Cours commandé par les banques au secondaire (1 de 2)

05796d59209f1a83527a485f786c2a03

«Les ignares du PLQ au pouvoir»





La mainmise des banquiers dans tout


Je vous l’ai toujours dit, le patronat en général et les institutions financières mènent et gèrent le monde par le biais de leurs politiciens commandités. Ils imposent leur vision du monde, tant en matière d’éducation, de mondialisation, de fiscalité, de prix des produits et services, de rémunération des travailleurs ordinaires, etc.


Ils commandent, car il n’y a plus de rapport de force entre eux et les autres. Et toujours plus de pouvoir leur est accordé par leur milice politique. Aujourd’hui, des centaines de compagnies sont plus grosses que les Etats-Unis. Malgré tout leurs politiciens militent pour toujours plus de privés et moins d’États.


Ils veulent payer moins d’impôts et de taxes, ils l’ont obtenu. Ils exigent moins de services publics, on a alors appliqué des mesures d’austérité. Moins de biens collectifs, on leur a donné pour pratiquement rien nos sociétés d’État. Ils exigent de commercer partout dans le monde sans aucune entrave législative.


Même avec la complicité des gouvernements, ils ont eu leurs traités de libre-échange négociés par eux-mêmes en catimini et à l’abri des intrus de tout acabit. Ils tiennent à leurs paradis fiscaux, pas de problème, même que nos élus s’y adonnent eux-mêmes allègrement. Déréglementer le marché du travail, affaiblir les syndicats avec au programme la sous-traitance, les partenariats publics-privés, la délocalisation, la venue au pays de travailleurs étrangers, beaux, bons et pas chers, les politiciens leur a accordés grâce à de bonnes séances intensives de propagandes «éducatives» qui font croire à la création de richesse, pour tous bien évidemment.


 


Cours obligatoire «d’éducation» financière au secondaire


Il y a eu au secondaire un cours d’éducation financière optionnel, mais les patrons ont exigé du Parti libéral du Québec, leur filiale politique, qu’il soit rendu obligatoire. Un cours d’éducation financière qui s’assimile plus à de la propagande en bonne et due forme : «Secondaire. L’économie prendra le pas sur les enjeux mondiaux» et «Éducation. Le prix à payer pour introduire un cours d’économie. Amputer le Monde contemporain ou retrancher des cours à option, le choix sera douloureux» (Le Devoir, 17 et 15 décembre 2016). Choix pas si douloureux que ça pour les banquiers et leurs croisés politiques.


Au moins, si c’était un vrai cours d’économie où l’on enseignerait aux jeunes de 5e secondaire les tenants et aboutissants des systèmes capitalistes et socialistes et qui ferait une rétrospective des grands penseurs allant de Karl Marx à Adam Smith. Mais non, il s’agira d’un petit cours aliénant dans lequel on apprendra aux jeunes les mérites des abris fiscaux pour riches (REER, REEE, CELI, mais dans lequel il sera interdit de parler de paradis fiscaux) et de la nécessité de préparer des budgets même pour les familles ordinaires et pauvres afin de leur montrer à vivre avec peu tout en les bombardant de publicités incitant à une consommation débile. Faire plus avec moins, grâce à un bon budget informatisé.


 


Les gens ne sont pas dupes


Bizarre! Le patronat qui milite en tout temps pour une totale liberté de commerce et qui prône la liberté individuelle veut rendre obligatoire un cours de zizine financière qui était déjà optionnel. Même le grand prêtre instigateur de ce cours en techniques financières, le lucide banquier L. Jacques Ménard de la Banque de Montréal, l’a affirmé en toute candeur : «L’éducation financière n’est pas une priorité pour les Québécois» (Le Devoir, 17 avril 2013). Alors, si les Québécois n’en veulent pas, pourquoi dans ce cas leur imposer cette niaiserie?


Les parents préfèrent, avec raison, un cours de sensibilisation aux grands enjeux mondiaux actuels pour les enfants plutôt qu’un petit cours de recettes financières. Hélas, ce n’est pas ce que veut le patronat et, par ricochet, leurs élus et leurs universitaires attitrés.


 


L’argument-choc du ministre de l’Éducation


Ah ben, pour vous convaincre de l’utilité et de l’urgence à rendre obligatoire ce cours de «littératie»  financière à nos étudiants d’à peine 17 ans du 5e secondaire, le nouveau ministre libéral du l’Éducation, Sébastien Proulx, pas mieux que les précédents François Blais et Yves Bolduc qui ne connaissent rien à l’éducation, nous a largué cet argument époustouflant : «L’un des premiers dangers (sic) qui guettent un jeune de 16-17 ans, c’est son contrat de téléphone cellulaire. On va outiller (sic) nos jeunes pour s’assurer qu’ils puissent faire face à la musique (sic) quand ils seront adultes» (Le Soleil, 4 octobre 2016).


Il aurait été plus simple et plus logique de modifier la législation pour ne pas que nos jeunes et moins jeunes se fassent arnaquer continuellement par les compagnies. Me semble! Mais non, on ne touchera pas aux lois commerciales, on va juste «sensibiliser» nos jeunes aux traquenards du privé. Bravo!


Aie, tout un exemple cité par le ministre de l’Éducation qui porte sur l’achat et la location d’un cellulaire. Oui, oui, d’un cellulaire à 15-16 ans. Un jeune de cet âge a-t-il vraiment besoin d’un cellulaire, devenu pour le ministre un bien essentiel? Et ses parents ne sont pas là pour l’aider dans ce choix «déchirant»?


Pour le PLQ, il est plus important d’éduquer nos jeunes sur le cellulaire que sur les enjeux mondiaux. Et si le jeune a appris dans ce cours de première nécessité à préparer un budget serré et à mieux contrôler ses dépenses, que fera-t-il alors avec cet écart défavorable de budget causé par l’achat du téléphone? Il pourra toujours couper dans le superflu comme on le propose aux adultes et à trancher dans les dépenses «flexibles» comme la nourriture et faire usage de lait et de patates en poudre. Ben effrayant et on les laisse faire à leur guise. Tant qu’à implanter des cours obligatoires très «pratiques» qui vont servir concrètement à tous les jeunes du secondaire, pourquoi pas des cours de cuisine, de mécanique, de bricolage, de conduite automobile, etc.? Ainsi, on pourra retrancher de leur programme de formation des cours de type «pelleteux de nuages» comme la philosophie, l’histoire et la sociologie.


Comme dirait l’humoriste Yvon Deschamps, ces cours relevant de disciplines molles et humides, qu’ossa donne dans la vie «pratique» de tous les jours?


 


Éducation : les ignares du PLQ au pouvoir


Monsieur le ministre libéral de l’Éducation Sébastien Proulx, au lieu d’être toute oreille tout le temps aux doléances des banquiers et de son lieutenant en chef, L. Jacques Ménard de la Banque de Montréal, qui imposent leur vue archaïque de l’Éducation, pourquoi ne pas consulter par exemple des personnes comme madame Lise Bissonnette qui a été, entre autres, rédactrice en chef du Devoir et directrice de la Grande Bibliothèque du Québec?


Et aussi Normand Baillargeon, professeur d’éducation retraité? En passant, puis-je recommander très fortement à M. Proulx - ça devrait être un «must» pour lui - de lire l’excellente entrevue de Lise Bissonnette menée par le chroniqueur Jean-François Nadeau du Devoir (1er décembre 2016) et intitulée : «L’éducation devrait être une démarche pour arriver à une compréhension du monde».  Pas une compréhension technique de la location d’un cellulaire, de l’achat d’un régime enregistré d’épargne-retraite (REER), du choix de sa carte de crédit bancaire, etc.


 


Des énormités larguées par des ministres libéraux


En passant, on dit souvent que les professeurs et les diplômés universitaires ne savent pas écrire. Alors, pourquoi ne pas instaurer au secondaire plus de cours de grammaire et de français au lieu d’imposer de vulgaires cours de gadgets et de trucs financiers?


Et tant qu’à y être dans les cours «d’éducation» financière imposés par les institutions bancaires, pouvons-nous parler de choses concrètes que les banques connaissent vraiment et qui affectent le bien-être de nos jeunes, comme l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux des banques, des options d’achats d’actions accordées aux banquiers qui font que la moitié de leurs salaires de millions de dollars n’est pas imposée du tout?


Et dans ce cours, va-ton expliquer aux jeunes le pourquoi de la montée des inégalités économiques à des niveaux records et comment faire pour les atténuer? Et aussi va-t-on dire aux jeunes employés bancaires mis à pied, même en temps de profits records, quoi faire? Quels sont leurs droits?  Et va-t-on épiloguer sur les taux d’intérêt abyssaux sur les cartes de crédit?


Moi je dis que les libéraux du Québec sont un danger public en éducation et dans d’autres domaines. Faut surtout pas les laisser faire.


Tiens, par exemple, que pensez-vous d’un ministre de l’Éducation, François Blais, qui vient vous dire avec son front de bœuf que : «Investir maintenant dans l’éducation serait "maladroit" : Le ministre Blais croit qu’il faut d’abord rétablir les finances publiques» (La Presse, 3 octobre 2015)? L’ex-ministre libéral devrait, malgré son âge avancé, s’inscrire au nouveau cours obligatoire d’éducation financière où on va lui montrer que, pour équilibrer un budget, on peut couper dans les dépenses, mais aussi qu’on peut augmenter les revenus. Et puis, faudrait lui dire que, pour tout pays, l’éducation est un investissement et non une dépense qui procure des gains futurs importants.


Les Québécois ne sont pas dupes des politiques libérales des gouvernements Charest et Couillard : «Les Québécois jugent que l’école publique n’est pas une priorité pour le gouvernement libéral» (Le Devoir, 27 mai 2015). Alors qu’il y a tant de choses fondamentales à corriger dans notre système d’éducation, voilà que le PLQ est tout heureux de nous annoncer l’imposition, sous la pression des banquiers, d’un cours d’éducation financière, et ce très rapidement pour l’automne 2017 sans aucun débat public.


Comme ex-ministre folklorique de l’Éducation au Parti libéral du Québec, que dire du grandiose Yves Bolduc qui a accouché de ces perles d’ignorance :



  • -«Bibliothèques scolaires. Les écoles ont assez de livres, juge Bolduc» (Le Devoir, 22 août 2014). Donc, il encourageait les commissions scolaires à couper dans l’achat de livres. Il a même dit que moins de livres ne ferait pas mourir personne.

  • -«Augmenter la taille des classes ne nuira pas à la réussite scolaire. Bolduc défend les nouvelles mesures qu’il veut mettre en place dans le réseau» (La Presse, 16 décembre 2014). Très fort et très songé en matière de réussite scolaire.

  • -Après avoir coupé des centaines de millions dans les écoles publiques, le PLQ annonce que : «Les écoles privées gardent leurs subventions. Le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, renonce à réduire de 50% ou plus les subventions aux écoles privées» (La Presse, 30 octobre 2014). C’est connu, le PLQ préfère le privé dans tout, mais un privé subventionné de type B.S. corporatif. Les écoles privées subventionnées à 500 millions$ par année, en plus des millions accordés en déductions fiscales aux généreux donateurs à leurs fondations privées rattachées à leurs écoles privées.


 


Pour que l’école publique passe au travers les coupes sauvages, faut alors qu’elle fasse appel à la «philanthropie» du privé pour boucher quelques trous comme dans :



  • -«Populaires, les cours d’école commanditées» (Le Journal de Montréal, 13 avril 2005). Merveilleux, voici les nouvelles cours d’école «Chrysler» et «Burger King».

  • -«Des cours d’école payées par le privé» (La Presse 17 septembre 2008). Cette cours d’école est une gracieuseté de Walmart et de la Banque de Montréal.

  • -«Desjardins (pas Richard!) en milieu scolaire : altruisme ou racolage?» (La Presse, 25 janvier 2001). Moi, je dirais plutôt propagande et endoctrinement aux préceptes de la liberté de l’éducation marchande.


 


Mes amis, je vous invite, la semaine prochaine, à lire la deuxième partie de mon texte portant sur le fascinant cours d’éducation financière qui va éveiller nos enfants au merveilleux monde de la finance. J’espère que les professeurs au secondaire et leurs syndicats vont se battre fort contre ce coup de force imposé par les banquiers et leur milice politique au nom du mieux-être de nos jeunes qui passe par une formation plus sérieuse vraiment digne d’un système d’éducation publique.




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé