéralistes ont réussi à diaboliser l'idée de référendum. Surtout un référendum sur l'indépendance.
    Il y a divers moyens de se rendre à l'indépendance:
    ---ce peut-être par les armes
    ---ce peut-être par un putsch
    ---ce peut -être par une élection référendaire
    ---ce peut-être par un référendum.
    ---ce peut être à l'amiable
    Le PQ a dit qu'il s'y rendrait de façon démocratique. Ce qui élimine les deux premiers.
    Reste les trois autres,
    Si les fédéralistes insistent sur un référendum, c'est à eux d' en faire la demande. Le PQ pourra alors accepter d'en tenir un après en avoir négocié le déroulement.
    Mais dès la prise du pouvoir, rien n'interdit au PQ de poser des gestes qui mèneront l'indépendance: rapatriement du rapport d'impôt; une charte de laicité;etc...